L’Encyclopédie/1re édition/VISCERE

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VISCERE, s. m. (Physiolog.) on définit ordinairement le viscere, un organe qui par sa constitution change en grande partie les humeurs qui y sont apportées, en sorte que ce changement soit utile à la vie & à la santé du corps. Ainsi le poumon est un viscere qui reçoit tout le sang, & le change de façon qu’il devient propre à couler par tous les vaisseaux. De même le cœur est un viscere qui reçoit tout le sang, & le change par le nouveau mélange, & la nouvelle direction de mouvement qu’il y introduit.

Il est constant, ainsi que le démontrent les injections anatomiques, que tous les visceres sont formés d’un nombre infini de vaisseaux différemment rangés dans les différens visceres, & que l’action par laquelle ils changent les humeurs qui y sont apportées, dépend de ces vaisseaux des visceres. Si donc ces vaisseaux sont plus foibles qu’il n’est besoin pour la santé, ils agiront moins sur les fluides contenus ; ils les changeront moins. Ainsi le poumon trop débile, ne pourra convertir le chyle en bon sang ; si le foie est très-relâché dans ses vaisseaux, le sang fluera & refluera dans ce viscere sans que la bile s’en sépare, & l’hydropisie s’ensuivra. Tant que le ventricule sera dans un état languissant, il troublera l’ouvrage de la chylification.

Les fonctions des visceres different encore, suivant l’âge & le sexe, je dis l’âge, tous les visceres reçoivent une force qui s’augmente peu à peu, selon que les forces de la vie ont agi plus long-tems en eux. Delà vient que dans notre premiere origine, toutes nos parties étant très-débiles, elles sont presque fluentes ; mais elles acquierent peu à peu une plus grande fermeté, jusqu’à ce qu’elles soient presque endurcies dans la derniere vieillesse. Or il y a pendant le cours de notre vie, une gradation infinie, depuis cette débilité originaire jusqu’à l’extrême fermeté.

J’ai ajouté le sexe, les hommes ont les visceres plus forts ; les femmes nées pour concevoir, enfanter & nourrir des enfans, les ont plus lâches, plus flexibles. La même chose se trouve en tous lieux chez les peuples policés, comme chez les nations qui se conduisent par l’instinct de la nature, plutôt que par les lois.

L’action de tous les visceres dépend de ce que les liquides comprimés par la force du cœur, dilatent les arteres ; ces arteres par la réaction de leurs propres forces & de leur élasticité, poussent en avant les humeurs distendantes ; or les choses qui renferment sous un même volume plus de masse corporelle, c’est-à-dire qui sont plus solides, conserveront plus long-tems le mouvement qu’elles ont une fois reçu. Il étoit donc nécessaire qu’il y eût dans les liquides mus par la force du cœur, un degré fixe de solidité pour qu’ils ne perdissent pas si promptement le mouvement donné.

On a disputé jusqu’ici par les principes de la médecine naturelle, sur les moyens que les visceres emploient à perfectionner leurs humeurs ; mais les auteurs n’ont rien dit d’un peu satisfaisant à ce sujet, jusqu’à ce que Ruysch ait démontré qu’aux extrémités des arteres, la conformation étoit différente dans les visceres, selon la diversité des lieux : l’on voit du moins par-là, que le viscere a été formé à dessein que cette conformation des arteres subsistât, mais nous n’en savons guere davantage. (D. J.)

Visceres, (Jardinage.) d’une plante, sont les tuyaux perpendiculaires en forme de faisceaux, qui montent dans sa tige, & que l’on n’apperçoit que quand l’écorce est levée. Ils sont mêlés avec les fibres, les nerfs, la moëlle, & portent également partout le suc nourricier.