L’Impératrice Marie-Thérèse et la marquise de Pompadour

La bibliothèque libre.
L’Impératrice Marie-Thérèse et la marquise de Pompadour
Revue des Deux Mondes3e période, tome 23 (p. 456-468).
L'IMPERATRICE MARIE-THERESE
ET
Mme DE POMPADOUR

Geschichte Maria Theresia’s, von Alfred Ritter von Arneth, 8 vol. ; 1862-1877.

Il n’est sans doute besoin ni de beaucoup de phrases, ni de grands mots pour recommander la belle Histoire de Marie-Thérèse à laquelle M. d’Arneth travaille depuis plus de quinze ans, et c’est l’avoir déjà louée que d’en avoir seulement nommé l’auteur. Peu d’écrivains ont rendu plus de services à l’histoire politique du XVIIIe siècle. Non-seulement en effet M. d’Arneth, — si nous ajoutons à son Histoire de Marie-Thérèse son Histoire du prince Eugène de Savoie, — se trouve avoir écrit véritablement les annales de l’empire depuis 1700 jusqu’en 1780 ; mais encore il faut compter ces précieuses correspondances, tirées des archives de la maison d’Autriche, dont la publication ne fait pas moins d’honneur à la libéralité du souverain qui l’a permise que les notes et les éclaircissemens qui les accompagnent en font à la sagacité de l’éditeur, à l’étendue de ses informations et à la sûreté de son érudition d’historien. Ce sont déjà douze volumes[1] de pièces originales et inédites, qui forment la preuve suivie du récit de M. d’Arneth, qui sont comme les épisodes de ses recherches, ses bonnes fortunes d’archiviste, et dont quelques-unes, — les lecteurs de la Revue peuvent s’en souvenir, — n’intéressent pas plus l’histoire de la politique autrichienne que l’histoire de France et l’histoire même des approches de la révolution.. — L’œuvre n’a pas fait défaut à la matière, et non moins habile à disposer de tant de ressources que patient à les réunir, c’est un monument digne d’elle que M. d’Arneth aura bientôt achevé d’élever à la grande mémoire de Marie-Thérèse, un monument vraiment digne d’une grande souveraine et d’une grande nation. Il faut avouer que les étrangers ont une autre manière que nous d’écrire leur histoire nationale. On ne les voit pas affecter d’être obstinément rebelles au respect et, sous un faux semblant d’impartialité, rétifs à l’admiration ; mais surtout, ils ne semblent pas croire, — et ils ont raison, — que ce soit déroger à la justice de l’histoire que d’appliquer une autre mesure à ceux qui ont eu charge d’âmes et de peuples, une mesure plus large, plus généreuse qu’à ceux qui n’ont eu qu’eux-mêmes et eux seuls à gouverner dans cette vie. Ils ne cherchent pas d’abord le point faible, ils n’insistent pas sur les petits côtés, ils n’appuient pas sur le ridicule, ils négligent même certains détails qui n’ont en effet rien de commun, ou peu de chose, avec l’histoire : vous diriez qu’ils se soucient médiocrement de savoir que, si Louis XIV paraissait grand, cela tenait à ses souliers dont les talons étaient très hauts, mais qu’en réalité il était d’une taille fort ordinaire. Il leur arrive enfin souvent de compenser les vertus et les vices, les qualités et les défauts, les succès et les revers, et, quand ils racontent l’histoire de Marie-Thérèse ou de Frédéric le Grand, s’ils pèchent par quelque endroit, ce sera plutôt par excès d’admiration ou même d’enthousiasme. En France, nous ne sommes pas assurés que Louis XIV fût un grand roi. Quand nous interrogeons les cartes, il vient même à quelques-uns des doutes sur la valeur des combinaisons stratégiques de Napoléon. Notre mission dans la littérature historique est de dédorer les idoles.

La plupart de nos historiens se sont montrés sévères pour Marie-Thérèse, sévères jusqu’à l’injustice, et quelques-uns même au-delà. J’oserais à peine reproduire les termes dont Michelet vieillissant n’a pas craint de se servir dans les derniers volumes de son Histoire de France, pour juger et condamner l’impératrice[2]. Il faut espérer que le livre de M. d’Arneth aidera l’avenir à réparer cet excès de sévérité. Marie-Thérèse fut une grande reine, qui voulut et qui sut réunir à toutes les qualités de la femme des qualités viriles d’intelligence et de résolution. Frédéric, mauvais complimenteur s’il en fut, dur aux femmes, cynique en propos comme en actes, mais qui savait juger en roi les choses de la politique et de la guerre, a rendu noblement justice à l’impératrice-reine. « Par ses soins, dit-il dans son Histoire de la guerre de sept ans, le militaire acquit dans ce pays un degré de perfection où il n’était jamais parvenu sous les empereurs de la maison d’Autriche, et une femme exécuta des desseins dignes d’un grand homme. » La souveraine est dans l’histoire de son règne, la femme est tout entière dans cette simple phrase, vulgaire peut-être, banale au moins sous une autre plume, touchante et profonde sous la sienne ; elle écrit à Marie-Antoinette : « Du dauphin je ne vous dirai rien, vous connaissez ma délicatesse sur ce point : la femme est soumise en tout à son mari, et ne doit avoir aucune occupation que de lui plaire et de faire ses volontés. Le seul vrai bonheur en ce monde est un heureux mariage ; j’en peux parler[3]. » Ces sortes de mots ne s’attendent guère des impératrices ni des reines, il n’en manque pas d’aussi sincères et de vraiment humains dans la correspondance de Marie-Thérèse.

