L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche/Deuxième partie/Chapitre VII

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Traduction par Louis Viardot.
J.-J. Dubochet (tome 2p. 69-78).


CHAPITRE VII.

De ce que traita Don Quichotte avec son écuyer, ainsi que d’autres événements fameux.



À peine la gouvernante eut-elle vu Sancho Panza s’enfermer avec son seigneur, qu’elle devina l’objet de leurs menées. S’imaginant que de cette conférence devait sortir la résolution de leur troisième sortie, elle prit sa mante, et courut, toute pleine de trouble et de chagrin, chercher le bachelier Samson Carrasco, parce qu’il lui sembla qu’étant beau parleur et tout fraîchement ami de son maître, il pourrait mieux que personne lui persuader de laisser là un projet si insensé. Elle le trouva qui se promenait dans la cour de sa maison, et, dès qu’elle l’aperçut, elle se laissa tomber à ses pieds, haletante et désolée. Quand le bachelier vit de si grandes marques de trouble et de désespoir : « Qu’avez-vous, dame gouvernante ? s’écria-t-il ; qu’est-il arrivé ? On dirait que vous vous sentez arracher l’âme. — Ce n’est rien, mon bon seigneur Samson, dit-elle, sinon que mon maître fuit ; il fuit sans aucun doute. — Et par où fuit-il, madame ? demanda Samson. S’est-il ouvert quelque partie du corps ? — Il fuit, répondit-elle, par la porte de sa folie ; je veux dire, seigneur bachelier de mon âme, qu’il veut décamper une autre fois, ce qui fera la troisième, pour chercher par le monde ce qu’il appelle de bonnes aventures, et je ne sais vraiment comment il peut les nommer ainsi. La première fois, on nous l’a ramené posé de travers sur un âne, et tout moulu de coups. La seconde fois, il nous est revenu sur une charrette à bœufs, enfermé dans une cage, où il s’imaginait qu’il était enchanté. Il rentrait, le malheureux, dans un tel état, qu’il n’aurait pas été reconnu de la mère qui l’a mis au monde, sec, jaune, les yeux enfoncés jusqu’au fin fond de la cervelle, si bien que pour le faire un peu revenir il m’en a coûté plus de cinquante douzaines d’œufs, comme Dieu le sait, aussi bien que tout le monde, et surtout mes poules, qui ne me laisseront pas mentir. — Oh ! cela, je le crois bien, répondit le bachelier, car elles sont si bonnes, si dodues et si bien élevées, qu’elles ne diraient pas une chose pour une autre, dussent-elles en crever. Enfin, dame gouvernante, il n’y a rien de plus, et il n’est pas arrivé d’autre malheur que celui que vous craignez pour le seigneur Don Quichotte ? — Non, seigneur, répliqua-t-elle. — Eh bien, ne vous mettez pas en peine, repartit le bachelier ; mais retournez paisiblement chez vous, préparez-m’y quelque chose de chaud pour déjeuner, et, chemin faisant, récitez l’oraison de sainte Apolline, si vous la savez ; je vous suivrai de près, et vous verrez merveille. — Jésus Maria ! répliqua la gouvernante, vous dites que je récite l’oraison de sainte Apolline ? ce serait bon si mon maître avait le mal de dents, mais il n’est pris que de la cervelle[1]. — Je sais ce que je dis, dame gouvernante, répondit Carrasco ; allez, allez, et ne vous mettez pas à disputer avec moi, puisque vous savez que je suis bachelier par l’université de Salamanque. » Là-dessus la gouvernante s’en retourna, et le bachelier alla sur-le-champ trouver le curé pour comploter avec lui ce qui se dira dans son temps.

