L’Exilé (Abrantès)/1

La bibliothèque libre.
Dumont (p. 151-170).


I


Il était quatre heures du soir ; on était dans le mois de mai de l’année 1815, et le plus beau soleil éclairait un ravissant paysage qu’on découvrait des fenêtres d’une bibliothèque à l’angle d’une élégante maison de campagne située à quelques milles de Bruxelles. Dans un grand fauteuil de maroquin noir, était assis un très gros homme, paraissant parfaitement indifférent au spectacle que lui présentait le paysage se déroulant au-dessous de la colline sur laquelle était bâtie sa maison. À quelque distance de lui, un jeune homme blond et pâle était assis devant une table et écrivait… Par intervalles, les exclamations du gros homme le forçaient de suspendre son travail, d’autant qu’elles semblaient quelquefois s’adresser à lui… le gros homme était en robe de chambre, et fumait une longue pipe turque tout en ouvrant des lettres qu’il déchirait en grande partie, à mesure qu’il les lisait.

— Eh bien ! dit-il au jeune homme… les proscriptions continuent là-bas !… encore des exilés qui nous arrivent !…

Le jeune homme releva la tête et regarda le gros monsieur, mais sans lui répondre : l’autre poursuivit :

— Voilà une liste de trente-sept malheureux… Ah ! je ne saurais poursuivre cette lecture !…

Et froissant avec colère le papier dans ses mains, il le jeta au loin dans le jardin.

— Martin m’en adresse un grand nombre, et il fait bien. Il me connaît !… trente-sept exilés !… et voilà trente-sept familles pleurant sur la carrière brisée d’un homme coupable d’un délit qui était vertu la veille encore du jour où son parti fut renversé !… Fritz, avez-vous eu quelques nouvelles particulières, qui donnent d’autres détails que les journaux ?

— Non, mon père, dit enfin le jeune homme, qui, depuis le commencement de cette conversation, avait écouté sans répondre… et vous-même… n’avez-vous pas d’autres lettres que celles de vos correspondans ?…

M. Van-Rosslyn fit un signe négatif. — Mais vous venez de la Bourse, monsieur ; n’y avez-vous rien appris ?

— Seulement la confirmation des nouvelles du Moniteur, Fritz… cette proscription de trente sept victimes, que Fouché semble frapper pour nous prouver que, si les années se sont écoulées, si les temps ont paru changer, l’homme de sang est toujours là, toujours le même !… toujours le proconsul de Lyon !

Un domestique entra dans ce moment et remit une carte à M. Van-Rosslyn. Il la regarda quelques momens avant de donner l’ordre d’introduire celui dont elle portait le nom. Enfin il dit au jeune homme blond qui écrivait :

— C’est un recommandé de la maison Martin… mais comme il paraît qu’il veut du mystère, passe dans le grand bureau, mon ami…

— Faîtes entrer, dit-il ensuite au valet de chambre.

L’étranger qu’il introduisit était un homme de haute taille, à peine âgé de trente ans ; sa tournure était militaire, mais élégante et noble, et annonçait à la fois l’homme comme il faut et l’homme ayant vécu sous la tente… il était pâle ; ses cheveux très-noirs se bouclaient autrour de sa tête, et complétaient un tout formé de parties qui s’harmonisaient parfaitement ensemble… il y avait du charme enfin dans cette figure, chose rare dans un homme… ce charme agit à l’instant sur M. Van-Rosslyn : il fut au-devant de l’étranger, lui prit la main cordialement, le conduisit à un siège, se plaça près de lui, et lui dit aussitôt :

— Général, vous avez écrit quelques mots sur votre carte qui indiquent que vous désirez me voir seul… me voici. Que puis-je pour vous ? votre nom est sur la fatale liste !…

Et le brave homme serra vivement la main du proscrit.

Le général de Sorcy sentit que la cordialité de M. Van-Rosslyn était vraie, il serra à son tour la main du banquier belge, et ces deux hommes, qui ne se connaissaient que depuis quelques minutes, comprirent tous deux qu’ils avaient trouvé un ami.