Ce serait trahir M. d’Arneth que de vouloir analyser ses huit volumes en quelques pages, nous ne l’essaierons donc pas. D’ailleurs il reste encore à l’historien de ce long règne quatre années à parcourir et sans doute un ou deux volumes à publier ; mais de ces inépuisables archives dont il a la direction, M. d’Arneth, entre beaucoup d’autres curiosités, a tiré toute une correspondance, inconnue jusqu’à lui, du chancelier Kaunitz et de la marquise de Pompadour. C’est de quoi faire la lumière sur un point obscur de notre propre histoire, et résoudre le problème des prétendus rapports de l’impératrice Marie-Thérèse avec le « ministre en jupons » de Louis XV.

On lit dans presque toutes nos histoires, dans les plus étendues[4] comme dans les abrégés qui servent à l’enseignement de nos collèges, que la fière, « l’austère », la « pudibonde » impératrice, pour entraîner le cabinet de Versailles à signer ce fameux traité de 1756 qui donna pour ainsi dire le signal d’un changement à vue dans l’histoire de la politique française, en effaçant jusqu’au souvenir de l’inimitié deux fois séculaire entre les maisons de France et d’Autriche, aurait écrit de sa main à Mme de Pompadour un billet, devenu célèbre, qui commençait par ces mots : Ma cousine et qui finissait par ceux-ci : Vtire bonne amie ; je se répondrais pas même que quelques-uns n’eussent donné le corps de la lettre. Mais personne encore n’a cité l’original, ni seulement indiqué dans quelle archive on le trouverait. Dirons-nous qu’il serait étonnant que Mme de Pompadour, telle qu’on la connaît, bourgeoise enivrée de la faveur royale, et toute fière de sa honte déclarée comme d’une victoire de la finance sur la noblesse, n’eût pas fait quelque peu trophée de ce billet ? Cependant ni les lettres authentiques de la marquise à Mme de Lutzelbourg, datées de cette époque à peu près, ni les Mémoires de Mme du Hausset, sa femme de chambre, ne font la moindre allusion au billet ; les archives de Vienne n’en renferment pas trace ; nous n’avons pas ouï dire qu’on l’ait retrouvé dans les nôtres. Enfin, dans une lettre originale, Marie-Thérèse elle-même a nié formellement qu’elle eût jamais écrit à la marquise : « Vous vous trompez si vous croyez que nous avons jamais eu de liaisons avec la Pompadour : jamais une lettre, ni que notre ministre ait passé par son canal. Ils ont dû lui faire la cour comme tous les autres, mais jamais aucune intimité. Ce canal ne m’aurait pas convenu[5]. » Supposons maintenant que l’impératrice fasse erreur, ce qui serait au moins singulier, la lettre étant de 1763, et Mme de Pompadour n’étant morte et n’ayant cessé de régner qu’au mois d’avril 1764 ; ou bien admettons qu’elle ait jadis écrit pour satisfaire la raison d’état, qu’elle ait depuis décidé de l’oublier pour réparer l’honneur, et voyons les pièces.

