L’Idylle vénitienne/Résignation

La bibliothèque libre.
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Résignation.
Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 71-73).


IV

RÉSIGNATION


Écoutez !… L’hiver est là, tout proche ! Il rôde autour du jardin ; il regarde par-dessus le mur ; il n’a plus qu’à pousser la porte…

Bientôt, nous nous dirons adieu ; nous pleurerons… Le train sifflera… Et nous ne nous reverrons jamais, et nous ne serons que des souvenirs…


Quinze jours encore, cependant !… Quinze jours pour, enfin, être heureux, si vous le vouliez !… Mais vous êtes la Très Sage, et vous baissez les paupières, vous rougissez, vous faites « non » de la tête.


Aussi, c’est juste, je suis trop difficile ! Pourquoi ne pas me contenter de cette fleur qu’est votre âme et que vous m’avez donnée, et des turquoises de vos yeux, et des rubis de votre gorge, et de l’anneau de corail que, chaque soir, dans la gondole, — tandis que votre mari, près de nous, rêve aux étoiles, — je glisse, en cachette, à mon doigt !