Le général remit à M. Van-Rosslyn une lettre particulière de M. M…

— Lisez-la, lui dit-il : je tiens à ce que vous sachiez que l’homme qui vous est recommandé n’est pas un agitateur et un fléau du repos public… je suis innocent enfin !… mais il fallait des victimes… il fallait frapper… et, pour ne pas porter de coups dans l’air, on m’a garrotté et livré au bourreau !

M. Van-Rosslyn lisait la lettre de M. Martin.

— Général, dit-il après l’avoir lue, permettez-moi de vous offrir ma maison ; vous logerez chez moi, et ma famille sera la vôtre… ma mère était Française, général, je suis donc votre compatriote, non seulement par le cœur, mais aussi par le sang, et c’est surtout dans des circonstances comme celle-ci qu’il s’agite et bouillonne à la vue des horreurs qui se commettent en France… Laissez-moi donc obtenir quelque soulagement en réparant, autant qu’il est en moi, les iniquités qu’ils commettent là-bas. Le voulez-vous ? — Allons !… c’est convenu, n’est-ce pas ?… vous demeurez ?…

— Mais, en vérité, je ne sais si je dois…

— Quoi ? accepter ? — Oui, sans doute. — Que craignez-vous ?… de me gêner ?… venez avec moi…

Et, le prenant par la main, il le conduisit sur la pelouse, et de là lui fit voir la façade de la maison, qui était immense.

— Vous voyez qu’il y aurait encore de la place pour quelques-uns de vos camarades d’infortune… cette raison ne doit donc pas vous retenir ; la seule qui sera plus diffile à combattre, c’est l’indépendance peut-être, que vous voulez avec raison conserver. Je dois vous dire que nous sommes ici parfaitement libres, et vous suivrez la règle de la famille ; on m’accuse même, à Bruxelles, de n’être pas assez sévère pour ce qu’on appelle les droits d’un maître de maison… Ma foi, je n’ai en cela d’autre prétention que celle d’être aimé de tout ce qui m’entoure, et, comme je crois que la liberté de ses actions est le bien le plus excellent que l’homme puisse posséder, je laisse donc ma famille en toute liberté. Je ne leur demande qu’une figure riante lorsque, le soir, accabblé des fatigues du jour, je viens chercher près d’eux quelques instans de bonheur… Voulez-vouz essayer de cette vie d’intérieur, à laquelle peut-être vous êtes étranger ?… Allons… dîtes oui !… Ah ! cependant, permettez !… je vous dis que vous aurez ici liberté tout entière, mais je crains que vous n’y trouviez aussi de l’ennui, parce que chacun, d’après mon exemple, y vit pour soi jusqu’à l’heure du dîner !… Je ne vous garantis donc pas l’ennui ; c’est une chose contre laquelle nous n’avons pas encore de compagnie d’assurance…

— Vous insistez avec tant d’obligeance, monsieur, répondit le général de Sorcy en pressant cordialement à son tour la main de Van-Rosslyn, qu’il serait incivil à moi de refuser votre offre ; j’accepte donc aussi franchement que vous le proposez… et je reste…

— Par dieu ! vous êtes un brave homme, s’écria M. Van Rosslyn !… je vois que nous serons amis !…

— Est-ce le pavillon du parc qu’il faut faire préparer, mon oncle ? dit une voix fraîche et pure comme le serait un son de flûte passant sur des roses… Le général se retourna vivement, et se trouva devant une jeune fille à peine âgée de dix-huit ans, et la plus ravissante créature que ses rêves de jeune homme lui eussent jamais présentée !… raconter ce qu’elle était n’est pas possible. Dans le nombre des choses qui échappent à l’analyse, est bien certainement le charme par lequel plaît une femme. Cette magie de l’œil, du sourire qui soumet en agissant, comment la faire comprendre ?… et toute une âme, avec ses nobles et brûlantes inspirations qui se révèlent en passant comme un éclair par le regard, il la faut subir cette puissance pour la comprendre… on la raconte, mais on ne la peint pas…

Je vous ai dit qu’elle avait dix-huit ans, cette jeune fille si charmante. Ses cheveux étaient noirs, sa peau blanche comme un satin doublé de rose ; elle avait enfin tout ce qui fait une jolie femme ; et tout cela était plus complet en elle qu’Alfred de Sorcy ne l’avait vu dans aucune autre.