Il est bien certain que jamais, à aucune autre époque de l’histoire, de plus petites causes n’ont produit de plus grands effets qu’au XVIIIe siècle, ni de plus surprenans. Le XVIIIe siècle est entre tous le siècle de l’histoire anecdotique, et depuis ce verre d’eau que la duchesse de Marlborough, en un jour de colère, répandit sur la robe de la reine Anne d’Angleterre jusqu’à cette rencontre d’un Tallien et de Mme de Fontenay d’où sortit la journée du 9 thermidor, c’est un enchaînement de petits motifs qui semblent décider, — au moins quand on ne regarde qu’à la superficie des choses, — les résolutions les plus graves et les aventures les plus audacieuses. Il n’est donc pas indifférent de remarquer que dès longtemps avant qu’il fût question de la guerre de sept ans, je dis au fort de la guerre de la succession d’Autriche, Mme de Pompadour n’étant pas encore « déclarée[6], » le roi Louis XV avait déjà des griefs d’amour-propre contre Frédéric. Quand nos historiens racontent cette guerre de la succession d’Autriche, ils n’oublient guère de rappeler un billet que le roi de Prusse écrivit à Louis XV au lendemain de la victoire de Hohenfriedberg : « Je viens, disait-il, d’acquitter la lettre de change que votre majesté avait tirée sur moi à Fontenoy ; » pourquoi n’ajoutent-ils pas qu’au lendemain de cette même victoire de Fontenoy, le même Frédéric écrivait au même Louis XV que « c’était un événement glorieux pour la personne du roi et pour les avantages de la France, mais que pour les intérêts de la Prusse une bataille gagnée sur les bords du Scamandre ou la prise de Pékin seraient des diversions égales[7] ? » Il avait même été plus loin, jusqu’à l’insulte, et quand le ministère français lui avait signalé le Hanovre comme une bonne capture, il avait répondu, lui, qui venait de faire main basse sur la Silésie et qui devait un jour dépecer la Pologne, que « de pareilles propositions étaient bonnes pour négocier avec un Mandrin[8]. » On venait précisément de rouer le fameux contrebandier à Valence. On sait d’ailleurs que par deux fois, dans le cours de cette même guerre de la succession d’Autriche, Frédéric avait fait sa paix séparément et faussé sa parole d’alliance et de fidélité. Là-dessus il n’avait plus besoin de diriger ses sarcasmes contre Mme de Pompadour : le mal était fait. L’eût-il réparé s’il avait accueilli les avances de la marquise quand Voltaire se fut chargé de les lui transmettre ? C’est une question. Ce qui du moins n’est pas douteux, c’est que, quand le ministère autrichien fut dirigé par Kaunitz et le ministère français exercé par Bernis, l’ambassade occupée par Choiseul à Vienne et par Starhemberg à Paris, il ne fut pas difficile de faire de Louis XV l’ennemi juré du roi de Prusse. Mme de Pompadour put aider à l’alliance, elle ne l’imposa certes pas à Louis XV ; elle hâta la décision, elle ne détermina pas la conviction du roi.

Ce fut Kaunitz lui-même qui fit les premiers pas vers la marquise. En 1751, étant alors ambassadeur de l’impératrice à Paris, il écrivait à Vienne : « Si Mme de Pompadour se mêlait des affaires étrangères, elle ne nous rendrait peut-être pas de mauvais offices. » Elle ne s’en mêlait donc pas encore. Et pourquoi s’en mêla-t-elle ? Faut-il le dire ? Ambition, vanité, gloriole, mais surtout pour défendre contre les intrigues de cour sa position menacée par un parti qui n’admettait pas que Jeanne Antoinette Poisson, dame Le Normand d’Étioles, une « espèce », comme on disait, usurpât les privilèges d’alcôve jusqu’alors exclusifs aux Montespan et aux Châteauroux. On avait laissé l’ambassadeur autrichien libre, selon la circonstance, d’adresser les propositions de sa cour soit au prince de Conti, qui dirigeait la correspondance secrète, soit à Mme de Pompadour. Il choisit la favorite, et Kaunitz écrivit à la marquise. Sa première lettre est datée du mois d’août 1755. « Madame,… M. le comte de Starhemberg a des choses de la dernière importance à proposer au roi, et elles sont d’espèce à ne pouvoir être traitées que par le canal de quelqu’un que sa