Pendant celui que demeurèrent enfermés Don Quichotte et Sancho, ils eurent l’entretien suivant, dont l’histoire fait, avec toute ponctualité, une relation véridique. Sancho dit à son maître : « Seigneur, je tiens enfin ma femme réluite à ce qu’elle me laisse aller avec votre grâce, où il vous plaira de m’emmener. — Réduite, il faut dire, Sancho, dit Don Quichotte, et non réluite. — Deux ou trois fois, si je m’en souviens bien, reprit Sancho, j’ai supplié votre grâce de ne pas me reprendre les paroles, si vous entendez ce que je veux dire avec elles, et, si vous ne m’entendez pas, de dire : Sancho, ou diable, parle autrement, je ne t’entends pas. Et alors, si je ne m’explique pas clairement, vous pourrez me reprendre, car je suis très-fossile. — Eh bien ! je ne t’entends pas, Sancho, dit aussitôt Don Quichotte, car je ne sais ce que veut dire, je suis très-fossile. — Très-fossile veut dire, reprit Sancho, que je suis très… comme ça. — Je t’entends encore moins maintenant, répliqua Don Quichotte. — Ma foi, si vous ne pouvez m’entendre, dit Sancho, je ne sais comment le dire ; c’est tout ce que je sais, et que Dieu m’assiste. — J’y suis, j’y suis, reprit Don Quichotte ; tu veux dire que tu es très-docile, que tu es si doux, si maniable, que tu prendras l’avis que je te donnerai, et feras comme je t’enseignerai. — Je parie, s’écria Sancho, que dès l’abord vous m’avez saisi et compris, mais que vous vouliez me troubler pour me faire dire deux cents balourdises. — Cela pourrait bien être, répondit Don Quichotte ; mais, en définitive, que dit Thérèse ? — Thérèse dit, répliqua Sancho, que je lie bien mon doigt avec le vôtre, et puis, que le papier parle et que la langue se taise, car ce qui s’attache bien se détache bien, et qu’un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Et moi je dis que, si le conseil de la femme n’est pas beaucoup, celui qui ne le prend pas est un fou. — C’est ce que je dis également, répondit Don Quichotte ; allons, ami Sancho, continuez ; vous parlez d’or aujourd’hui. — Le cas est, reprit Sancho, et votre grâce le sait mieux que moi, que nous sommes tous sujets à la mort, qu’aujourd’hui nous vivons et demain plus, que l’agneau s’en va aussi vite que le mouton, et que personne ne peut se promettre en ce monde plus d’heures de vie que Dieu ne veut bien lui en accorder ; car la mort est sourde, et quand elle vient frapper aux portes de notre vie, elle est toujours pressée, et rien ne peut la retenir, ni prières, ni violences, ni sceptres, ni mitres, selon le bruit qui court et suivant qu’on nous le dit du haut de la chaire. — Tout cela est la pure vérité, dit Don Quichotte ; mais je ne sais pas où tu veux en venir. — J’en veux venir, reprit Sancho, à ce que votre grâce m’alloue des gages fixes, c’est-à-dire, à ce que vous me donniez tant par mois pendant que je vous servirai, et que ces gages me soient payés sur vos biens. J’aime mieux cela que d’être à merci, car les récompenses viennent tard, ou mal, ou jamais, et, comme on dit, de ce que j’ai, que Dieu m’assiste. Enfin, je voudrais savoir ce que je gagne, peu ou beaucoup, car c’est sur un œuf que la poule en pond d’autres, et beaucoup de peu font un beaucoup, et tant qu’on gagne quelque chose on ne perd rien. À la vérité, s’il arrivait (ce que je ne crois ni n’espère) que votre grâce me donnât l’île qu’elle m’a promise, je ne suis pas si ingrat, et ne tire pas tellement les choses par les cheveux, que je ne consente à ce qu’on évalue le montant des revenus de cette île, et qu’on le rabatte de mes gages au marc la livre. — Ami Sancho, répondit Don Quichotte, à bon rat bon chat[2]. — Je vous entends, dit Sancho, et je gage que vous voulez dire à bon chat bon rat ; mais qu’importe, puisque vous m’avez compris ? — Si bien compris, continua Don Quichotte, que j’ai pénétré le fond de tes pensées, et deviné à quel blanc tu tires avec les innombrables flèches de tes proverbes. Écoute, Sancho, je te fixerais bien volontiers des gages, si j’avais trouvé dans quelqu’une des histoires des chevaliers errants un exemple qui me fît découvrir ou me laissât seulement entrevoir par une fente ce que les écuyers avaient coutume de gagner, par mois ou par année ; mais, quoique j’aie lu toutes ces histoires ou la plupart d’entre elles, je ne me rappelle pas avoir lu qu’aucun chevalier errant eût fixé des gages à son écuyer. Je sais seulement que tous les écuyers servaient à merci, et que, lorsqu’ils y pensaient le moins, si la chance tournait bien à leurs maîtres, ils se trouvaient récompensés par une île ou quelque chose d’équivalent, et que pour le moins ils attrapaient un titre et une seigneurie. Si, avec ces espérances et ces augmentations, il vous plaît, Sancho, de rentrer à mon service, à la bonne heure ; mais si vous pensez que j’ôterai de ses gonds et de ses limites l’antique coutume de la chevalerie errante, je vous baise les mains. Ainsi donc, mon cher Sancho, retournez chez vous, et déclarez ma résolution à votre Thérèse. S’il lui plaît à elle et s’il vous plaît à vous de me servir à merci, bene quidem ; sinon, amis comme devant : car si l’appât ne manque point au colombier, les pigeons n’y manqueront pas non plus. Et prenez garde, mon fils, que mieux vaut bonne espérance que mauvaise possession, et bonne plainte que mauvais paiement. Je vous parle de cette manière, Sancho, pour vous faire entendre que je sais aussi bien que vous lâcher des proverbes comme s’il en pleuvait. Finalement, je veux vous dire, et je vous dis en effet, que si vous ne voulez pas me suivre à merci, et courir la chance que je courrai, que Dieu vous bénisse et vous sanctifie, je ne manquerai pas d’écuyers plus obéissants, plus empressés, et surtout moins gauches et moins bavards que vous. »

