L’Encyclopédie/1re édition/TROPHÉE

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TROPHÉE, s. m. (Archit.) c’étoit chez les anciens un amas d’armes & de dépouilles des ennemis, élevé par le vainqueur dans le champ de bataille, & qu’on a ensuite représenté en pierre ou en marbre, comme les trophées de Marius & de Sylla au capitole, & dont on fait usage en architecture, pour décorer un bâtiment avec des attributs militaires.

Les trophées antiques sont formés d’armes greques & romaines ; ceux qu’on emploie aujourd’hui sont composés d’armes de diverses nations de notre tems. On voit de ces trophées isolés à l’arc de triomphe du fauxbourg S. Antoine, & sur la balustrade du château de Versailles. On en fait aussi en bas-relief, comme à la colonne trajane, & à l’attique de la cour du Louvre. La beauté des uns & des autres consiste principalement dans le choix, la disposition & le rapport qu’ils doivent avoir au dessein général de l’édifice. Il y en a de différentes especes. Nous allons définir dans les articles suivans les principaux.

Trophée de Marine. Trophée composé de poupes & proues de vaisseaux, de becs & éperons de galeres, d’ancres, de rames, de flammes, pavillons, &c.

Trophée de musique. Trophée composé de livres & d’instrumens de musique.

Trophée des Sciences. C’est un trophée formé de livres de science, de spheres, de globes, & d’instrumens à observer les astres.

Trophée rustique. Trophée composé d’instrumens servant au labourage & au ménage rustique.

Le mot trophée vient du latin trophœum, qui vient, selon Vossius, du grec trope, fuite de l’ennemi. Daviler. (D. J.)

Trophée, s. m. (Antiq. greq. & rom.) tropœum, en grec τρόπαιον de τροπὴ, fuite. Un trophée n’étoit dans son origine qu’un tronc de chêne dressé, & revêtu des dépouilles ou armes des ennemis vaincus, comme d’une cuirasse, de boucliers, de javelots & d’un casque. De-là vient le nom de trunci, que Virgile donne à ces trophées, dans la description qu’il en fait, indutosque jubet truncos hosiilibus armis ; & selon que la forme s’en voit assez souvent dans les médailles.

C’est d’où l’on recueille que ce n’étoit pas seulement une coutume romaine, comme quelques savans le prétendent, mais c’étoit aussi un usage grec de faire les trophées d’un tronc de chêne revêtu des armes des ennemis. On peut le voir entr’autres au revers de la médaille d’Agathocles, roi de Sicile ; & dans deux autres médailles, l’une d’Alexandre, l’autre de son pere Philippe, qui ont chacune au revers la figure d’un homme nud devant un trophée, de la façon de ceux dont je viens de parler, c’est-à-dire non d’une colonne de pierre ou de marbre, mais d’un chêne paré des dépouilles des vaincus ; que si Philippe & Alexandre ne se sont point fait dresser eux-mêmes des trophées, parce que ce n’étoit pas la coutume des Macédoniens, comme Pausanias le prétend dans ses béotiques, néanmoins les villes de Grece ou d’autres n’ont pas laissé d’en élever à leur honneur, & de les faire graver dans leurs médailles. Ce n’est pas cependant que les Grecs n’ayent fait aussi des trophées d’autre sorte, & quelquefois d’airain pour plus de durée, selon le même Pausanias. Quant aux ornemens ajoutés quelquefois à ces trophées, & qu’on remarque aussi sur les médailles, nous en dirons un mot dans la suite.

Les trophées portoient d’ordinaire les noms des ennemis ou peuples vaincus, inimicaque nomina figi, comme dit Virgile, & les exemples en sont fréquens dans les historiens, les poëtes & les anciennes médailles.

Ces trophées mêmes se multiploient selon le nombre des peuples vaincus par le général, suivant l’exemple de Pompée, que Dion rapporte en parlant d’un magnifique trophée de ce conquérant qui portoit la fastueuse inscription, non d’un peuple vaincu, mais de orbe terrarum, ou du monde subjugué.

Pausanias, l. IV. parle d’un trophée qu’Epaminondas, par ordre de l’oracle, fit dresser avant la journée de Leuctres, c’est-à-dire avant les Lacédémoniens vaincus & à leur vue.

