L’Encyclopédie/1re édition/ZENG

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ZENG, (Géog. mod.) mot arabe qui désigne cette côte orientale de l’Afrique, sur la mer des Indes que nous appellons aujourd’hui le Zanguebar ; c’est une partie de ce qu’on nomme la Cafrerie, ou côte des Caffres ; les peuples qui l’habitent s’appellent aussi en arabe Zengi, & en persien Zenghi ; ce sont proprement ceux que les Italiens appellent Zingari, & que l’on nomme ailleurs Egyptiens ou Bohémiens.

On ignore par quelle révolution un grand nombre de ces habitans du Zanguebar passerent de l’Afrique dans l’Arabie par la mer Rouge, dont la traversée n’est pas bien longue, ou par les terres, ce qui a été le plus long : car l’extrémité septentrionale du Zanguebar est limitrophe de l’Egypte. De quelle façon que les Zinghiens soient parvenus en Arabie, tous les historiens arabes s’accordent à dire que les Africains se répandirent dans l’Irak arabique, & qu’ils s’y maintinrent sous des chefs électifs.

Sous Mostadhi, kalife Abasside, ils prirent un nommé Ali pour leur chef, qui se disoit descendu d’Ali, gendre de Mahomet ; ils lui donnerent le surnom d’Habib, qui signifie l’ami & le bien-aimé, & sous sa conduite se rendirent maîtres des villes de Bassora, de Ramlach, de Wasset, & de plusieurs bourgades, tant dans l’Irak que dans l’Ahvaz. Ils défirent même plusieurs fois les armées des kalifes. Mais enfin quatorze ans après qu’ils eurent commencé à paroître, Mouaffec, frere du kalife Matamed, les dissipa entiérement l’an 207 de l’Hegire, qui répond à l’année de Jesus-Christ 885 ou 886.

On croit que le titre de Zengi ou Zenghi, ajouté souvent au nom des Atabeks, vient de ce qu’il y a eu quelques capitaines d’un rare mérite, originaires de ces peuples dispersés, & qui s’étant élevés par les armes obtinrent l’emploi d’Atabek parmi les Selgincides. (D. J.)