majesté très chrétienne honore de son entière confiance et qu’elle assignerait au comte de Starhemberg. Nos propositions, je pense, ne vous donneront pas lieu de regretter la peine que vous aurez prise… » Sans doute Mme de Pompadour répondit à la confiance du chancelier. Comme il pouvait le désirer, car nous lisons dans une dépêche du mois de janvier 1756 : « J’ai été extrêmement flatté de quelques expressions de la petite lettre de Mme de Pompadour que vous m’avez envoyée en dernier lieu, » et, toujours galant, il ajoute : « Je serais bien aise qu’elle voulût se rappeler la promesse de certain portrait de la plus aimable dame du monde que j’attends avec impatience depuis trois ans. » On n’a pas retrouvé la « petite lettre » de Mue de Pompadour ; mais nous en pouvons aisément deviner le contenu. C’étaient sans doute les expressions d’une reconnaissance naïve mêlée d’un peu d’étonnement : la marquise ne s’attendait pas à « cet excès d’honneur, » et elle le laissait voir. Il suffit de comparer les deux lettres de Kaunitz et de noter le changement de ton. La première est d’un diplomate qui commence par tâter le terrain, officielle et froide, comme d’un homme qui ne sait trop la réponse qu’il recevra ; la seconde, avec son post-scriptum, est d’un conquérant qui ne doute plus qu’il ait ville gagnée, familière et badine, comme d’un grand seigneur qui vient de retrouver son aplomb et qui laisse, à travers les formules de sa galanterie, percer une pointe de dédain. En effet, la négociation aboutit promptement, et le traité de Versailles est signé le 1er mai 1756. On remarquera que le nom de l’impératrice n’a pas été seulement prononcé. Il apparaît pour la première fois dans la lettre de remercîment que Kaunitz adresse à la favorite : « L’on doit absolument à votre sagesse, madame, ce qui a été fait jusqu’ici entre les deux cours. Je ne dois pas même vous laisser ignorer que leurs majestés impériales vous rendent toute la justice qui vous est due et ont pour vous tous les sentimens que vous pouvez désirer. » Mme de Pompadour s’empresse de répondre : « C’est avec une grande satisfaction, monsieur, que je vous fais mes complimens sur la réussite des traités conclus entre l’impératrice reine et le roi. Je suis sensiblement touchée de la justice que leurs majestés veulent bien me rendre et des bontés dont elles daignent m’honorer. » Évidemment Marie-Thérèse n’a pas écrit, et l’on ne voit guère à quel moment de la négociation le billet de l’impératrice pourrait être placé. Les galanteries de Starhemberg et de Kaunitz ont suffi : Mme de Pompadour est assez payée de ses peines par l’autographe du chancelier. Aussi va-t-elle, de ce jour, se dévouer entièrement à l’alliance, et, pour le malheur des armes françaises, à la direction de la politique joindre la direction de la guerre. Peu s’en faut qu’elle ne veuille tracer des plans de campagne : elle prétend au moins suivre les événemens. « Qui appelez-vous Salomon du nord, grande femme ? écrit-elle dans le mois de septembre à Mme de Lutzelbourg, dites le tyran, et vous aurez raison. Je vous remercie de la petite carte : on m’a dit qu’on trouverait à Strasbourg celle de toute l’Allemagne, pareille à celle que vous m’avez envoyée. le voudrais fort en avoir trois exemplaires[9]. » D’ailleurs il convient peut-être de rappeler ici que l’alliance autrichienne fut accueillie par un applaudissement presque universel. Ce ne fut pas seulement le roi qui se félicita de l’union intime avec Vienne comme de « son ouvrage[10]. » Duclos nous raconte que « ce fut une espèce d’ivresse. Chacun s’imagina que l’union des deux premières puissances tiendrait toute l’Europe en respect. On proposa même dans l’Académie de donner pour sujet du prix de poésie le traité entre les deux cours. » Voltaire écrivit au comte d’Argental : « On dit que Marie-Thérèse est actuellement l’idole de Paris et que toute la jeunesse veut s’aller battre pour elle en Bohême[11]. » On chantait à Paris, en apprenant la nouvelle de l’invasion de la Saxe et de la victoire de Frédéric à Lowositz :

