L’Observation médicale chez les écrivains naturalistes/Chapitre 4

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CHAPITRE IV

LA DOCUMENTATION INDIRECTE


Il est toujours délicat de hiérarchiser en matière de procédés scientifiques. Une méthode vaut surtout en raison de celui qui l’exploite. Si nous comparons cependant en valeur documentaire l’observation objective, l’observation subjective et la documentation indirecte, dont nous allons maintenant analyser l’emploi, nous trouvons cette dernière d’une exactitude moins rigoureuse. La documentation indirecte est obtenue de seconde main par les fréquentations médicales, le commerce assidu, parfois, des traités techniques, mais souvent aussi par le feuilletage distrait de ces mêmes traités.

Elle se distingue de l’observation directe par la même nuance qui sépare l’Érudition de la Science ; c’est-à-dire que l’une est aisément acquise, commodément étendue, se diffuse et s’évague au gré des relations professionnelles de « l’érudit écrivain », reste fonction de sa bibliothèque et de sa mémoire aidée d’un nombre imposant de fiches. Tandis que l’autre, étude directe et scientifique de la réalité, demeure hautaine, spécialisée, serrée, véritablement documentaire.

L’observation indirecte devient vite surabondante, confine parfois au fatras, déchoit jusqu’au degré infime de la vulgarisation scientifique, qui nous semble, en matière de science, l’exact répondant du feuilleton quotidien, pitance littéraire d’une importante partie de notre société.

L’usage dominant de l’une ou de l’autre méthode chez tel écrivain peut d’ailleurs s’évaluer en chiffres concrets. Sans donner aucune importance littéraire à cette statistique d’éditeur, rapprochons les quarante volumes qui enferment l’incessante et maintenant annuelle production de M. Zola, des huit volumes tassés et brefs auxquels se réduit l’œuvre totale de Flaubert et nous aurons cette première indication que l’observation directe, capitale pour Flaubert, n’eut qu’une part restreinte dans les incursions scientifiques de M. Zola[1].

C’est d’ailleurs son œuvre immense et touffue que nous prendrons comme type de cette troisième méthode d’investigation médicale. Mais nous devons auparavant signaler quelques autres exemples de son emploi.

Alexandre Dumas fils manifesta toujours des velléités scientifiques. Le Dr  Dumontpallier, qui resta longtemps son confident et son guide, a dit sa curiosité des nouvelles Idées. « Il m’avait beaucoup interrogé au moment où Brown-Séquard communiqua à l’Institut le résultat de sa dernière découverte, vous savez, son fameux élixir de Jouvence. C’était étrange, c’était nouveau… il n’en fallait pas davantage pour que mon Dumas fût empaumé, je devrais dire emballé, car il fut, dès le principe, un des plus fervents adeptes des nouvelles doctrines, un adepte, plutôt un apôtre, prêchant d’exemple et de parole : « Songez donc, me disait-il, la vie de l’être, de l’Humanité, est là toute entière !… »

« … Quand je fis mes expériences sur l’aimantation, il prit feu comme toujours. « Mais c’est du magnétisme » s’écriait-il. Et il rappelait les expériences de Puységur, de du Potet, etc. Il ne fut pas moins intéressé par les phénomènes de suggestion. Charcot s’était arrêté au Braidisme j’arrivai jusqu’à la suggestion. La préface de Brown-Séquard en tête du livre de Braid, les travaux de Carpenter sur l’Expectant Attention m’avaient dessillé les yeux. Charcot avait nié Burcq pendant longtemps, mais à la fin de sa vie il lui rendit un sérieux hommage.

» … Quand je causais de tout cela avec Dumas : « Mais c’est un monde nouveau » s’écriait-il[2]. « C’était, ajoute l’éminent professeur un grand curieux ». Curiosité pure, croyons-nous en effet de la part d’un esprit aussi radicalement sceptique en matière de médecine. Il avait d’ailleurs, sur une note assez désinvolte, répondu à ce sujet au Dr  Cabanès en 1891 :

« … Je n’ai fait aucune étude médicale suivie, j’ai lu beaucoup de livres de médecine, de physiologie et de biologie :

» Le dictionnaire de Robin et de Littré, le livre de Broca, avec préface de Pozzi, la clinique de Charcot, l’anthropologie de Bossu, mais tout cela bien décousu et bien incohérent ».

Il termine finement :

« … Je ne crois pas beaucoup à la médecine, ce qui me permet d’aimer beaucoup les médecins, n’ayant plus rien à redouter d’eux. C’est surtout ainsi que j’ai appris le peu que je sais en physiologie… »[3].

Questionné sur le même sujet par le Dr  Cabanès, E. de Goncourt avait peu insisté sur son répertoire bibliographique. On sent, en sa réponse brève, une nuance légère de dédain pour l’artificiel de cette méthode. « La chevelure électrique de la fille Élisa, c’est pris dans un livre ou dans une brochure de médecine dont je ne me rappelle plus le titre ni le nom de l’auteur »[4].

« Oui, j’ai lu pas mal de livres d’anatomie artistique modernes et anciens, entre autres les Études d’anatomie de Charles Bonnet et pour la maladie de cœur de Renée Mauperin, mon frère et moi avions pris des notes dans tous les livres de spécialistes sur les maladies de ces organes »[5].

Et c’est tout. Pudeur d’artiste, peut-être, n’aimant pas à étaler ses outils, mais surtout emploi restreint chez lui de ladite méthode. Ce cas nous semble encore celui de Huysmans, observateur merveilleux et analyste étonnant. Symboliquement, mais avec quelle justesse, Rémy de Gourmont proclame en son « Livre des masques » : « Huysmans est un œil ». Nous ajouterions : un œil armé d’un microscope. Lorsqu’on possède une telle acuité personnelle, il serait — pour tout ce qui est susceptible d’observation directe — injustifiable de s’adresser à la vision des autres, aussi l’observation médiate est-elle en son œuvre aiguë d’emploi très limité.

