L’Encyclopédie/1re édition/TERRER un artifice

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TERRER un artifice, terme d’Artificier, c’est garnir la gorge du cartouche de poussiere de terre seche pilée & pressée, pour empêcher que le feu qui est fort, n’aggrandisse le trou du dégorgement, en brûlant le cartouche. (D. J.)

Terrer, (Jardinage.) c’est faire apporter de la terre dans les places creuses, ou dans celles que l’on veut élever.

Terrer une vigne, (Agriculture.) c’est l’amender par de nouvelles terres choisies, pour la rendre plus fertile.

La haute vigne, plantée dans les jardins, où la terre est ordinairement bonne d’elle-même, n’a pas besoin d’être terrée ; mais dans la moyenne vigne, le transport de terres lui est extrèmement nécessaire, sur-tout lorsqu’on voit que cette vigne ne donne plus que de chétives productions ; voici donc comme se fait le terrage des vignes.

On prend d’un endroit destiné à amender les vignes de la terre qui y est, qu’on porte dans des hottes plus ou moins grandes à un bout de la vigne, observant toujours que c’est à celui qui est le plus haut de la vigne qu’on doit la porter, à cause qu’elle descend assez dans le bas par le moyen des labours qu’on lui donne.

Lorsqu’on terre ces sortes de vigne, ou l’on ne fait simplement que des têtes tout du long de leur extrémité du bout d’en-haut, ou bien on les terre tout le long des perchées. Si ce ne sont que des têtes, on se contente de porter de ces terres destinées au bout d’en-haut, & commençant à faire une tête, on jette hottée de terre sur hottée, jusqu’à ce qu’il y ait un pié & davantage de hauteur, & douze piés de longueur, le tout également haut.

Si on terre les vignes tout du long des perchées, il faut que sur le haut de chacune, il y ait seulement une tête de la hauteur de terre qu’on a dit, & longue de quatre bons piés. C’est assez pour le reste que la terre soit mise le long de chaque perchée à l’épaisseur de quatre doigts. Une perchée étant terrée de cette maniere, on en recommence une autre. & on continue ainsi jusqu’à ce que l’ouvrage soit fini. Pour les vignes ruellées, on jette la terre que l’on porte dans les rigoles, les hottées distantes l’une de l’autre, autant qu’on le juge à propos. Ce travail se pratique depuis le mois de Septembre jusqu’au mois de Mars.

Il faut remarquer que dans l’une & l’autre espece de vigne, lorsqu’on a été obligé de faire des provins, & qu’il est question la seconde année qu’ils soient repris, de les terrer pour leur faire prendre des forces, on peut les terrer seuls & par trous, sans qu’il soit besoin pour cela d’attendre que la vigne où ils sont, demande qu’on la terre entierement. Toutes vignes qui ont été terrées, & où par conséquent la terre a été mise grossierement, doivent dès le premier labour qu’on leur donne, être labourées à uni, & fort profondément. Enfin, on remarquera qu’en terrant quelque vigne que ce soit, plus on s’approche du bas, moins on doit mettre les hottées de terre près les unes des autres, à cause que cette terre descend toujours. (D. J.)

Terrer l’étoffe, (Dégraisserie.) c’est la glaiser, ou l’enduire de terre à foulon. (D. J.)

Terrer du sucre, (Sucrerie.) c’est le blanchir pour en faire la cassonade blanche. Trévoux. (D. J.)

Terrer, se, v. n. (Vénerie.) il se dit des animaux qui se retirent dans des trous faits en terre, qui y vivent ou qui s’y réfugient contre la poursuite du chasseur.