L’Enfant de la balle (Yver)/Conclusion
CONCLUSION
Il y a neuf ans que ces événements se sont accomplis. Dans une gentille maison de Neuilly, où l’on voit à la porte une plaque de cuivre avec ces mots :
tout le monde est en fête. Dans le jardin, plusieurs groupes se promènent d’un air joyeux. Ce sont d’abord M. et Mme Jean Patrice, puis leur fils Joseph, en brillant uniforme d’officier de cavalerie, ayant à son bras Isaulie, sa femme.
Mme Patrice n’a plus son visage rigide et maussade d’autrefois. À sa majorité, Jen, pouvant librement disposer de sa fortune, a voulu la restituer à Joseph. Son tuteur s’y est opposé. Mais cette fois, la jeune fille n’a pas été complètement vaincue, et elle a obtenu de partager intégralement avec son frère Joseph la fortune de M. Patrice. Mme Jean, touchée enfin de cette délicatesse, et heureuse de voir rendre à son fils les richesses sur lesquelles elle ne comptait plus, a reconnu ses torts envers sa petite cousine et lui témoigne depuis une sincère affection.
Jen, Mme Mousserac maintenant, est près de son mari ; Mlle Lanceleau et Mme de la Rocherie les accompagnent. On fête le troisième anniversaire de leur mariage.
Et, plus loin, sous une vérandah, où grimpent des liserons et des capucines, un vieillard est confortablement installé dans un fauteuil. Sur son visage vénérable resplendit le bonheur et la paix, et rien n’égale la douceur de son sourire lorsqu’il regarde le joli bébé, blond comme Jen, qui se roule à ses pieds sur le sable, avec un bel épagneul.
De temps en temps, le bébé interrompt ses jeux ; il étend un petit doigt vers le chien, dont les bons yeux intelligents semblent aussi lui sourire, et, dans un gazouillement encore presque inintelligible, il s’écrie :
— Gand pé Mousse, gade Capi !