D’un ton doux et flatteur, mon cousin,
Dire aux gens que l’on pille
Qu’on est leur protecteur, mon cousin,
La tournure est gentille.
Voilà d’un Mandrin l’allure, mon cousin,
Voilà d’un Mandrin l’allure.


Un an plus tard encore, — avant Rosbach, il est vrai, — Starhemberg, revenant de souper à Versailles, « où l’on a bu de bien bon cœur à la santé de sa majesté l’impératrice, » s’exprimait en ces termes : « Il me parait d’être parmi des compatriotes, et la joie que tout le monde marque est si sincère que je ne puis croire que je suis en pays étranger. » C’est qu’en effet la popularité vraiment européenne de Frédéric ne date que du fort même de cette guerre de sept ans. Quand Voltaire était parti pour Berlin, on vendait une caricature dans les rues de Paris en criant : « Voilà Voltaire ! ce fameux Prussien ! Le voyez-vous avec son bonnet de peau d’ours pour n’avoir pas froid ? A six sols, le fameux Prussien[12] ! » Mme de Pompadour put donc croire et se flatter, au bruit des chansons et du cri populaire, qu’en négociant le traité de Versailles, elle avait fait acte de haute politique.

La cour de Vienne cependant ne se contenta pas longtemps du secours de 24,000 hommes stipulé par le premier traité. Dès le mois d’octobre 1756, Kaunitz, ambitieux de couronner son ouvrage, écrivait à la marquise pour lui exprimer son espoir « que la France continuerait par ses actions vis-à-vis de l’Autriche à seconder son zèle apostolique » et que, grâce à l’infatigable ardeur de Mme de Pompadour pour les intérêts du roi « vus dans le grand, » on approcherait bientôt « de la consommation du plus grand ouvrage qui fût jamais sorti d’aucun cabinet d’Europe, » et toujours le post-scriptum obligé : « vous ne doutez pas, madame, que ce ne soit avec la plus grande impatience que j’attends ce charmant portrait pour lequel M. de la Tour me fait languir depuis si longtemps[13]. » Sur ces entrefaites, l’attentat de Damiens contre Louis XV faillit renverser du même coup le crédit de Mme de Pompadour et brouiller les calculs de l’Autriche. Il y eut un moment d’hésitation ; mais Starhemberg s’empressa d’informer le chancelier « que la marquise n’avait été que quatre ou cinq jours sans entendre parler du roi, que dès le cinquième ou sixième il lui avait écrit » et que Louis XV, aussitôt que rassuré sur les suites de son égratignure, était retourné chez Mme de Pompadour « comme à l’ordinaire. » Le renvoi de MM. d’Argenson et de Machault dissipa les alarmes de Kaunitz. L’abbé de Bernis, créature de Mme de Pompadour, devint tout-puissant dans le conseil, et le comte de Stainville, depuis duc de Choiseul, d’une famille qui se partageait depuis déjà plusieurs générations entre le service de l’empire et celui de la France, fut désigné pour l’ambassade de Vienne. Dans l’intervalle, un second traité de Versailles avait été signé le 1er mai 1757, jour anniversaire de la signature du premier. Le chancelier fut chargé par « ordre exprès de leurs majestés impériales » de témoigner au comte de Bernis et au maréchal de Belle-Isle « la grande satisfaction et l’estime particulière » de Marie-Thérèse. Pour Mme de Pompadour, l’impératrice résolut de lui offrir un souvenir (Andenken) et fit prier Starhemberg de savoir adroitement ce qui pourrait être le plus agréable à la marquise « d’un présent en argent, d’une tabatière ornée du portrait de sa majesté, d’une boîte de laque, ou bien encore d’un présent en bijoux. » Starhemberg opina pour une écritoire, et Marie-Thérèse voulut choisir elle-même dans sa collection de laques indiennes les pièces les plus belles et les plus rares qui furent envoyées à un bijoutier de Paris, « Durollay et Estienne son neveu, » pour les monter et les garnir d’or et de pierres précieuses. Kaunitz n’avait pas attendu jusque-là pour adresser à Mme de Pompadour ses complimens ordinaires, dans un style cette fois plus grave et plus officiel qu’il ne l’avait encore fait : « Le comte de Starhemberg m’a informé, madame, du plaisir et de la satisfaction que vous aviez témoigné à l’occasion de ce que le roi vient de faire en dernier lieu pour seconder plus puissamment l’impératrice et la cause commune. Il nous a informé de même jusques ici de l’intérêt que vous aviez témoigné prendre dans toutes les occasions à ce qui nous regarde. Leurs majestés y ont toujours été sensibles et elles le sont à tel point sur cette marque récente d’affection que vous venez de leur donner qu’elles me chargent de vous en témoigner toute leur reconnaissance. » Sur ce ton, rien n’arrête plus le chancelier, le traité devient « un grand, un fameux ouvrage, illustre dans tous les siècles à venir, » et, pour la grandeur de la circonstance, à l’assurance accoutumée de « son respectueux attachement » il croit devoir joindre l’assurance de « sa vénération. » Évidemment il pense avec Bernis que l’amie du roi « ne peut plus scandaliser que les sots et les fripons, qu’il est de notoriété publique que l’amitié depuis cinq ans a pris la place de la galanterie, et qu’enfin c’est une vraie cagoterie que de remonter dans le passé pour noircir l’innocence de la liaison actuelle[14]. »

En effet, à Versailles et dans tous les châteaux le roi a fait murer les portes qui mettaient ses appartemens en communication avec ceux de la marquise. Mme de Pompadour est devenue décidément un personnage politique. A défaut des solennelles flatteries de Kaunitz, si sa vanité eût pu douter encore et que sa tête folle ne fût pas enivrée de l’encens autrichien, ne suffirait-il pas d’ailleurs des démarches que le roi de Prusse, réduit à merci, laisse ou fait tenter auprès d’elle ? Le bruit n’a-t-il pas couru que Frédéric paierait volontiers la paix du prix de la principauté de Neufchâtel, donnée en souveraineté à la marquise ? N’écrit-il pas à sa sœur, la margrave de Bayreuth, « qu’on pourrait offrir jusqu’à 500,000 écus à la favorite pour la paix, et pousser les offres beaucoup au-delà, si en même temps elle pouvait s’engager à nous procurer quelques avantages[15] ? » Et les dépêches de M. de Choiseul, sa première dépêche n’apprend-elle pas au roi « que l’impératrice a témoigné nommément beaucoup d’estime et d’amitié pour Mme de Pompadour[16] ? » Aussi commence-t-elle à prendre dans sa correspondance avec le chancelier un air tout nouveau de pouvoir et de dignité. Elle s’essaie à la grandeur d’âme : ni Rosbach ni Lissa ne l’abattent, « L’événement du 5 de ce mois, — la défaite de Lissa, — en diminuant beaucoup ma joie, — sa joie de la victoire des Autrichiens à Breslau, — n’affaiblit pas mon courage. Toute âme élevée se raidit contre le malheur et n’en est que plus animée à chercher les moyens de le réparer. Telle est ma façon de penser, monsieur le comte, j’espère que vous y reconnaîtrez l’original du portrait que vous recevrez incessamment, et qui vous rappellera ma fidèle et sincère amitié. » Et quelques jours plus tard, le 23 janvier 1758 : « Je ne perdrai jamais une occasion, monsieur le comte, de vous renouveler les assurances de ma sincère amitié. M. de Lobkowitz vous rendra compte de la continuation des sentimens du roi pour sa majesté impériale. Ils sont fondés sur les vertus des deux monarques et par conséquent seront éternels ; mais, monsieur le comte, pour réussir dans nos grands projets, soyons toujours d’accord sur les opérations militaires, sans ce préalable nous périrons l’un et l’autre. » Mais précisément c’était cet accord qu’on ne pouvait pas établir, et l’impératrice s’en plaignait amèrement. « Les Français, disait-elle, sont extrêmes et inconstans en tout ; depuis l’autre campagne, ils ont tourné leurs nez vers le Rhin, et il n’y avait plus rien à faire ni à craindre avec eux… Je suis donc du sentiment qu’il faut que nous opérons comme s’il n’y avait plus des Français et ne pas encore gâter plus nos affaires pour eux. » De son côté, l’abbé de Bernis perdait la tête et parlait dans ses dépêches de « mettre la clé sous la porte, » de trancher net et « d’avertir les alliés de faire la paix[17]. »