Le nom grec τροπαιοῦχος, ou qui porte des trophées donnés en premier lieu aux dieux, comme on peut voir dans Pollux, fut dans la suite des tems consacré entre les autres titres des empereurs, ce qui paroît en particulier par la médaille de Pessennius Niger avec l’inscription, invicto imp. tropæa ; cette coutume de dresser des trophées passa des Grecs aux Romains, & même y fut d’abord introduite par Romulus, comme les historiens de sa vie le remarquent.

Les vainqueurs dressoient à leur gloire un trophée des vaincus. Les Grecs montrerent l’exemple, & ils avoient coutume de le faire après la victoire au lieu même de la bataille & de la défaite des ennemis. L’histoire de Thucydide en fournit plusieurs exemples.

Pour les Romains, ils ne se contenterent pas de cet honneur, ils firent porter ces trophées en triomphe, comme Dion entr’autres le remarque de Pompée, au retour de la guerre contre Mithridate. C’est ce qui se voit encore à l’œil des deux médaillons ; l’un du cabinet du roi, qui représente le triomphe de Marc-Aurele & de L. Verus, après les exploits de ce dernier dans l’Arménie & contre les Parthes, où on voit un trophée porté devant le char des triomphans. L’autre médaillon est de Caracalla, où non seulement il y a un trophée avec deux captifs attachés, porté dans une espece de char avant celui du triomphant, mais de plus on voit un soldat qui marche au-devant, portant un autre trophée sur l’épaule, à l’exemple de Mars ou de Romulus.

On peut y ajouter l’usage de dresser ces trophées en des places publiques & sur le capitole, de les consacrer à leurs dieux, & entr’autres à Jupiter Férétrius, ou à Mars, témoin Virgile, tibi rex gradive tropæum ; pour ne pas parler de la coutume d’orner les vestibules ou portiques de leurs maisons, des armes ou autres dépouilles des ennemis vaincus, c’est ce qui donna lieu à cette harangue de Caton l’ancien, citée par Festus, qui avoit pour titre, de spoliis, ne figerentur, nisi quæ de hostibus capta essent ; la chose est connue ; en cela même les Romains ne firent que suivre l’exemple d’autres peuples, & en particulier de leurs premiers fondateurs, témoin Virgile, parlant du palais du roi Priam, barbarici postes auto spoliisque superbi.

Nous avons une médaille de Romulus à pié, portant son trophée sur l’épaule, ce qui arriva aussi à Cornelius Cossus & à Claudius Marcellus, qui porterent eux-mêmes leurs trophées, d’où vient que Virgile dit :

Inductosque jubet truncos hostilibus armis
Ipsos ferre duces.

Mars & la Victoire sont encore représentés avec un trophée sur l’épaule, & les autres dieux sont chargés pareillement sur l’épaule des marques de leurs dignités ou de leur distinction, comme Diane d’un carquois, Apollon d’une lyre ou d’un arc, Hercule de sa massue, Jupiter de la foudre, Bacchus d’un thyrse, & Vulcain d’un marteau qu’il tient levé au-dessus de l’épaule, & qui est prêt à battre l’enclume. On en voit plusieurs échantillons dans les médailles. Il y en a aussi de Trajan, qui le représentent tenant sur les épaules les trophées des victoires qu’il avoit remportées sur les Getes & les Parthes.

J’ai dit ci-dessus qu’un trophée n’étoit ordinairement qu’un tronc de chêne ; de-là viennent les mots de quercus ou truncus, dont les poëtes latins se servent d’ordinaire pour désigner des trophées. Ainsi les trophées n’étoient quelquefois qu’un tronc de chêne avec un bouclier au dessus, ou un tronc revêtu d’une cuirasse, au-haut d’un casque & aux deux côtés d’un bouclier, comme sont d’ordinaire les trophées que Mars-Gradivus porte sur l’épaule, ou qui se voient dans les médailles de Trajan, ou même avec une cuirasse sans bouclier.

Les trophées sont aussi souvent accompagnés de javelots, outre les boucliers, le casque & la cuirasse.

Enfin l’on voit dans les anciens monumens des trophées ornés & embellis d’un amas de toutes sortes d’armes ou de dépouilles des ennemis vaincus, comme de cuirasses, de boucliers de différentes façons, d’épées, de javelots, de dragons ou enseignes militaires, de maillets, de carquois, avec des fleches ; c’est ce qui est sculpté dans des trophées de la colonne de Trajan & de Marc-Aurele.

