L’Impôt Progressif en France/73

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Librairie Guillaumin & Cie (p. 435-436).

D’un propriétaire rentier





Savez-vous, Monsieur, qu’avec votre système de progression je serais obligé d’après mes calculs de payer chaque année peut-être 6.000 francs d’impôts de plus qu’aujourd’hui ; et d’ailleurs, n’est-ce pas exproprier les gens que de mettre une limite à leurs revenus ? Si j’avais 40 millions de revenus, je serais obligé, d’après vous, de verser au Trésor tout ce qui dépasserait ce chiffre. Alors, à quoi me servirait le capital ou l’industrie qui me donneraient un pareil bénéfice.

Vous allez payer 6.000 francs d’impôts de plus chaque année. Et cependant, je ne vous plains pas, comme il faut que ces 6.000 francs arrivent au Trésor, pour payer pareille somme de dépenses, je préfère, je vous l’avoue, qu’ils soient payés par vous, qui avez sans doute cent mille francs de revenus, plutôt que par quelques milliers de pauvres travailleurs qui ont à peine le nécessaire… Avez-vous calculé, au surplus, que vous paierez à un prix inférieur une foule d’objets de consommation dont l’impôt indirect est compris dans le prix actuel que vous payez.

Tout compte fait, il est probable que votre augmentation d’impôt serait à peine de 2 ou 3.000 francs. Je trouve juste que vous supportiez cette différence puisqu’elle se prélève sur un véritable superflu et qu’elle soulage d’autant les malheureux. De ce que vous avez contracté l’habitude de ne pas payer cet impôt un peu plus élevé, cela ne veut pas dire que vous avez le droit de vous y opposer. Il est toujours temps de réparer une injustice.