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L’Escalier d’or/Présentation

La bibliothèque libre.


Edmond Jaloux d’après un crayon de Cappiello


EDMOND JALOUX



Quoi qu’il ait à peine atteint la quarantaine, Edmond Jaloux est déjà en possession d’une fort enviable renommée. Il ne l’a point acquise par des pirouettes, ni par des coups de cymbales ; il n’y a pas de tréteaux dans la carrière de cet écrivain, il n’y a qu’une dizaine de beaux livres.

Edmond Jaloux est justement estimé comme critique et comme chroniqueur, mais il est surtout un romancier. Un romancier qui obéit tour à tour à deux inspirations bien distinctes.

La réalité l’a si profondément impressionné qu’il a tiré d’elle, directement, une série de romans où grouillent une foule de gens d’hier et de gens d’aujourd’hui : Les Sangsues, L’École des mariages, le Démon de la vie, le Reste est silence, Fumées dans la campagne. Mais il y a, en outre, en lui, un poète qui veille, et qui, pour se venger de la vie qu’on mène autour de lui et qui l’entraîne dans son tourbillon, écrit le Jeune homme au masque, le Boudoir de Proserpine et la délicieuse et troublante Incertaine, son plus récent volume.

Et il va de livre en livre, oscillant d’un de ces pôles à l’autre, tantôt appuyant sur son burin pour traduire à l’aide de l’effigie de l’un de ses modèles un type qui rappelle au lecteur quelque figure de connaissance ; tantôt, s’évadant résolument de ce siècle et de cette prose, il nous entraîne au cœur d’une irréelle petite ville de province, parmi des fantoches charmants ou cruels.

Cette double tendance se trouve, pour la première fois, unie dans le roman que nous offrons en régal de choix à nos lecteurs. Ils verront, dans l’Escalier d’or, un brave homme de vieux poète qui compose pour de jeunes hommes, pour de jeunes femmes, un divin dessert, et ils y verront, d’autre part, ce que la vie fait de ces jeunes hommes, de ces jeunes femmes et de ce vieux brave homme de poète. C’est le rêve qui se heurte à la vie.


J. des G.