L’Image de la femme nue/17

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Flammarion (p. 114-121).

XVII

Flavie.

Flavie dormait.

Elle s’était endormie en lisant, à la lueur d’une haute lampe posée sur la table de nuit et qui éclairait toute la chambre, — une chambre vaste, très simplement meublée de quelques chaises, d’un secrétaire en acajou et d’un guéridon, aérée de deux fenêtres aux persiennes closes, et dont le lit adossé au panneau de gauche se trouvait dans la partie la plus éloignée de la porte.

Stéphane referma avec précaution, fit quelques pas, et regarda longtemps la jeune femme. À cause de la chaleur elle n’avait remonté le drap que jusqu’à sa taille, mais sa chemise de toile, si fine qu’elle fût, ne laissait rien deviner de son buste ni de ses bras. Le visage gardait un ait de grand apaisement. Sa coiffure, dérangée, montrait en désordre des boucles fauves.

Le parquet craqua sous le tapis. Dans ce premier sommeil, moins profond, elle dut avoir la sensation d’une présence. Ses paupières battirent. Elle ouvrit les yeux, s’effraya de cette vision, puis, comprenant, se dressa, la face tendue, les bras raidis, et balbutia :

— Allez-vous-en !… C’est une honte !… Allez-vous-en !

Stéphane hocha la tête. Il vacillait sur ses jambes. Mais il était résolu.

— J’ai à vous parler, dit-il.

Elle répéta avec égarement :

— Allez-vous-en !… Si vous faites un pas…

L’idée d’être au lit, si près de cet homme, devait lui paraître intolérable, car elle attrapa, sur une chaise, un peignoir de mousseline, s’en enveloppa et fut debout, d’un mouvement rapide. La figure était farouche. Il la sentit implacable, toute concentrée en elle-même pour opposer une résistance forcenée, s’il osait mettre la main sur elle.

Pour l’instant, Stéphane n’avait d’autre intention que de l’adoucir, de s’expliquer et d’étouffer sa propre émotion. Jamais aucune circonstance de sa vie ne lui avait paru plus solennelle. L’idée de la mort palpitait en lui.

— Vous n’avez rien à redouter, Flavie. Mais il faut que vous sachiez que je vous aime… Il faut m’écouter… C’est votre départ qui me rend fou… Oui, oui, j’ai eu tort l’autre jour… et ce soir, ce que je fais est odieux… Mais je suis fou… je vous aime…

Elle ordonna âprement :

— Allez-vous-en !… Quelle honte ! Vous, le fiancé de Véronique…

Il protesta avec véhémence :

— Elle ne m’aime plus… elle en aime un autre…

— Ce n’est pas vrai !…

— Elle a rompu… elle me fuit… vous le savez bien.

Sans faiblir, elle répéta :

— Allez-vous-en… je vous hais… Mais partez donc !

Il fut persuadé qu’il ne disposait pas d’une minute pour la fléchir. Avant une minute, elle sonnerait, elle appellerait au secours, elle se jetterait par la fenêtre, ou se livrerait à quelque geste de démence. L’idée de cette révolte indomptable l’exaspéra. Entre elle et lui, il ne pouvait donc y avoir aucune douceur, aucun accord ? L’un devait vaincre l’autre, et tout de suite, sans répit ?

Il dit encore quelques mots, et la supplia de toute sa passion effrénée. Mais elle n’entendait pas. Elle ne cessait de proférer, d’une voix rauque :

— Allez-vous-en… je vous hais… Vous êtes un misérable…

Il avança vers l’angle du lit, et trois mètres, deux mètres au plus les séparèrent… la longueur de cette couche à laquelle, tous deux, maintenant, pensaient comme à un champ de bataille. Si elle avait seulement consenti à l’écouter, il eût cédé. Mais, à l’encontre de ce qu’il y avait en lui de généreux, il était soulevé par une volonté barbare, et rien ne pouvait plus le satisfaire que le dénouement magnifique qui lui apparaissait soudain comme possible.

