L’Idylle vénitienne/L’Heure Triste

La bibliothèque libre.
Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 103-104).


XVIII

L’HEURE TRISTE


Le bateau rose du soir, au bout de la mer bleue, s’incline et chavire… Dans la pergola, l’étoile du berger — regarde ! — a l’air d’être un fruit vermeil, suspendu à la clématite…

C’est le moment de pleurer notre larme quotidienne ! Mets ton chapeau… ouvre tes bras… serre ma tristesse contre ta tristesse… dis : « À demain ! À toujours ! À toujours ! »… et, avant de baisser ta voilette, laisse-moi lire, dans tes yeux, — pour que je puisse, cette nuit, quand je serai seul, me la réciter, — une ligne de ton âme… de ta pauvre âme nostalgique et tendre comme un sonnet d’Albert Samain !