M. Spanheim, dans son bel ouvrage des Césars, de l’empereur Julien, nous donne la représentation gravée par Picard, d’un de ces magnifiques trophées, qui se voit encore aujourd’hui à Rome au capitole, & qu’on attribue à Trajan, attendu le lieu d’où il a été tiré. C’est là que l’on voit ce tronc, ce trophée superbe, ou ces intestina tropæorum, comme parle Tertullien, tout couvert d’un casque ouvragé, & d’ailleurs revêtu d’une veste ou chlamys, avec quantité d’ornemens, de carquois, de fleches, de boucliers soutenus par des figures aîlées, & autres embellissemens de sphinx, de tritons, de centaures, &c. on en a gravé des estampes.

Le but des trophées étoit de les dresser comme des monumens durables des victoires remportées sur les ennemis. Il étoit si peu permis de les arracher, que les Athéniens crurent avoir un sujet suffisant de renouveller la guerre aux Corinthiens, sur ce que ceux-ci avoient enlevé un de leurs trophées, comme Aristide le remarque dans son oraison à la louange d’Athènes, in Panathén. p. 209. c’est encore ce qui nous est spécifié bien clairement dans une médaille romaine, qui nous représente Mars portant un trophée, avec l’inscription remarquable, æternitas.

Les soldats romains avoient aussi le pouvoir & la coutume d’étaler dans la partie de leurs maisons la plus remarquable, les dépouilles qu’ils avoient prises sur les ennemis, comme Polybe le remarque.

Enfin les trophées devinrent des types de monnoies ou de bas-reliefs, tels qu’on en voit encore plusieurs sur l’escalier du capitole ; c’étoient aussi des figures de métal ou de marbre isolées & posées sur une base, & l’on sait qu’un grand nombre de cette espece faisoient un des ornemens de la ville de Rome. Tels furent les changemens qu’on fit aux trophées.

Dans les siecles héroïques & chez les Grecs, les trophées, comme nous l’avons dit, n’étoient qu’un tronc d’arbre revêtu des armes des vaincus. Enée, après sa premiere bataille où il avoit tué Mezence, éleve un trophée, Æneid. l. XI. vers. 5.

Ingentem quercum, decisis undique ramis,
Constituit tumulo, fulgentiaque induit arma,
Mezenti ducis exuvias : tibi, magne, tropæum,
Belli potens : aptat rorantes sanguine cristas
Telaque trunca viri, & bis sex thoraca petitum
Perfossumque locis ; clypeumque ex ære sinistræ
Subligat, atque ensem collo suspendit eburnum.

On les dressoit sur le champ de bataille aussi-tôt après la victoire ; il étoit d’abord défendu de les faire d’aucune matiere durable, comme de bronze ou de pierre ; ce fut sans doute par privilege qu’on permit à Pollux, après la victoire qu’il remporta sur Lyncée, d’en ériger un de cette espece, & ce trophée se voyoit encore à Lacédémone du tems de Pausanias.

L’inscription des trophées étoit simple, noble & modeste, ainsi que toutes les inscriptions des beaux siecles de la Grece ; il n’y avoit que deux mots, le nom des vainqueurs & celui des vaincus. Othryadès resté seul après la fuite des Argiens, se traîne percé de coups sur le champ de bataille, recueille les armes, dresse un trophée avant de mourir, & écrit de son sang sur son bouclier : J’ai vaincu.

Ces monumens exposés à toutes les injures de l’air périssoient bientôt, & on s’étoit fait une loi de les laisser tomber d’eux-mêmes sans les réparer. Plutarque, dans ses questions romaines, quest. xxxvj. demande pourquoi entre toutes les choses consacrées aux dieux, il n’y a que les trophées qu’il soit d’usage de laisser dépérir : « Est-ce, dit-il, afin que les hommes voyant leur gloire passée s’anéantir avec ces monumens, s’évertuent sans cesse à en acquérir une nouvelle ? ou plutôt parce que le tems effaçant ces signes de discorde & de haine, ce seroit une opiniâtreté odieuse de vouloir, malgré lui, en perpétuer le souvenir. Aussi, ajoute-t-il, n’a-t-on pas approuvé la vanité de ceux qui, les premiers entre les Grecs, se sont avisés de dresser des trophées de pierre & de bronze ». Peut-être ces peuples qui mériterent la censure de cette nation douce & polie, sont les Eléens ; du-moins je trouve dans Pausanias qu’il y avoit à Olympie un trophée d’airain, dont l’inscription portoit que les Eléens l’avoient érigé après une victoire gagnée sur Lacédémone.

