L’Encyclopédie/1re édition/TOURTEAUX

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TOURTEAUX, s. m. (Droguerie.) masse que l’on compose du résidu de certains grains, fruits ou matieres dont on a exprimé de l’huile.

Tourteau, terme de Blason ; ce mot ne se dit maintenant en blason que de ces représentations de gâteaux qui sont de couleur, à la différence des besans qui sont de métal.

Le tourteau est plein comme le besan, sans aucune ouverture, autrement ce seroit un cercle ou un anneau. Il est ainsi nommé, à cause de sa rondeur. Quelques-uns lui donnent différens noms, selon sa différente couleur, & appellent ogœses ceux de sable ; gulpes, ceux de pourpre ; guses, ceux de gueules ; heurtes, ceux d’azur ; & pommes ou volets, ceux de sinople.

Tourteau-besan, est une piece ronde d’armoiries, qui est moitié de couleur, & moitié de métal, soit qu’elle soit partie, tranchée ou coupée de l’un en l’autre. On commence à nommer la couleur la premiere. Ce mot vient du latin torta, qui se disoit d’une espece de pains tortillés, qui sont représentés par des tourteaux. Ménetrier. (D. J.)

Tourteau, (Artificier.) les artificiers appellent ainsi de la vieille corde ou de la vieille mêche détortillée, que l’on trempe dans la poix ou le goudrons & qu’on laisse sécher, pour s’en servir ensuite à éclairer dans les fossés & autres lieux d’une place assiégée : on le fait de la maniere suivante.

Prenez de la poix noire douze livres, suif ou graisse six livres, le tout fondu ensemble à petit feu, puis ajoutez-y trois parties d’huile de lin, faites bouillir le tout ; prenez ensuite de vieilles meches ou de vieilles cordes, faites-en des cordons de la grandeur que vous voudrez, mettez-les bouillir dans ces matieres ; & si vous voulez qu’ils ne brûlent pas si fort, mettez-y deux livres de colophone, & deux livres de térébenthine.