Lorsque Sancho entendit la ferme résolution de son maître, il sentit ses yeux se couvrir de nuages et les ailes du cœur lui tombèrent, car il s’était persuadé que son seigneur ne partirait pas sans lui pour tous les trésors du monde. Tandis qu’il était indécis et rêveur, Samson Carrasco entra, et, derrière lui, la gouvernante et la nièce, empressées de savoir par quelles raisons il persuaderait à leur seigneur de ne pas retourner à la quête des aventures. Samson s’approcha, et, toujours prêt à rire et à gausser, ayant embrassé Don Quichotte comme la première fois, il lui dit d’une voix éclatante : « Ô fleur de la chevalerie errante ! ô brillante lumière des armes ! ô honneur et miroir de la nation espagnole ! Plaise à Dieu tout-puissant, suivant la formule, que la personne ou les personnes qui voudraient mettre obstacle à ta troisième sortie ne trouvent plus eux-mêmes de sortie dans le labyrinthe de leurs désirs, et qu’elles ne voient jamais s’accomplir ce qu’elles souhaitent le plus ! » Et, se tournant vers la gouvernante, il lui dit : « Vous pouvez bien, dame gouvernante, vous dispenser de réciter l’oraison de sainte Apolline ; je sais qu’il est arrêté, par une immuable détermination des sphères célestes, que le seigneur Don Quichotte doit mettre à exécution ses hautes et nouvelles pensées. Je chargerais lourdement ma conscience si je ne persuadais à ce chevalier, et ne lui intimais au besoin, de ne pas tenir davantage au repos et dans la retraite la force de son bras valeureux et la bonté de son cœur imperturbable, pour qu’il ne prive pas plus longtemps le monde, par son retard, du redressement des torts, de la protection des orphelins, de l’honneur des filles, de l’appui des veuves, du soutien des femmes mariées, et autres choses de la même espèce qui touchent, appartiennent et adhèrent à l’ordre de la chevalerie errante. Allons, sus, mon bon seigneur Don Quichotte, chevalier beau et brave, qu’aujourd’hui plutôt que demain votre grandeur se mette en route. Si quelque chose manque pour l’exécution de vos desseins, je suis là, prêt à y suppléer de mes biens et de ma personne, et s’il fallait servir d’écuyer à votre magnificence, je m’en ferais un immense bonheur. »