Le même auteur nous apprend encore, que ce n’étoit pas la coutume des Macédoniens d’ériger des trophées après leur victoire. Caranus fondateur de leur monarchie, ayant vaincu Cissée prince voisin, avoit dressé un trophée : un lion sortant du mont Olympe renversa ce monument, & le détruisit ; le roi de Macédoine tira une leçon de cet événement ; il fit réflexion qu’il avoit eu tort d’insulter aux vaincus, & de se priver lui-même de l’espérance d’une réconciliation ; aussi, ajoute Pausanias, dans la suite ni ce prince, ni aucun de ses successeurs, ne dressa jamais de trophée, pas même Alexandre, après ses éclatantes victoires sur les Perses & sur les Indiens.

Les Romains, dont la politique se proposoit d’accoutumer au joug les peuples vaincus, & d’en faire des sujets fideles, furent long-tems sans reprocher aux ennemis leur défaite par des trophées, & Florus ne manque pas de leur faire honneur de cette modération. Domitius Ænobarbus & Fabius maximus ipsis quibus dimicaverant in locis, saxeas erexere & turres, & desaper exornata armis hostilibus trophæa nfixere ; quùm hic mos inusitatus fuerit nostris : nunquam enim populus romanus hostibus domitis, victoriam suam exprobravit.

Le premier dont l’histoire romaine fasse mention (car on ne doit pas regarder comme de vrais trophées, ni les dépouilles opimes, ni celles des Curiaces que le vainqueur fit porter devant lui) le premier trophée, dis-je, fut celui que dressa C. Flaminius en l’honneur de Jupiter, après avoir vaincu les Insubriens l’an de Rome 530. il étoit d’or & placé dans le capitole. Cent ans après C. Domitius Ænobarbus, & Q. Fabius Maximus Allobrogicus, dresserent sur les bords de l’Isere ceux dont il est parlé dans le passage de Florus que nous venons de citer-Après la prise de Jugurtha, Bocchus étant venu à Rome, érigea dans le capitole des trophées en l’honneur de Sylla ; ce qui piqua vivement Marius, & alluma de plus en plus dans son cœur cette jalousie meurtriere qui fit couler tant de sang. Sylla en dressa deux lui-même dans les plaines de Chéronée, après la défaite de Taxile, lieutenant de Mithridate.

Pompée ayant terminé la guerre contre Sertorius, dressa des trophées sur les Pyrénées avec des inscriptions fastueuses. Cette vanité déplut aux Romains ; & ce fut pour y opposer une apparence de modestie, que César traversant les Pyrénées après la guerre d’Afranius, se contenta de construire un autel auprès des trophées de Pompée.

Un passage de Xiphilin, dans la vie de Néron, nous fait connoître que les trophées dont nous venons de parler, ne sont pas les seuls qui ayent été élevés à Rome sous les consuls. Lorsque cet auteur représente le ridicule infamant dont Néron chargeoit les sénateurs mêmes, en les forçant de faire le rôle de comédiens, ou de combattre contre les bêtes ; il donnoit, dit-il, en spectacle sur le théatre & dans l’arène, les Furius, les Fabius, les Porcius, les Valériens, ces illustres familles dont le peuple voyoit encore les trophées.

Mais les plus célebres qu’il y ait eu à Rome du tems de la république, sont les deux trophées de Marius, en mémoire de ses deux victoires ; l’une remportée sur Jugurtha, l’autre sur les Cimbres & les Teutons ; ils étoient de marbre dans la cinquieme région, dite Esquiline, élevés sur deux arcs de brique qui posoient sur un reservoir de l’aqua marcia ; Properce les appelle les armes de Marius.

Jura dare statuas inter & arma Marii.

Sylla les renversa contre l’ancien usage, qui ne permettoit pas de détruire, ni même de déplacer les trophées. César dans son édilité, les releva ; le quartier de Rome où ils étoient, en conserve la mémoire ; on l’appelle encore aujourd’hui il Cimbrico, entre l’église de saint Eusebe & de saint Julien, sur le mont Esquilin ; cette tradition n’a pas été interrompue.