De son bras qui tâtonnait, elle chercha la lampe pour l’éteindre. On se défend mieux dans la nuit. Mais elle y renonça, une seconde de distraction pouvant la perdre. Ils ne se quittaient pas des yeux, attentifs aux attaques et aux feintes. La même énergie les animait l’un contre l’autre.

Le sifflet du bateau suspendit l’agression.

Stéphane ricana :

— Il vous appelle ?…

— Qui ?

— Jean de Milly.

Elle haussa les épaules.

— Ce n’est pas lui.

— Qui, alors ?

— Séphora. Le bateau de Zoris l’a ramenée. Je l’ai vue.

— Oui, oui, fit-il… vous dites cela, mais qui m’affirme que ce n’est pas lui ?

Il perdait la tête, et tout à coup, il éclata :

— Mais avouez-le donc ! C’est votre amant… Avouez-le !

Elle dit à voix basse :

— Il a été mon amant.

Il se rua vers elle, avec un cri de douleur :

— Ce n’est pas vrai… Je ne veux pas croire…

Elle prononça à nouveau :

— Il a été mon amant… mon amant d’une nuit…

— Non, non, Flavie… vous, un amant ! Oh ! je vous en supplie, dites-moi que ce n’est pas vrai… C’est au-dessus de mes forces…

Ils se retrouvèrent dans la même position que lors de leur dernière entrevue, dans le salon, debout l’un contre l’autre. Et il revit en elle cette même expression ambiguë, faite de défi et d’appel, qui la rapprochait de la Vénus… Déformation des traits, par quoi se trahissaient sans doute son mépris, sa fureur et une sorte de cruauté féminine. Il frémit d’admiration et de convoitise. Jamais aucune femme ne lui avait paru plus pathétique et plus attirante.

— Que vous êtes belle ! murmura-t-il. Comment pourrais-je renoncer ?

Il avança la main vers son épaule, presque timidement, comme on le ferait vers une proie qu’il serait sacrilège d’effleurer. Le buste se déroba. Stéphane se pencha cependant, et, s’il ne put toucher l’épaule même, il agrippa du moins, comme avec des griffes, deux poignées d’étoffe, de ces étoffes légères qui la recouvraient. Elle se débattit, saisit les bras, pesa de toutes ses forces pour leur faire lâcher prise. Mais l’étoffe craqua. Une déchirure se produisit par où brilla un peu de chair. La chair de Flavie ! C’était la première fois qu’il l’entrevoyait. Hors de lui, il accentua son geste et découvrit les épaules. Flavie se révolta. Mais, brusquement, dans un effort irrésistible, qu’elle ne put prévenir, il déchira du haut en bas, dévoilant d’un coup la statue.

Elle eut un gémissement d’horreur et voulut s’enfuir, mais Stéphane s’était jeté à genoux, lui entourait la taille de ses deux bras crispés, et baisait éperdument cette gorge dont il avait tant rêvé, qu’il cherchait depuis des mois, et qui était bien celle de la Vénus, d’une richesse excessive, sans fléchissement dans sa splendeur. Froide d’abord, presque glacée, ainsi que tout ce corps saisi d’épouvante, sous les mains fiévreuses de Stéphane, elle se réchauffait peu à peu, comme si le sang affluait de toutes parts, jusqu’aux pointes dressées.

Flavie luttait sauvagement, mais plaquée contre le bois du lit, serrée dans l’étau des bras, ne pouvant ni reculer ni bouger, elle devait subir l’assaut des caresses et abandonner à l’ennemi la chair la plus sensible de son être. Ses mains épuisées, collées au front de Stéphane, ne pouvaient plus défendre le terrain conquis et, de proche en proche, l’onde du désir coulait dans ses veines, elle balbutiait :

— Quelle honte !… Quelle infamie !

Il entendit aussi, sans les distinguer, d’autres mots et d’autres insultes, qui formaient, plutôt que des expressions de désespoir, la plainte alanguie de la béatitude.

