L’Italie d’hier/Orcagna

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Charpentier & Fasquelle (p. 105-106).

Orcagna. — Dans la fresque du vieil Orcagna, de chaque côté de Jésus et de la Vierge, montent au ciel des échelles sans fin, où sont étagés des saints et des saintes, toute une population de personnages nimbés, un monde dans lequel, de distance en distance, se tient debout un ange sonnant de la trompette ou jouant du violon : un maigre ange blanc, autour duquel court et flotte un ruban bleu, et ce monde de saints et de saintes a, comme les yeux clignotants devant le spectacle de la Splendeur divine, apparaissant dans le haut de la toile. En bas, c’est l’enfer, où un diable de féerie, à l’énorme mufle rouge, mange des damnés qui nagent sur une mer de feu, et des bords de laquelle, des centaures les percent de flèches et de lances, les renfonçant dans le liquide ardent : un enfer chrétien, où les trois académies nues, portant un bouclier et une massue, jouent les trois juges des enfers païens.