Ce furent encore Mme de Pompadour et Kaunitz qui resserrèrent les liens de l’alliance prête à se relâcher. L’impératrice s’apaisa, l’abbé de Bernis tomba. Choiseul prit en France le ministère des affaires étrangères et, le 30 décembre 1758, signa le troisième traité de Versailles. Kaunitz écrivit à la marquise le 11 janvier 1759 : « L’impératrice est touchée, madame, de l’intérêt que vous continuez à prendre à son union avec le roi. Elle a vu avec plaisir jusqu’ici la constance et la fermeté avec laquelle vous avez toujours été attachée au système établi entre les deux cours, et elle vous en a su le plus grand gré. » Cette lettre accompagnait l’envoi du présent : un pupitre, avec le portrait de l’impératrice, orné de pierres précieuses. M. d’Arneth a retrouvé la facture : le total s’élevait à 78,000 livres à peu près. C’était bien, comme on voit, un présent plutôt galant que magnifique[18], et qui rend difficile à croire, comme le voulait d’Argenson, « que l’avarice de la dame eût milité en tout ceci. » Kaunitz, aimable à l’excès, craignit pourtant que sa lettre, si flatteuse, ne comblât pas encore la vanité de la marquise : il lui sembla que le présent eût dû être accompagné d’une lettre autographe de l’impératrice, et il ne cacha pas ses inquiétudes à l’ambassadeur. Mais tout se passa le mieux du monde. Mme de Pompadour ne se plaignit « que de la grande richesse du présent, » et Louis XV chargea Starhemberg « de faire connaître à l’impératrice combien il était personnellement sensible à cette marque d’attention. » La joie déborda dans la réponse de Mme de Pompadour : « Réunissez, monsieur le comte, tous les sentimens que l’élévation et la sensibilité de votre âme pourront vous inspirer, vous serez encore bien éloigné de sentir ce qui s’est passé dans la mienne en recevant le portrait de sa majesté impériale. Je suis comblée de cette marque infinie de bonté ; mon cœur, accoutumé à compter et à admirer respectueusement les grâces surnaturelles de l’impératrice, n’osait se flatter qu’elle daignât les étendre jusqu’à moi… » Le même courrier partait à Vienne une lettre de la marquise à Marie-Thérèse, ainsi conçue : « Madame, m’est-il permis d’espérer que votre majesté impériale daignera recevoir avec bonté mes très humbles remercîmens et les expressions de la respectueuse reconnaissance dont je suis animée pour l’inestimable portrait qu’elle m’a fait remettre. S’il ne fallait, madame, pour mériter ce don précieux, qu’être pénétrée jusqu’au fond de l’âme de l’admiration pleine d’enthousiasme qu’inspirent les grâces séduisantes et les vertus héroïques de votre majesté, personne sans exception n’en serait plus digne que moi… Vous êtes accoutumée, madame, à voir dans tous ceux qui ont le bonheur de vous approcher les sentimens que j’ai l’honneur de vous exprimer, mais j’espère que votre majesté daignera distinguer les miens et les regarder comme une suite du très profond respect avec lequel je suis, etc. »