Stéphane desserra un moment son étreinte pour admirer le visage pâmé. Ce fut un tort. Elle profita du répit, et, dans un sursaut imprévu, dénoua l’enlacement, repoussa violemment la tête de Stéphane, et tomba à la renverse sur le lit. Aussitôt, elle tenta de se glisser de l’autre côté. Mais, tout de suite, il la reprenait aux épaules, la courbait, s’inclinait sur elle et cherchait ses lèvres.

— Non ! non ! cria-t-elle, je vous hais… Ah ! l’ignominie !… Je ne veux pas… J’aimerais mieux mourir !…

Elle se convulsa, comme une bête fauve qu’on veut dompter. Elle opposa vraiment une résistance implacable. Elle le mordit, le griffa, tenta l’impossible, parut lui échapper… et soudain sans transition, ouvrit les bras, s’étendit tout de son long, les bras en croix, les jambes allongées, et murmura en offrant sa bouche et tout son corps pantelant :

— Oh ! prends-moi… prends-moi… je ne peux plus… prends-moi. Tout ce que tu veux… Prends-moi, mon chéri.

Elle eut alors quelques secondes d’immobilité, et demeura dans l’attente, les paupières closes, soupirant d’une voix qui suppliait :

— Prends-moi… Fais de moi ce que tu veux… ne me laisse pas réfléchir… Prends-moi… prends-moi.

On eût dit qu’elle s’abandonnait par épuisement, comme une proie vaincue et soumise. Mais quand il joignit ses lèvres aux siennes, et qu’elle sentit son approche, elle fut secouée d’un grand frisson, se souleva vers lui, l’étreignit dans ses bras, et se livra tout entière, avec un emportement que rien n’apaisait, et une telle frénésie dans la volupté qu’elle semblait, chaque fois, atteindre aux limites mêmes où la vie va se briser.

Elle n’eut certes pas le temps de réfléchir pendant une heure. Son désir inassouvi et le désir renouvelé de Stéphane ne leur laissèrent aucun repos. Cependant, au plus fort de leurs étreintes, lorsqu’elle gémissait, entre les lèvres de Stéphane, des mots d’amour et de volupté, ses joues étaient mouillées, et il avait dans la bouche le goût amer de ses larmes.

— Prends-moi, disait-elle en pleurant et en souriant. Prends-moi… Prends-moi…

Enfin, exalté par la joie, il eut le loisir d’observer le cher visage que l’extase embellissait encore, et il s’étonna de le trouver maintenant calme, serein, certes rayonnant d’ardeur sensuelle, mais comme pacifié et affranchi du masque impudique qui le dénaturait parfois. Étaient-ce les larmes qui l’inondaient ainsi de cette grâce enfantine qu’il avait souvent remarquée, aux mêmes minutes, chez Véronique ?

Il en fut tout attendri, et, appuyant sur son épaule la tête de la jeune femme, il demanda :

— Pourquoi pleures-tu, Flavie ?

Elle ne répondit pas, d’abord. Il insista :

— Si tu es heureuse, pourquoi pleures-tu ? Malgré tout, j’ai l’impression de ta tristesse… Rien n’est plus désolé que ton sourire.

Elle garda longtemps le silence. Ses larmes coulaient encore. Il reprit :

— Est-ce que tu regrettes ?

Elle avoua, d’un signe de tête. Il tressaillit :

— Tu regrettes, Flavie ? Est-ce possible ?

— Pourquoi veux-tu savoir ? N’es-tu pas heureux, toi ?

— Heureux comme je ne pensais pas qu’on pût l’être… Tu es dans mes bras… Rien ne peut faire que je ne t’aie possédée… C’est une joie surhumaine, que je n’espérais pas. Mais toi, Flavie, toi ? Qu’est-ce que tu regrettes ? Que je t’aie prise ?

— Que tu m’aies prise avant que nous ayons eu le temps de nous aimer, prononça-t-elle lentement.

— Mais je t’aime, Flavie.