Elle était vêtue d’une robe de mousseline blanche, et avait devant elle un tablier de moire noire. Ses cheveux étaient relevés par un peigne d’écaille, et elle tenait à la main un grand chapeau de paille : elle revenait du jardin.

En voyant un étranger avec son oncle, elle s’était arrêtée et avait entendu leur conversation… et tout aussitôt, avec ce naturel naïf de la jeune fille joint à l’hospitalité cordiale de la femme flamande[1], elle avait confirmé l’invitation de son oncle, ne pouvant croire qu’elle fût refusée. En voyant le général la regarder avec une sorte d’étonnement admiratif, elle rougit et sourit en même temps… mais sans embarras, et répéta seulement d’une voix moins élevée :

— Faut-il préparer le pavillon du jardin, mon oncle ?

— Oui, mon enfant… donne les ordres à l’instant… Général, c’est ma niéce Sarah Weistz : la fille d’une sœur bien-aimée que j’ai perdue il y a dix ans ! Elle mourut à Batavia, dont son mari était gouverneur… il la suivit de près… et l’on m’amena un jour cette petite… avec une fortune à faire prospérer… une belle fortune, ma foi !… comme si Dieu pouvait lui rendre dans cela ce qu’il lui enlevait !… Allons, va, mon enfant !…

Il l’embrassa et la jeune fille, s’élançant bondissante dans le parc, disparut bientôt à travers les arbres.

— Oui, poursuivit M. Van-Rosslyn, paraissant suivre une pensée intérieure, depuis le jour où elle est entrée dans ma maison, la joie et le bonheur s’y sont établis avec elle : toutes mes affaires pécuniaires réussissent… Elle est tellement pour nous un génie bienfaisant, que les domestiques eux-mêmes ont pour elle une sorte de superstition. Ils sont convaincus qu’une affaire dont elle se charge, par exemple, est une affaire heureusement engagée, et, s’il faut le dire, c’est la vérité. Mes propres affaires… mes relations commerciales, eh bien ! je prends presque toujours son conseil ; non seulement il est heureux, mais judicieux. Mon fils et sa sœur la regardent comme une mère, et pourtant Sarah est plus jeune que Fritz, mais elle est si charmante dans sa domination, que tout le monde veut lui obéir. Ainsi, d’après ce que je vous ai dit, vous devez comprendre que cette domination doit être facile à supporter… Maintenant, général, allons à votre logement.

Et le digne négociant ramenant autour de lui sa vaste robe de chambre, faite d’une magnifique étoffe de la Chine, et n’ayant pour chaussure que des babouches brodées et vraiment truques, se mit à marcher devant son hôte, pour lui montrer le chemin. En quelques secondes ils arrivèrent à un pavillon de forme chinoise, et dont l’intérieur était meublé entièrement d’objets et de meubles venant directement de la Chine. La tenture, les fauteuils, les tapis, les vases, les lampes même, c’est-à-dire les lanternes, enfin tout le mobilier de ce pavillon était venu du pays auquel il empruntait son nom. Lorsque le général arriva, il trouva son valet de chambre déjà occupé à mettre son bagage en ordre, et recevant les ordres de Sarah.

— Vous porterez le linge de votre maître à la lingerie pour qu’il y passe l’inspection de la femme de charge, lui disait-elle au moment où Alfred entrait dans la chambre. Elle arrangeait en même temps elle-même des fleurs parfaitement belles dans des vases du Japon, et ne parut nullement embarrassée de la venue trop prompte du maître de l’appartement[2] : Vous auriez dû faire marcher monsieur plus lentement, mon oncle !… N’oubliez pas de lui montrer le chemin de la serre… en cas de pluie.

Et s’inclinant légèrement, elle fut bientôt hors de la vue, emportant les fleurs qu’elle n’avait pu placer, laissant après elle une trace parfumée qui révélait le passage d’une femme, d’une manière charmante.

— Allons, dit M. Van-Rosslyn, vous voilà installé. Je sais, par ce que me dit M. Martin, que votre position exige de la prudence… nous en aurons. Songez d’abord à bien vous établir céans : voilà l’essentiel… Adieu, mon hôte… je vous laisse en liberté, la cloche vous avertira. Ah ! j’oubliais la recommandation de Sarah !… regardez.

