Aller au contenu

L’Enfant mourant

La bibliothèque libre.
Traduction par Xavier Marmier.
Chants populaires du NordCharpentier (p. 383).


L’ENFANT MOURANT.

TRADUIT D’ANDERSEN.

Ma mère, je suis las, et le jour va finir.
Sur ton sein bien-aimé laisse moi m’endormir.
Mais cache-moi tes pleurs, cache-moi tes alarmes.
Tristes sont tes soupirs, brûlantes sont tes larmes.
J’ai froid. Autour de nous regarde : tout est noir ;
Mais lorsque je m’endors, c’est un bonheur de voir
L’ange au front rayonnant qui devant moi se lève,
Et les rayons dorés qui passent dans mon rêve.

N’entends-tu pas des chants, des chants harmonieux,
Tels qu’un jour nous devons en écouter aux cieux ?
L’ange est à nos côtés ; il m’entend, il m’attire,
Je l’entends qui me parle et je le vois sourire.
Je vois de tous côtés d’admirables couleurs :
C’est l’ange aux ailes d’or qui me jette des fleurs.
Dans ce monde, ma mère, aurai je aussi des ailes ?
Ou bien faut-il mourir pour les avoir si belles ?

Pourquoi me presses-tu tristement dans tes bras ?
Pourquoi ces longs soupirs que je ne comprends pas ?
Pourquoi ces pleurs ardents sur ta joue enflammée ?
Oh ! tu seras toujours ma mère bien-aimée.
Mais je t’en prie encor, ne pleure pas ainsi.
Si je te vois souffrir, hélas ! je souffre aussi.
J’ai mal, et la douleur assoupit ma paupière.
Adieu. L’ange m’embrasse. Adieu, ma pauvre mère.