L’Italie d’hier/Gentile da Fabriano

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Charpentier & Fasquelle (p. 142-143).

Gentile da Fabriano. — Une vierge ramenant de ses doigts allongés, effilés, un pan de son manteau bleu sur le ventre de l’enfant Jésus, dans un paysage, où s’élèvent des arbres tortueux portant des oranges, et les murs blancs d’une Jérusalem, imaginée par le peintre : une ville moyennageuse de l’Italie, aux campaniles, aux dômes de plomb, aux tours crénelées, qui sont, dans ce temps, — l’annonce d’une ville de la noblesse, — et que traverse une cavalcade hennissante de chevaux, avant pour brides des colliers d’or, et montés par des hommes en turbans, balayant les chemins de la traînée de leurs robes de soie, et suivie de chameaux, sur le dos desquels jouent des singes : — l’ambassade de l’Orient à l’Occident. Dans un autre tableau, Gentile da Fabriano est encore le peintre du moyen âge fastueux, avec ses chevauchées, ses pages, ses chiens, son luxe d’armes, son bruit de guerre, son train de bataille, enfin avec la pompe et l’ostentation d’un Camp du drap d’or, amené à la Crèche de l’enfant divin.