L’Encyclopédie/1re édition/UDINE

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UDINE, (Géog. mod.) en latin Utina, Utinum, ville d’Italie, dans l’état de Venise, capitale du Frioul, entre le Tajamento & le Lisouzo, à 8 milles au sud-ouest de Cividad di Friuli, & à 20 milles au couchant de Garitz. L’air y est tempéré, & le terroir fertile en grains, en vin & fruits délicieux. Long. 30. 45. lat. 46. 10.

Léonard de Utino, ainsi nommé parce qu’il étoit né à Udine, entra dans l’ordre de S. Dominique, & fut un des plus célebres prédicateurs de son tems. Ses sermons écrits en latin, ont eu un débit prodigieux dans le xv. siecle ; cependant quelques éloges qu’on en ait fait, ils tenoient beaucoup du caractere de ceux de Barlette, de Maillard & de Menot ; & si l’on n’y trouve pas des turlupinades semblables aux leurs, du moins y rencontre-t-on des plaisanteries peu dignes de la gravité de la chaire ; telle est celle-ci tirée du sermon xliij.

Foemina corpus, animam, vim, lumina, vocem,
Polluit, annihilat, necat, eripit, orbat, acerbat.

On a publié les sermons de ce dominicain sous le titre de sermones aurei, & Bayle dit qu’ils furent imprimés pour la premiere fois l’an 1446. A la vérité il produit ses garans, mais il devoit au-contraire censurer une semblable erreur, puisque l’Imprimerie n’a point été connue, ni pratiquée dans aucun pays du monde, avant l’an 1450. La premiere édition des sermons d’or du dominicain d’Udine est de l’an 1473, sans nom de ville, ni d’imprimeur, en 2. vol. in-fol.

Amaseus (Romulus), un des savans de Rome qui brillerent le plus sous le pontificat de Jules III. étoit natif d’Udine. Il a fait paroître son intelligence de la langue greque par la traduction de Pausanias, & par celle de l’ouvrage de Xénophon, qui concerne l’expédition du jeune Cyrus. Il naquit en 1489, & mourut vers l’an 1550.

Robortello (François), autre critique du xvj. siecle, naquit à Udine, & mourut à Padoue en 1567 à 51 ans. On a de lui un traité de l’histoire, des commentaires sur plusieurs des poëtes grecs & latins, & des ouvrages polémiques pleins d’aigreur & de violence, en particulier contre Alciat, Sigonius & Baptiste Egnatius, qui lui répondit finalement l’épée à la main, ce qui termina la dispute. (D. J.)