Aussitôt Don Quichotte, se tournant vers Sancho : « Ne te l’ai-je pas dit, Sancho, que j’aurais des écuyers de reste ? Vois un peu qui s’offre à l’être ; rien moins que l’inouï bachelier Samson Carrasco, joie et perpétuel boute-en-train des galeries universitaires de Salamanque, sain de sa personne, agile de ses membres, discret et silencieux, patient dans le chaud comme dans le froid, dans la faim comme dans la soif, ayant enfin toutes les qualités requises pour être écuyer d’un chevalier errant. Mais à Dieu ne plaise que, pour satisfaire mon goût, je renverse la colonne des lettres, que je brise le vase de la science, que j’arrache la palme des beaux-arts. Non, que le nouveau Samson demeure dans sa patrie ; qu’en l’honorant, il honore aussi les cheveux blancs de son vieux père ; et moi je me contenterai du premier écuyer venu, puisque Sancho ne daigne plus venir avec moi. — Si fait, je daigne, s’écria Sancho, tout attendri et les yeux pleins de larmes ; oh ! non, ce n’est pas de moi, mon seigneur, qu’on dira : Pain mangé, compagnie faussée. Je ne viens pas, Dieu merci, de race ingrate ; tout le monde sait, et mon village surtout, quels furent les Panza dont je descends ; d’autant plus que je connais et reconnais à beaucoup de bonnes œuvres, et plus encore à de bonnes paroles, le désir qu’a votre grâce de me faire merci ; et si je me suis mis en compte de tant et à quand au sujet de mes gages, ç’a été pour complaire à ma femme ; car dès qu’elle se met dans la tête de vous persuader une chose, il n’y a pas de maillet qui serre autant les cercles d’une cuve qu’elle vous serre le bouton pour que vous fassiez ce qu’elle veut. Mais enfin, l’homme doit être homme, et la femme femme ; et puisque je suis homme en quelque part que ce soit, sans qu’il me soit possible de le nier, je veux l’être aussi dans ma maison, en dépit de quiconque y trouverait à redire. Ainsi, il n’y a plus rien à faire, sinon que votre grâce couche par écrit son testament et son codicille, en manière qu’il ne se puisse rétorquer[3], et mettons-nous tout de suite en route, pour ne pas laisser dans la peine l’âme du seigneur Samson, qui dit que sa conscience l’oblige à persuader à votre grâce de sortir une troisième fois à travers ce monde. Quant à moi, je m’offre de nouveau à servir votre grâce fidèlement et légalement, aussi bien et mieux encore qu’aucun écuyer ait servi chevalier errant dans les temps passés et présents. »

Le bachelier resta tout émerveillé quand il entendit de quelle manière parlait Sancho Panza ; car, bien qu’ayant lu la première histoire de son maître, il ne pouvait s’imaginer que Sancho fût aussi gracieux qu’il y est dépeint. Mais en le voyant dire un testament et un codicille qu’on ne puisse rétorquer, au lieu d’un testament qu’on ne puisse révoquer, il crut tout ce qu’il avait lu sur son compte, et le tint bien décidément pour un des plus solennels insensés de notre siècle. Il dit même, entre ses dents, que deux fous tels que le maître et le valet ne s’étaient jamais vus au monde.