Pétrarque, dans la seconde épître de son sixiéme livre, parlant de ce lieu dit, hoc Marii cimbrium fuit. Nardini pense que ces trophées furent depuis transportés dans le capitole, & il censure Ligorius qui croit mal-à-propos que les trophées du capitole sont de Domitien. Les monumens de ce prince furent, selon Suétone & Xiphilin, abatus par ordre du sénat aussitôt après sa mort. D’autres antiquaires prétendent cependant que les trophées de marbre qui se voyent au capitole, ne sont pas ceux de Marius, mais qu’ils appartiennent à Trajan ; cette question nous importe fort peu.

Après la destruction de la liberté publique, à proportion que la vertu diminua, les récompenses de la vertu & les marques d’honneur, se multiplierent dans la personne des empereurs. Auguste en donna comme le signal par le trophée qu’il fit ériger à sa gloire sur les Alpes, & dont l’inscription se lit dans Pline, l. III. c. xxiv. Ce ne fut plus en Italie & dans les provinces, que trophées de pierre, de marbre, de bronze ; les colonnes trajane & antonine, qui sont des tours rondes avec un escalier pratiqué en-dedans, sont de vrais trophées ; Xiphilin raconte que Néron ayant ôté la vie à Domitia sa tante paternelle, employa une partie des biens de cette dame, à dresser de magnifiques trophées, qui subsistoient encore du tems de Dion, c’est-à-dire, sous Alexandre Sévere. Xiphilin dit qu’après la prise de Jérusalem, on décerna à Vespasien & à Titus des arcs de triomphes chargés de trophées. Comme le tems & les accidens endommageoient sans cesse ces sortes de monumens, quelques-uns furent réparés, & c’est ce qu’on voit par des médailles.

Quant aux trophées élevés par les modernes en l’honneur des rois conquérans, ils me paroissent assez semblables à ceux des empereurs dont je viens de parler ; ce sont autant de monumens de desolations, de desastres, & de vaine gloire. (Le chevalier de Jaucourt.)

Trophées d’Emilien, (Géogr. anc.) en latin trophæum Q. Fabii Maximi Æmiliani ; Strabon, lib. IV. nous apprend que près du lieu où l’Isere se jette dans le Rhône, Q. Fabius Maximus Æmilien, dont l’armée n’étoit pas de trente mille hommes, défit deux cens mille gaulois, & éleva sur le champ de bataille un trophée de pierre blanche. (D. J.)

Trophées de Pollux, (Géog. anc.) ces trophées étoient dans la ville de Sparte ; quand on a passé le temple d’Esculape, dit Pausanias, on voit les trophées que Pollux, à ce qu’on croit, érigea lui-même après la victoire qu’il remporta sur Lyncée. (D. J.)

Trophées des Romains & de Sylla, (Géog. anc.) on voit, dit Pausanias, l. IX. c. xxxix. dans la plaine de Chéronée en Béotie, deux trophées qui ont été érigés par les Romains & par Sylla, pour une victoire remportée sur Taxile, général de l’armée de Mithridate. (D. J.)

Trophée, en Peinture & Sculpture, étoit anciennement l’imitation des trophées que les anciens elevoient des dépouilles de leurs ennemis vaincus ; ce n’étoit qu’un amas d’armes & d’armures, ou autre attirail de guerre. Maintenant l’on fait des trophées généralement de tous les instrumens qui servent aux sciences, aux arts, & au luxe, & chacun de ces trophées porte le nom de la science ou de l’art auquel les instrumens qui le composent sont utiles ; trophée d’Astronomie, de Musique, de Jardinage, &c. On fait des trophées bacchiques qui représentent des treilles, des pots, des verres, des bouteilles, &c. On en fait de bal, où l’on représente des masques, des castagnetes, des tambours de basques, des habits de caractere ou de fantaisie. Il y a des trophées de modes qui réunissent tous les ajustemens d’hommes & de femmes que le caprice peut suggérer. On fait des trophées de folie, composés de marottes, de sonnettes, de grelots, de papillons, de fumée, ou brouillards, &c. Enfin, on fait des trophées de tous les êtres physiques ou moraux qui sont susceptibles de signes qui les caractérisent.

Trophée, argent de, (Jurisp.) est un droit que paient tous les ans les locataires des maisons dans les provinces d’Angleterre, pour fournir à la milice, des harnois, tambours, drapeaux, &c.