L’Encyclopédie/1re édition/TRALLES

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TRALLES, (Géog. anc.) ou TRALLIS, car les auteurs emploient ce mot indifféremment au pluriel & au singulier. Tralles étoit une ville de l’Asie mineure dans la Lydie, ayant à la gauche la montagne Mésogis, & à la droite la campagne du Méandre. Strabon dit qu’elle étoit riche, peuplée, & fortifiée de tous côtés par la nature.

M. Wheler dans son voyage de l’Anatolie, tome I. page 337. rapporte avoir vu deux médailles de la ville de Tralles, l’une de l’empereur….. sous le consulat de Modestus : le revers est une riviere avec ces lettres : ΤΡΑΛΛΙΑΝΩΝ, c’est-à-dire des Tralliens. Cette gravure fait voir que Tralles étoit située sur une riviere, ou proche d’une riviere ; & cette riviere étoit le Méandre. Trallis, continue Wheler, étoit une grande ville où s’assembloient ceux qui étoient employés au gouvernement de l’Asie. M. Smith assure qu’elle est aujourd’hui absolument détruite ; il en reste pourtant les ruines, que les Turcs appellent Sultan-Hesser, ou la forteresse du sultan. On les voit sur une montagne, à demi-lieue du Méandre, sur le chemin de Laodicée à Ephese, à vingt heures de chemin de la premiere, près d’un village appellé Teke-qui.

L’autre médaille est de l’empereur Gallien : elle a sur le revers une Diane qui chasse, & on lit ces lettres autour, ΤΡΑΛΛΙΑΝΩΝ, c’est-à-dire des Tralliens.

Cette description s’accorde assez bien avec celle de Strabon, qui met Tralles sur une éminence ; & comme cette ville n’étoit qu’à une demi-lieue du Méandre, la distance n’étoit pas assez grande pour empêcher qu’elle ne pût être mise au nombre des villes bâties sur ce fleuve.

La ville de Trallis eut divers autres noms ou surnoms. Pline, l. V. c. xxix. lui donne ceux d’Evantia, de Seleucia & d’Antiochia. Etienne le géographe dit qu’on la nomma auparavant Antheia, à cause de la quantité de fleurs qui croissoient aux environs.

La notice d’Hiéroclès marque la ville de Trallis dans la province proconsulaire d’Asie, sous la métropole d’Ephese.

Phlegon, affranchi de l’empereur Adrien, étoit de Tralles, & vivoit au commencement du second siecle. Il composa plusieurs ouvrages, entr’autres une Histoire des olympiades, divisée en seize livres ; mais dont il ne nous reste qu’un fragment. La meilleure édition des débris de cet auteur, est celle que Meursius a pris soin de publier à Leyde en 1622, en grec & en latin, avec des remarques.

Comme dans ces débris Phlegon parle d’une éclipse de soleil mémorable, arrivée en la deux cent deuxieme olympiade, c’est une grande question de savoir si cette éclipse est la même que celle des ténebres qui parurent à la mort de J. C. & cette question fut vivement agitée il y a 30 ans en Angleterre, dans plusieurs écrits pour & contre.

Le docteur Sykès (Arthur Ashiey) mit au jour à Londres, en 1732, une dissertation dans laquelle il soutint qu’il est très-probable que l’éclipse dont Phlegon a parlé, étoit une éclipse naturelle arrivée le 24 Novembre de la premiere année de la deux cent deuxieme olympiade, & non dans la quatrieme année qui est celle de la mort de J. C. M. Whiston opposa à cette dissertation une piece intitulée : Le témoignage de Phlegon défendu ; ou, Relation des ténebres & du tremblement de terre arrivé à la mort de J. C. donné par Phlegon, avec tous les témoignages des auteurs payens & chrétiens qui confirment cette relation. Le docteur Sykès répondit par une réplique intitulée : Défense de la dissertation sur l’éclipse dont Phlegon fait mention, où l’on prouve plus particulierement que cette éclipse n’a aucun rapport avec les ténebres arrivées à la mort de notre Sauveur, & où l’on examine en détail les observations de M. Whiston. Londres 1733, in-8°.

Cette défense du docteur Sikès, lui attira de nouveaux adversaires, entr’autres Jean Chapman & Thomas Dawson, qui lui repliquerent ainsi que M. Whiston. Tous ces écrits polémiques sont contre l’ordinaire extrèmement précieux à recueillir, car outre qu’ils ne renferment aucune personnalité, on n’a point encore traité de question critique avec plus de recherches curieuses, & avec plus de profondeur d’érudition. Voyez l’article Phlegon du diction. de Jacques Georges de Chaufepié.

Anthémius qui fleurissoit au sixieme siecle, sous le regne de Justinien, étoit aussi de Tralles. Il passa pour très-habile dans l’Architecture, la Sculpture & les méchaniques. (Le chevalier de Jaucourt.)