— Et moi, je t’aurais aimé… et je t’aimais déjà. Mais il fallait attendre, Stéphane, et ne pas abîmer notre amour…

— Oh ! que dis-tu, Flavie ?

Avec une pudeur inhabile, elle noua, autour de ses épaules, son peignoir qui ne cachait rien d’elle, et, reprenant sa place contre Stéphane :

— Tu ne peux pas comprendre… et cependant, il faut que tu comprennes… même si tu dois souffrir… Entre nous, il ne faut pas de mensonges… Écoute, Stéphane… écoute-moi bien… Je n’ai pas aimé Jean de Milly. J’étais l’amie de sa sœur, qui habitait Marseille… Lui m’aimait… Ils m’ont entraînée sur leur yacht… Jusque-là, je vivais libre, mais très innocente, n’ayant pas subi l’influence de Zoris… Je ne savais rien de la vie… Et, une nuit, il est entré dans ma cabine…

— Et tu as cédé… fit Stéphane douloureusement.

— Comme aujourd’hui… après la même lutte…

— Et avec le même emportement…

— Tais-toi… n’en parlons pas… c’est un souvenir abominable… un cauchemar…

Il scanda, méchamment :

— Un cauchemar heureux… pour toi… pour lui…

— Non, non, dit-elle vivement, à genoux sur le lit, et lui serrant la tête de ses deux mains… Non, je te le jure… J’étais à bout de forces, et il n’a senti que mon dégoût et ma fureur… Je me suis enfuie… je ne l’ai plus revu que l’autre jour, quand il est venu m’annoncer la mort de sa sœur… Mais, moi, je savais…

— Tu savais quoi, Flavie ?

— Ma faiblesse, dit-elle à voix basse et plus près encore de lui… Et, depuis, vois-tu, j’ai peur… Quand les hommes m’approchent et que je devine leur regard qui m’épie et qui me cherche, j’ai peur de moi et du vertige qui m’envahit. Je suis vraiment l’Impudique. Tout est impudeur et luxure en moi… Ma bouche, ma poitrine… Tout se livre et s’offre… Il me semble que je vais m’évanouir… J’ai peur…

— Peur de toi, Flavie ? pour une seule défaillance ? Avoue qu’il y a d’autres raisons.

— Il y en a d’autres, dit-elle sourdement. Il y en a une autre, qui est en dehors de moi, et que je connais par Zoris. Un jour, en revenant de ce voyage affreux, j’ai dû repousser son amour, et, par vengeance, il m’a raconté… Ah ! ne m’interroge pas, Stéphane… Toute cette souffrance de vivre, toute mon angoisse, c’est cela, c’est à cause de cela surtout que j’ai perdu confiance en moi, que j’ai fui les hommes, que je me suis réfugiée en Dieu. Lui seul pouvait me protéger…

Il l’entoura de ses bras et murmura :

— Cependant… moi… Flavie, tu ne m’as pas fui ?…

— Oh ! toi ! dit-elle… cela n’a pas été pareil. Tu étais à mes yeux le fiancé de Véronique… Comment me serais-je défiée ?

— Véronique en aime un autre, Flavie.

— Non, non, je suis sûre que non. Par lâcheté, à mon insu, j’ai voulu le croire également. Mais ce n’est pas vrai. Elle s’éloigne par jalousie et par souffrance, et le drame qui se passe en elle, nous avons préféré ne pas le voir, pendant que je te retrouvais chaque jour avec tant de plaisir ! Oh ! tant de plaisir ! Tout de suite, j’ai eu pour toi, comme c’est étrange ! une amitié profonde, de l’affection. Je ne me suis doutée de rien, ni de tes sentiments, ni de ceux qui s’insinuaient en moi, peu à peu. C’est seulement le jour où tu m’as pris la bouche que tout s’est éclairé… Ah ! Stéphane, pourquoi n’as-tu pas attendu ?… Je redevenais confiante, normale, heureuse, tranquille… Et puis, ton désir m’a bouleversé… J’ai voulu partir… Il était trop tard… Je ne pouvais plus… J’avais peur de te revoir… et cependant je souhaitais ta venue, de tout mon instinct, de tout mon désir contenu… Dès le moment où je t’ai aperçu, tout à l’heure, j’étais à toi… J’ai été courageuse contre moi… Mais, à quoi bon ? Tu as vu, Stéphane ?… tu as vu ? Le vertige m’a étourdie… et je me suis livrée à toi sans pudeur, comme une fille…

