L’Encyclopédie/1re édition/THERAPNE
THERAPNE, ou THERAPNÆ, ou THERAMNÆ, (Géog. anc.) ville du Péloponnèse dans la Laconie, au voisinage de la ville de Sparte. Pausanias, Lacon. c. xx. fait entendre que pour aller de Sparte à Therapné, il falloit traverser le fleuve Eurotas. Il donne à Therapné le titre de ville ; mais Suidas se sert simplement du nom de lieu & le scholiaste de Pindare, ode j. v. 43. en fait un village. Ce dernier ajoute, qu’il y avoit un temple dédié à Castor & Pollux. C’est à quoi Stace, Selvar. l. IV. carm. viij. v. 52. fait allusion dans ces vers :
Et vos Tyndaridoe, quos non horrenda Lycurgi
Taygeta ; umbrosoeque magis coluere Therapnae.
Ce même poëte, Thébaïd. l. VII. v. 793. parlant de Castor & de Pollux, les appelle Therapnœi fratres. Pindare & la plûpart des auteurs anciens qui ont parlé de ces deux jumeaux, racontent ce qui leur arrivoit de deux jours l’un à Therapné après leur mort. Jupiter, disent ils, ordonna qu’ils passeroient alternativement un jour dans le ciel, & un autre jour au-dessous de la terre ; c’est-à-dire, qu’ils se cacheroient sous l’hemisphere ; & c’étoit sous Therapné qu’ils se cachoient. Ainsi cette fiction poétique étoit mêlée à l’astronomie. Pour rendre une raison ingénieuse du lever & du coucher des deux étoiles appellées Castor & Pollux ; les anciens ont dit qu’elles sortoient de l’hémisphere inférieur du côté de Thérapné, qui est véritablement vers l’horison oriental de Lacédémone, & que par le mouvement diurne, elles s’élevoient à la plus haute partie du ciel. En effet, il ne s’en faut que de cinq à six degrés qu’elles ne soient véritables, & dans le zénith de Lacédémone.
Therapné étoit encore célebre, pour être le lieu où Diane avoit été adorée pour la premiere fois. On y voyoit un temple consacré à Ménélas, qui y avoit été enterré avec Hélene. Comme cette belle lacédémonienne y avoit été élevée, les poëtes l’ont appellé la nymphe de Therapné. On cherche envain le tombeau de cette belle nymphe, il reste à peine des racines de la ville même. (D. J.)