Finalement, Don Quichotte et Sancho s’embrassèrent et restèrent bons amis ; puis, sur l’avis et de l’agrément du grand Carrasco, qui était devenu leur oracle, il fut décidé qu’ils partiraient sous trois jours. Ce temps suffisait pour se munir de toutes les choses nécessaires au voyage, et pour chercher une salade à visière ; car Don Quichotte voulait absolument en porter une. Samson s’offrit à la lui procurer, parce qu’il savait, dit-il, qu’un de ses amis qui en avait une ne la lui refuserait pas, bien qu’elle fût plus souillée par la rouille et la moisissure que luisante et polie par l’émeri.

Les malédictions que donnèrent au bachelier la gouvernante et la nièce furent sans mesure et sans nombre. Elles s’arrachèrent les cheveux, s’égratignèrent le visage, et, à la façon des pleureuses qu’on louait pour les enterrements[4], elles se lamentaient sur le départ de leur seigneur, comme si c’eût été sur sa mort. Le projet qu’avait Samson, en lui persuadant de se mettre encore une fois en campagne, était de faire ce que l’histoire rapportera plus loin ; tout cela sur le conseil du curé et du barbier, avec lesquels il s’était consulté d’abord. Enfin, pendant ces trois jours, Don Quichotte et Sancho se pourvurent de ce qui leur sembla convenable ; puis, ayant apaisé, Sancho sa femme, Don Quichotte sa gouvernante et sa nièce, un beau soir, sans que personne les vît, sinon le bachelier, qui voulut les accompagner à une demi-lieue du village, ils prirent le chemin du Toboso ; Don Quichotte sur son bon cheval Rossinante, Sancho sur son ancien grison, le bissac bien fourni de provisions touchant la bucolique, et la bourse pleine d’argent que lui avait donné Don Quichotte pour ce qui pouvait arriver. Samson embrassa le chevalier, et le supplia de lui faire savoir sa bonne ou sa mauvaise fortune, pour s’attrister de l’une et se réjouir de l’autre, comme l’exigeaient les lois de leur amitié. Don Quichotte lui en ayant fait la promesse, Samson prit la route de son village, et les deux autres celle de la grande ville du Toboso.


  1. L’oraison de sainte Apolline (santa Apolonia) était un de ces ensalmos ou paroles magiques pour guérir les maladies, fort en usage au temps de Cervantès. Un littérateur espagnol, Don Francisco Patricio Berguizas, a recueilli cette oraison de la bouche de quelques vieilles femmes d’Esquivias. Elle est en petits vers, comme une seguidilla ; en voici la traduction littérale : « À la porte du ciel Apolline était, et la vierge Marie par là passait. — Dis, Apolline, qu’est-ce que tu as ? Dors-tu, ou veilles-tu ? — Ma dame, je ne dors ni ne veille, car d’une douleur de dents je me sens mourir. — Par l’étoile de Vénus et le soleil couchant, par le Très-Saint-Sacrement que j’ai porté dans mon ventre, qu’aucune dent du fond ou de devant (muela ni diente) ne te fasse mal désormais. »
  2. Il y a dans l’original une grâce intraduisible. À la fin de la phrase qui précède, Sancho dit, au lieu de rata por cantidad (au prorata, au marc la livre), gata por cantidad. Alors Don Quichotte, jouant sur les mots, lui répond : « Quelquefois il arrive qu’une chatte (gata) est aussi bonne qu’une rate (rata). » Et Sancho réplique : « Je gage que je devais dire rata et non gata ; mais qu’importe ?… etc. »
  3. L’original dit revolcar (vautrer), pour revocar.
  4. L’usage des pleureuses à gages dans les enterrements, qui semble avoir cessé au temps de Cervantès, était fort ancien en Espagne. On trouve dans les Partidas (tit. IV, ley 100), des dispositions contre les excès et les désordres que commettaient, aux cérémonies de l’église, ces pleureuses appelées lloraderas, plañideras, endechaderas. On trouve aussi, dans celui des romances du Cid, où ce guerrier fait son testament (no 96) item : « J’ordonne qu’on ne loue pas de plañideras pour me pleurer ; il suffit de celles de ma Ximène, sans que j’achète d’autres larmes. »