Le chancelier fit-il quelques efforts pour arracher à Marie-Thérèse une réponse autographe à ce remercîment ? Nous l’ignorons, mais M. d’Arneth affirme ici que les archives impériales n’en ont pas gardé la trace. Le démenti de Marie-Thérèse subsiste donc. Peut-être, à la vérité, trouvera-t-on que l’impératrice force un peu l’expression quand après ces mots, dans la lettre citée : « jamais une lettre, ni que notre ministre ait passé par son canal, » elle ajoute en appuyant : « jamais aucune intimité. Ce canal ne m’aurait pas convenu. » Le ton des lettres de Kaunitz proteste éloquemment, et ce sont certainement des soupers « intimes » que ces soupers de Versailles, où l’on porte de si bon cœur la santé de l’impératrice et, comme on l’a vu plus haut, où Starhemberg, selon ses propres expressions, croit retrouver des compatriotes. Ce n’est là du moins, semble-t-il, ni la froideur ordinaire ni le décorum accoutumé des relations diplomatiques. Il n’est pas douteux non plus que Mme de Pompadour ait été le premier intermédiaire entre les deux cours. Nous serons cependant ici moins sévère que M. d’Arneth pour le langage de Marie-Thérèse. L’impératrice avait ses raisons politiques. Mais, en outre, il nous semble qu’elle ne saurait être responsable des formules de politesse de son chancelier, surtout quand ce chancelier mettait publiquement une part de sa gloire à cacher « la profondeur de ses desseins sous des dehors frivoles. » Et pour Starhemberg, on avouera que de Vienne à Paris il n’était pas facile de régler à l’étiquette l’attitude qu’il devait garder en face d’une femme de qui l’on attendait beaucoup, toute-puissante sur Louis XV, qui faisait et défaisait les ministres, aimable d’ailleurs sous ses grâces apprêtées, habile à plaire, et qui ne laissait pas échapper une occasion d’accabler l’ambassadeur autrichien de l’éloge de sa souveraine. Il y a une politesse banale qui est le masque transparent de la parfaite indifférence : Mme de Pompadour ne s’en fût pas longtemps accommodée. Ce n’était pas même assez que Starhemberg affectât le ton d’un vulgaire courtisan de la marquise ; il y fallait quelque chose de plus, et que dans ses complimens on sentît un hommage à la femme et non pas seulement au crédit de la maîtresse du roi : autrement l’ambassadeur eût mal fait les affaires de sa cour.

En tout cas, il est désormais acquis à l’histoire que Marie-Thérèse n’a pas écrit le fameux billet de 1756, et si quelque sceptique voulait encore douter de la parole de l’impératrice, il n’aurait qu’à relire les lettres de Mme de Pompadour. Avant le présent de 1758, « elle n’aurait jamais osé, nous dit-elle, se flatter que l’impératrice étendît ses grâces jusqu’à elle. » Ce n’est pas là le langage d’une femme honorée depuis plus de deux ans par une fille des Habsbourg des noms de ma cousine et de ma bonne amie. Son remerciaient serait moins humble et l’expression de sa reconnaissance plus contenue, moins étonnée. Les galanteries de Starhemberg d’abord, l’honneur de correspondre directement avec Kaunitz ensuite, un pupitre de laque indienne et le portrait de l’impératrice enfin : telle est l’adroite gradation des faveurs qui payaient à Mme de Pompadour la part qu’elle fut d’ailleurs tout heureuse et tout aise de prendre à la négociation des trois traités du 1er mai 1756, du 1er mai 1757 et du 30 décembre 1758. Et non-seulement l’impératrice n’accompagna pas d’un billet de sa main l’envoi de 1758, mais Kaunitz ne répondit même pas à la lettre de remercîmens de 1759. Aussi bien pouvait-il désormais s’en fier aux gages donnés par la France, aux rancunes de la marquise contre le roi de Prusse, enfin aux projets ouvertement déclarés de la politique personnelle du roi.

Il resterait peut-être maintenant à toucher quelques mots de cette alliance autrichienne que nos historiens ont reprochée si vivement à Louis XV, comme le plus inopportun et le plus coupable abandon de la politique traditionnelle de Louis XIV, de Mazarin, de Richelieu, d’Henri IV. Bornons-nous à constater que le principe de la politique de Louis XIV et d’Henri IV n’était pas, comme on semble le dire, dans l’abaissement de la maison d’Autriche, mais bien dans le maintien du système de l’équilibre européen. « Abaisser toute puissance qui tenterait de s’élever au-dessus de la sienne, soit en voulant usurper ses possessions, soit en s’arrogeant une injuste prééminence, soit enfin en cherchant à lui enlever son influence et son crédit dans les affaires générales[19], » tel avait été « l’objet politique de la couronne de France. » La maison d’Autriche n’était pas son ennemie naturelle, elle était son ennemie politique. Il s’agissait de l’abaisser, mais non pas de l’anéantir, et les suites devaient prouver s’il était sage à la France de laisser les Hohenzollern déposséder les Habsbourg de leur antique prépondérance en Allemagne. Or ces suites, on prouverait aisément, par le témoignage de la Correspondance secrète et par celui de la Correspondance de Bernis et de Choiseul, que Louis XIV les prévoyait et qu’il savait clairement les atteintes qu’en recevrait l’équilibre européen. « Nous serons peut-être longtemps embarrassés, disait-il dès 1757, d’avoir remis entre les mains du roi de Prusse les intérêts et le secret du parti patriotique en Pologne. » La faute fut d’entreprendre la lutte sans avoir ni crédit, ni soldats, « ni généraux, ni ministres, » comme l’avoue l’abbé de Bernis, ministre lui-même, avec une naïve humilité qui désarme. Une plus grande faute fut de s’y acharner. Pourtant, parce que de honteuses défaites ont marqué dans notre histoire chaque année de la guerre de sept ans, ce n’est pas à dire que la pensée de cette guerre fût vraiment impolitique. Une réhabilitation de Louis XV ou de Mme de Pompadour nous importe peu sans doute : mais il nous importe beaucoup que le succès ne devienne pas la mesure du juste et de l’injuste, du politique et de l’impolitique.

