L’Encyclopédie/1re édition/TOPILZIN

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TOPILZIN, s. m. (Hist. mod. superstition.) c’est le nom que les Mexiquains donnoient à leur grand-prêtre ou chef des sacrificateurs. Cette éminente dignité étoit héréditaire, & passoit toujours au fils aîné. Sa robe étoit une tunique rouge, bordée de franges ou de flocons de coton ; il portoit sur sa tête une couronne de plumes vertes ou jaunes ; il avoit des anneaux d’or enrichis de pierres vertes aux oreilles ; & sur ses levres il portoit un tuyau de pierre d’un bleu d’azur. Son visage étoit peint d’un noir très-épais.

Le topilzin avoit le privilege d’égorger les victimes humaines que les barbares mexiquains immoloient à leurs dieux ; il s’acquittoit de cette horrible cérémonie avec un couteau de caillou fort tranchant. Il étoit assisté dans cette odieuse fonction par cinq autres prêtres subalternes, qui tenoient les malheureux que l’on sacrifioit ; ces derniers étoient vêtus de tuniques blanches & noires ; ils avoient une chevelure artificielle qui étoit retenue par des bandes de cuir.

Lorsque le topilzin avoit arraché le cœur de la victime, il l’offroit au Soleil, & en frottoit le visage de l’idole, avec des prieres mystérieuses, & l’on précipitoit le corps du sacrifié le long des degrés de l’escalier ; il étoit mangé par ceux qui l’avoient fait prisonnier à la guerre, & qui l’avoient livré à la cruauté des prêtres. Dans de certaines solemnités on immoloit jusqu’à vingt mille de ces victimes à Mexico.

Lorsque la paix duroit trop long-tems au gré des prêtres, le topilzin alloit trouver l’empereur, & lui disoit, le dieu a faim, aussitôt toute la nation prenoit les armes, & l’on alloit faire des captifs, pour assouvir la prétendue faim du dieu & la barbarie réelle de ses ministres. Voyez Vitziliputzli.