— Comme une femme qui aime, s’écria-t-il avec exaltation. Comme une femme qui sera ma femme pour la vie. Tu t’es livrée par amour.

— Par désir, et en dehors de ma volonté. Quand on aime Dieu, on ne se donne pas ainsi.

— Quand on aime un homme qui vous aime, et qui n’a jamais aimé on se donne avec cette même joie et cette même folie.

— Pas avec cette impudeur.

— Il n’y a pas d’impudeur dans l’amour, Flavie.

— Il y en a dans le désir… et je ne réponds pas de moi… Voilà deux fois que je m’abandonne… Je n’ai pas de force. Je perds la tête… Ah ! j’ai peur de moi… J’ai peur…

Mais Stéphane la réconfortait :

— Reprends confiance. Mon amour te rendra le respect de toi-même… Ton désir ne naîtra plus qu’en réponse au mien… Et tu seras heureuse. Mais cela, c’est l’avenir, et que peux-tu craindre, puisque je ne te quitterai pas ? Tu es ma fiancée, ma pure et chère fiancée…

Il parla longtemps. Elle se laissait bercer au gré des douces phrases et des promesses apaisantes. Quand ils se levèrent, elle était conquise par l’espoir. L’un et l’autre, ils éprouvaient un grand besoin de sacrifice et un grand contentement à l’idée de ces belles fiançailles durant lesquelles la vie recommencerait dans la pudeur et la chasteté, et les mènerait vers l’union permise.

Stéphane se revêtit.

Flavie, debout près du lit, dénoua, pour le remettre, le peignoir qu’elle avait enroulé autour de ses épaules. Il admirait ses mouvements. Mais pouvait-il admirer longtemps cette chair savoureuse vers laquelle ses mains se tendaient avidement ?

Flavie rencontra ses yeux et rougit. Elle ne baissa pas les siens. Il revit le sourire insinuant de la Vénus, et elle retomba sur le lit en lui ouvrant les bras, avec des mots d’appel et un débordement de passion qui s’achevait en sanglots.

Un peu avant l’aube, Stéphane entre-bâilla la porte, et laissa la jeune femme endormie.

En passant d’une chambre à l’autre, il lui sembla qu’une silhouette se dissimulait dans l’ombre du couloir, mais, croyant à une erreur, il n’y fit pas attention. Et il traversa la chambre vide de Lœtitia et s’assura que l’échelle de corde était toujours bien fixée.

Il allait enjamber la balustrade, lorsqu’il fut retenu par le bruit d’une détonation, suivi d’un grand cri. Il retourna en courant du côté du couloir, et fut surpris de rencontrer Séphora, qui lui dit anxieusement :

— Vous avez entendu ?

Élianthe arrivait, effrayée, stupéfaite de voir Stéphane. Que se passait-il ? Puis Irène Karef s’en vint aussi.

Mais la chambre de Flavie s’ouvrit brusquement et, sur le seuil, chancelante, un revolver à la main, parut Véronique. Elle tomba à genoux. Elle balbutiait, comme démente :

— Je l’ai tuée… Je l’ai tuée…

Ils se précipitèrent tous.

Flavie gisait sur le lit, ses deux mains serrées contre sa poitrine, ses deux mains rouges de sang.

Elle gémissait de douleur.

Stéphane n’eut que le temps de se jeter sur Véronique et de lui saisir le bras. Elle avait tourné son revolver contre elle-même.

Le coup partit. La balle frappa le mur.