Et poussant un ressort caché dans le feuillage de la bordure d’une glace, la glace se retira d’elle-même, et laissa voir le plus ravissant coup-d’œil.

Cette glace, en rentrant dans le mur, formait une ouverture de quatre ou cinq pieds qui permettait de voir une longue galerie vitrée, servant de serre et remplie de plantes rares et exotiques et des fleurs les plus suaves… Cette galerie avait dans le milieu, comme toutes les serres, des arbres fort élevés, des palmiers, des cocotiers, tandis que les bas-côtés formaient une large plate-bande remplie d’héliotropes, de réséda, de jasmins et des fleurs les plus odorantes : les murs en vitres de la serre étaient tapissés par la plus belle des crucifères, la fleur de la passion ; non pas la nôtre, cette fleur jaune sale et d’un bleu pâle, mais celle que les Anglais cultivent avec un grand succès ; elle est écarlate et donne un fruit excellent[3].

Au moment où cette glace, en se retirant, donna entrée à l’air de la serre, une vapeur embaumée se répandit dans l’appartement.

— Qu’est-ce donc que le lieu où je suis ? s’écria Alfred. C’est une magie !… oh !…

Et s’appuyant contre l’ouverture, il eut le besoin de se recueillir un moment : ses impressions étaient trop vives, elles se succédaient avec une telle rapidité qu’un moment il y eut vertige… il ferma les yeux et demeura immobile… car il y avait bien des souvenirs dans ces parfums !… M. Van-Rosslyn le regardait avec surprise… Ce jeune homme, à peine sorti de la première jeunesse, et revêtu d’un de ces grades militaires qui ne se donnent qu’au mérite, était là exilé loin des siens, et pourtant innocent !… et paraissait avoir une âme jeune et primitive ; car il jugeait les hommes à sa façon, M. Rosslyn.

— Je ne crois pas devoir me méfier de cet homme-là !… disait-il après avoir demeuré une heure avec un inconnu qu’il voyait pour la première fois ; il aime les fleurs, la belle nature, et la musique le fait pleurer ! Je confierais ma vie et la clef de ma caisse à cet homme.

— Mon père, disait Fritz en souriant, ne pourriez-vous pas le connaître un peu plus avant d’en venir là  ?…

— Non, non, disait le bon Flamand, je ne veux pas d’autre épreuve : là où la nature trouve du retentissement dans le cœur d’un homme… il y a du bon.

Et il n’abandonnait jamais cette pensée, qui elle-même ne pouvait venir que d’un cœur honnête.


  1. Voyez, à cet égard, les charmans articles de M. H. Berthoud.
  2. Le pavillon, tel que je le décris, existe à Paris même dans la belle maison de M. et madame Panckouke. Cette maison renferme plusieurs salons dont les meubles et les ornemens sont venus directement du pays dont ils rappellent les usages et les mœurs. Ainsi une salle est toute égyptienne, et tout ce qu’elle renferme est positivement égyptien. Le salon chinois dont j’ai parlé est peut-être le plus entièrement complet, quoique les autres le soient bien. Il y a une chaumière zélandaise mais non pas du Zélandais de l’Académie des sciences1. Il y a ensuite une salle romaine qui renferme un musée aussi et même plus riche que bien des musées en Europe. La collection de vases étrusques est admirablement belle. La chambre ou plutôt les chambres du moyen Age rappellent le treizième siècle dans toute sa pureté, non seulement par l’ameublement, mais par d’admirables boiseries sculptées dans le treizième siècle. Il y a dans ces chambres des objets de la plus grande valeur, ainsi que tous les ustensiles de ménage et ce qui servait à la toilette des femmes pour se coiffer surtout à cette époque. Je ne puis le décrire, mais ce que je puis, pour faire partager mon admiration, c’est de souhaiter aux curieux d’être admis dans cette maison, où l’on trouve ce qui est bien plus précieux que tous ces trésors dont je viens de parler : c’est le maître et la maîtresse de la maison avec leurs cœurs d’or et leur bonté parfaite. Cette cordialité patriarchale derrière laquelle on trouve, avec un charme inexprimable, tout ce qui attacherait seul et ferait naître le désir d’être l’ami de personnes aussi supérieures. M. Panckouke, auteur-éditeur des Victoires et conquêtes, vient de publier la plus belle, la seule traduction de Tacite que nous ayons, et c’est à M. Panckouke que nous devons cette belle traduction. Je ne puis dire qu’il a surpassé ses devanciers, parce qu’il les laisse si loin derrière lui, qu’on les oublie ou qu’on les ignore. Et madame Panckouke, agréable, excellente personne, dont l’esprit fin et gai, la bonté, si je puis parler ainsi, cachent (quelques instans seulement) un esprit sérieux, encore plus supérieur, et les talens les plus ravissans !… Élève de Redouté, elle le surpasse, selon moi, dans les grands tableaux de fleurs ; sa maison est remplie de ses ouvrages ; plus de trois cents tableaux de fleurs, dont quelques-uns de quatre pieds sur trois, ornent cette retraite enchantée. Oh ! oui, c’est le souhait le plus doux qu’on puisse adresser à quelqu’un que celui de se faire introduire chez M. et madame Panckouke, et surtout d’être leur ami.

