L’Encyclopédie/1re édition/TUBEREUSE

La bibliothèque libre.
◄  TUBERCULE

TUBEREUSE, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné à la plante entiere & à sa fleur ; nous en parlerons, comme fleuriste, dans un article à part, &, comme botaniste, nous observerons que c’est l’espece du genre des hyacinthes, que Tournefort appelle hyacinthus orientalis, indicus, tuberosâ radice.

La tige de cette belle plante s’éleve à la hauteur de trois ou quatre piés ; elle est grosse comme le petit doigt, droite, ronde, ferme, nue, lisse, creuse en-de dans ; ses feuilles sont au-bas de sa tige, longue d’environ six pouces, étroites, épaisses, charnues, vertes, luisantes, se répandant au large ; ses fleurs naissent au sommet formées en tuyau long qui s’évase en haut, & se découpe en six parties, leur couleur est un blanc de lait ; leur odeur suave parfume les appartemens où l’on met cette fleur ; sa racine est tubéreuse, & toute la plante est remplie d’un suc visqueux.

C’est M. de Peyresc qui a eu le premier des tubéreuses en France. Un p. minime qu’il avoit envoyé à ses frais en Perse, lui apporta en Provence la premiere plante de tubéreuse qu’on ait vu dans ce royaume. M. Robin la fit connoître à Paris, en en élevant des oignons au jardin royal. (D. J.)

Tubéreuse, (Jard. fleuriste.) le bouquet de cette belle fleur ne se déploie pas tout-à-la-fois : mais comme les choses les plus belles veulent être vues long-tems, elle n’ouvre d’abord que quelques-uns de ses pétales qui sont d’une blancheur éclatante. Les dernieres fleurs ne sont pas moins belles que les premieres, ensorte qu’on jouit encore des tubéreuses durant tout l’automne.

Quand la fleur des tubéreuses est passée, on renverse le pot qu’on met dans un lieu sec pour en tirer l’oignon, & le garder pendant l’hiver à l’abri de la gélée, pour le replanter au commencement du printems. Cette plante se multiplie d’oignons bien choisis qu’on met dans des pots de moyenne grandeur, remplis d’une terre composée de deux tiers de terreau, & un tiers de terre à potager bien fine, le tout mêlé ensemble. On plante les oignons un doigt avant dans cette terre, laissant l’autre partie de l’oignon pour être couvert de terreau pur. On met ces pots dans une couche chaude, & on les couvre de cloches jusqu’à ce que l’air soit adouci, en arrosant la plante de-tems-en-tems.

Après que les tubéreuses ont poussé & qu’on les a ôtées de dessus la couche, il faut placer les pots à une bonne exposition, car les tubereuses aiment le soleil. A mesure qu’elles poussent leurs montans, on y fiche aux piés de petites baguettes pour les y attacher avec du jonc, & éviter que la charge de ces fleurs qui naissent au sommet des tiges ne les rompe en les faisant plier.

On plante les tubéreuses en Février pour avoir de leurs fleurs en Mai, & on en plante au mois de Mai pour en avoir en fleur pendant l’automne. Les Parfumeurs font un grand usage de ces belles fleurs ; & les dames délicates ont bien de la peine à supporter l’excellente odeur qu’elles répandent dans leurs petits appartemens. (D. J.)

Tubéreuse, racine, (Botan.) les Botanistes nomment racines tubéreuses celles qui sont grosses, charnues, plus épaisses que les tiges de la plante, de figure irréguliere, & qui n’ont aucun des caracteres de bulbeuses. (D. J.)