Aussi bien n’est-ce pas là de ces questions que l’on puisse discuter et résoudre en passant. Il y faudrait d’ailleurs bien des documens dont les archives d’état n’ont pas encore livré le secret. Le lecteur aura pu voir que le livre de M. d’Arneth en contenait un bon nombre, et juger de leur intérêt par les quelques emprunts que nous y avons faits. On peut dire que, de 1740 à 1776, il n’est pas une période de l’histoire d’Allemagne ni un épisode de l’histoire d’Autriche sur lequel les pièces et le récit de M. d’Arneth ne jettent une même et vive lumière. Notre histoire nationale, elle aussi, en est parfois éclairée d’une manière inattendue ; mais empressons-nous d’ajouter que, quand cette dernière raison. ne se joindrait pas à toutes les autres, quiconque lira cette grande Histoire de Marie-Thérèse, arrivé au terme de ces huit volumes, ne formera sans doute qu’un souhait, c’est que l’auteur mette bientôt la dernière main à son œuvre, et la termine comme il l’a commencée.


FERDINAND BRUNETIERE.

  1. Marie-Antoinette, Joseph II et Léopold II, 1 vol. — Joseph II et Catherine II, 1 vol. — Joseph II et Léopold de Toscane, 2 vol. — Marie-Thérèse et Joseph II, 3 vol. — Beaumarchais et Sonnenfels, 1 vol. — Marie-Thérèse et Marie-Antoinette, 1 vol., dont les pièces les plus importantes ont été jointes depuis à la Correspondance de Marie-Thérèse avec le comte de Mercy-Argenteau, 3 vol.
  2. Voyez particulièrement au tome XVI, chap. 18.
  3. Marie-Thérèse, sa correspondance avec Marie-Antoinette, t. Ier, par MM. d’Arneth et Geffroy, 6.
  4. Sismondi, Michelet, Henri Martin, Lavallée, Guizot.
  5. Cette lettre, tirée des archives de Saxe et publiée pour la première fois en France par M. Depping, se trouve dans le livre de M. Campardon, Madame de Pompadour et la cour de Louis XV. Mais M. Depping et M. Campardon n’en ont cité qu’un fragment. M. d’Araeth l’a reproduite et complétée au tome VIII de son Histoire, p. 37, 38.
  6. La victoire de Fontenoy est du 11 mai 1715, et Mme de Pompadour ne fut présentée que le 15 septembre de la même année.
  7. Nous répétons les plaisanteries de Frédéric sur son propre témoignage, et les deux citations sont tirées de l’Histoire de la guerre de sept ans. Je trouve une autre version de la première dans la pièce officielle : Réponse au mémoire du roi de France. Gust. Droysen, Friedrich der Grosse, II, 480.
  8. Édit. Preuss, t. IV, p. 29.
  9. Mélanges de la Société des bibliophiles français. Lettres de Mme de Pompadour.
  10. Boutaric, Correspondance secrète inédite de Louis XV, I, 216.
  11. Filon, l’Ambassade de Choiseul à Vienne, d’après des documens inédits, 20, 25.
  12. Mme Du Hausset, Mémoires, édit. Barrière, 69.
  13. Toutes les citations dont la source n’est pas indiquée sont empruntées aux pièces inédites données par M. d’Arneth. Geschichte Maria Thereria’s, t. IV et V.
  14. Ch. Aubertin, l’Esprit public au XVIIIe siècle, p. 331.
  15. D’Arneth, t. V, 271, 273, et Desnoiresterres, Voltaire aux Délices, p. 240.
  16. Filon, Pièces justificatives, p. 86.
  17. Ch. Aubertin, l’Esprit public au dix-huitième siècle, 331.
  18. Expression de l’impératrice dans la lettre de démenti que nous avons citée plus haut.
  19. Mémoire pour servir d’instructions au sieur comte de Stainville, Filon, p. 79-86.