L’Encyclopédie/1re édition/TORRÉFACTION
TORRÉFACTION, s. f. (Docimastiq.) La torréfaction, ustulatio, en allemand rosten, consiste à séparer à l’aide du feu & de l’air, les matieres volatiles des fixes, pour avoir celles-ci seulement. C’est ainsi que l’on dissipe le soufre & l’arsenic de la plûpart des mines.
Le succès de la torréfaction est assez difficile à obtenir, quand le corps que l’on y soumet entre en fonte presque au même degré de chaleur qui est nécessaire pour dissiper sa partie volatile. Ces sortes de circonstances obligent donc 1°. de triturer grossierement le corps qu’on veut rotir, afin d’augmenter ses surfaces & d’occasionner une action plus multipliée de la part de l’air. 2°. de modérer le feu, crainte que la fusion n’ait lieu. 3°. de donner un libre accès à l’air, comme étant le véhicule des vapeurs. 4°. de répéter la trituration, au cas que le corps soumis au rotissage vienne à se grumeler. 5°. de l’étendre en une couche mince. Les corps réfractaires sont bien plus aisés à torréfier : on peut leur donner tout d’abord un grand feu, & l’on n’est pas tenu de les broyer si souvent, & de recommencer le grillage. Lorsque l’on a à torréfier un corps qui se fond au degré de feu qui dissipe sa partie volatile, on abrege beaucoup l’opération, en lui mêlant un corps réfractaire ; mais il faut se garder d’en employer un qui soit contre-indiqué, par l’altération qui en pourroit naître. Quoi qu’il en soit, on doit avoir l’attention d’empêcher que les parties volatiles n’enlevent, en se dissipant, quelques portions des matieres fixes ; Cet inconvénient nait la plûpart du tems, de ce qu’on a donné un feu trop fort dès le commencement de l’opération : on le prévient à la faveur d’un fixant, auquel on a quelquefois recours.
Ce petit nombre de remarques générales suffisent ici ; le lecteur trouvera la matiere traitée à fond, au mot Grillage. (D. J.)