L’Idylle éternelle/À la mieux aimée

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 38-39).


À
la mieux aimée


Quand je tiens dans mes bras votre petite sœur,
Et que sa tête rose
Avec un abandon qui n’est pas sans douceur
Tout contre moi se pose,
 
Vous riez. Mais, un soir, si le besoin, soudain
Vous prenait d’être aimée,
Si vous veniez à moi dans le fond du jardin
Souriante et charmée,


Chère, je vous prendrais comme un petit enfant
Sur mes genoux assise ;
Vos deux bras me feraient un collier triomphant
D’une douceur exquise ;

Noyé dans vos cheveux, paradis amoureux
Où mon baiser se joue,
Je poserai : mon front, ô cher bébé peureux,
Le long de votre joue ;

Et je te bercerais en te disant tout bas
Des choses très anciennes,
Ces chansons de l’amour que surent, n’est-ce pas,
Tant de musiciennes.