    Leur existence est parfaitement heureuse. Possédant une grande fortune, dont la source est aussi honorable qu’aucune de celles que nous voyons même dans les positions les plus élevées, ils en font un noble usage, ils protègent les arts. M. Panckouke a beaucoup étudié Gudin, et dans les nombreux tableaux dont son pinceau a enrichi sa belle maison, on reconnaît le faire de cet habile maître.

    Tous deux musiciens, ils attirent chez eux ce que Paris voit et renferme de grands talens, de notabilités en tous genres. Les Jeudis de M. et madame Panckouke sont connus pour des réunions où l’on entend de la musique parfaite… Il achète des tableaux des grands maîtres ; c’est lui qui vient d’acquérir le beau fragment de Gérard (sa Junon), belle partie d’un grand tableau inachevé. — M. Panckouke vient de faire faire des meubles pour un cabinet, qui sont d’une magnificence royale. Ce sont des fauteuils en bois d’ébène ; sur les bois sont appliqués des camées antiques, des mosaïques de Florence, de magnifiques agathes, et tout cela d’une dimension telle, que l’on ne peut croire à la réalité de ce qu’on voit ! Mais ce qui accompagne les fauteuils est plus beau encore. C’est un secrétaire et deux casiers également en ébène : les portes sont faites de trois tableaux d’une immense dimension, peints par madame Panckouke avec la perfection de talent qu’on lui connaît. Le secrétaire a pour ornement une magnifique collection de médailles d’or antiques et modernes, et du plus grand prix, ainsi que des agathes et des camées. Je ne puis dire combien c’est vraiment une belle chose que ce cabinet ainsi meublé. — Il s’y trouve une foule de raretés ensuite que je ne puis même énumérer.

    Il y a à Paris beaucoup de maisons richement et élégamment meublées, mais aucune n’approche de celle de M. Panckouke. Nulle ne peut présenter, comme la sienne, un luxe réel, et non pas celui d’un tapissier bien dirigé, accompagné de quelques tables en mosaïque de Florence, quelques bronzes, quelques tableaux, quelques niaiseries enfin. — Ici tout y est avec une abondance de richesses qui étonne d’abord, mais qui procure de vives jouissances au savant.

    M. et madame Panckouke possèdent à Fleury, près de Meudon, une campagne où ces mêmes richesses se retrouvent encore, en y ajoutant des trésors du temps de Louis XV. — Et puis, une serre remplie des plus belles fleurs exotiques qu’il y ait dans une serre de particulier. Devant cette serre, sur une petite esplanade, on voit plus de vingt vases du Japon d’une telle dimension, qu’on pourrait facilement y faire baigner un enfant de six ans. Ils sont magnifiques ; ils contiennent des fleurs rares, des cactus, etc., etc.

    1. On sait que ce n’était qu’un matelot qui, ayant fait naufrage en Zélande, en avait pris quelques coutumes, avec lesquelles il mystifiait les savans.
  3. Il est de la grosseur de cette énorme prune jaune que nous avons en France et dont on fait les pruneaux ; on le coupe par la moitié ; en y mettant du sucre pour corriger son acidité, on y retrouve le goût de l’ananas. On en mange beaucoup en Angleterre, où il est fort recherché.