Les crises de tabès, d’une parfaite orthodoxie clinique, décrites dans « En rade », ne sont pas peintures d’atelier, mais études sur le vif, nous assura très obligeamment M. Huysmans.

« À rebours », avons-nous dit, relève avant tout d’un point de départ auto-neurasthénique, mais les documents relatifs à la grande lèpre[6], en ses apparitions médiévales et ses manifestations actuelles lui furent indirectement fournies par un religieux bénédictin que son titre profane de docteur en médecine rendait apte à le documenter.

Le saut est brusque, nous l’avouons, du scrupuleux clinicien d’À rebours au pimpant conteur de Flamboche. Mais l’absence de transition en est parfois la meilleure. Et nous ne chercherons même pas notre excuse dans l’identité des sujets traités. Car Richepin lui aussi voulut décrire des lésions lépreuses[7].

… « Comment j’ai documenté médicalement Flamboche, cela n’a pas été aussi simple que vous pourriez le croire, répondit-il au Dr  Cabanès[8]. Il y a longtemps déjà que je portais le sujet dans ma tête ; il y a longtemps que je voulais décrire un cas de lèpre, avec tous les phénomènes qui accompagnent cette triste maladie dont on ne voit plus, en Europe du moins, que de rares échantillons.

» Je dois tout d’abord vous dire que j’ai trouvé la plupart des renseignements techniques qui m’étaient nécessaires dans les papiers que m’a laissés mon père. Mon père, en sa qualité de médecin militaire, avait eu l’occasion d’observer des lépreux, en Algérie notamment, et il avait consigné ses observations dans des cahiers où je les ai retrouvées.

» Il tenait registre avec grand soin de toutes ses impressions ; c’est ainsi qu’il avait pris note des divers symptômes qu’il avait observés sur des lépreux de la province de Constantine. Ces malheureux, abandonnés des médecins et même de leur entourage le plus immédiat, traités en somme comme les lépreux du moyen-âge, allaient se faire toucher par un marabout, sorte d’exorcisme qui chassait le venin maudit. D’autres plongeaient leur corps délabré, tombant en loques, dans une eau du pays qui jouissait, disait-on, de vertus merveilleuses.

» Plus tard il m’a été donné de voir beaucoup d’affections de la peau à l’hôpital militaire de Besançon où mon père dirigeait un service. Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est que j’ai rencontré un jour toute une colonie de lépreux, en France même, du côté de Sarrau, dans le Morbihan, et cela peu de temps avant d’écrire mon roman. J’étais heureux de cette occasion qui s’offrait de rafraîchir ma mémoire par une vision directe. Jusque dans ces dernières années, le petit pays dont je vous parle était, en grande partie, peuplé par de pauvres hères au teint blafard, à l’aspect souffreteux, au corps émacié, au visage d’une pâleur caractéristique et dont les téguments étaient empâtés d’une bouffissure spéciale ; on les aurait reconnus entre mille ; il suffisait de les avoir vus une fois… »

« Pour les questions qui se rattachent à l’histoire pathologique de la lèpre, la contagion encore si controversée..... l’impuissance presque absolue des moyens thérapeutiques contre cette bizarre maladie, etc., toutes ces notions ont été puisées, vous devez le penser, aux bonnes sources. J’ai eu, du reste, toujours beaucoup de goût pour tout ce qui touche à la médecine. Étant encore sur les bancs du collège, tandis que je faisais une année de philosophie à Douai, j’allais suivre le plus souvent que cela m’était possible les cours de médecine à l’École secondaire de Lille qui était voisine. C’est à l’hôpital de cette ville que j’ai vu pour la première fois des sujets atteints de fièvre typhoïde. J’en ai revu ensuite au Val-de-Grâce, puis en Afrique et plus tard à Besançon. Je n’ai donc pas décrit, de chic, l’observation de fièvre typhoïde qui se trouve tout au long rapportée dans Madame André. Je connaissais d’autant mieux cette affection que mon père avait pris pour sujet de thèse de doctorat la fièvre typhoïde. Aussi me suis-je attaché, et je crois y avoir réussi, à faire une description avant tout exacte. Si vous lisez ce chapitre de Madame André vous pourrez voir que j’ai d’abord relevé les symptômes du début :

» Les frissons, l’élévation de température, la langue tuméfiée, le gargouillement de la fosse iliaque droite se manifestant à la palpation ; puis la céphalalgie, qui vous étreint comme un étau ou vous taraude comme une vrille et qui vous met vraiment du plomb dans la tête ; je n’ai pas oublié les tranchées intestinales, ni le saignement de nez si fréquent au cours de l’affection dans la première période. Mon malade a eu du délire, puis après le premier septennaire, je n’ai pas manqué de signaler les petites taches rosées lenticulaires dont sa poitrine était mouchetée ; aux taches ont succédé les cloques qui s’écrasent sous le doigt en laissant sur la peau une goutte de sueur ; ce que vous, médecins appelez les sudamina, n’est-ce pas ? Je crois ne m’être pas trop éloigné de la réalité dans cette description : au moins ai-je fait tous mes efforts pour y atteindre. L’état de la bouche, béante comme un trou, des dents « déchaussées et jaunies par un tartre fuligineux », de la langue, sèche, coupée de crevasses, noirâtre et tremblante ainsi qu’une « langue de perroquet » de même la coloration violette des gencives, sont reproduits d’après l’observation directe, et je n’ai rien enjolivé, ou plutôt… enlaidi. Le délire revient plus violent pendant le second stade de la maladie puis les évacuations intestinales, les vomissements de bile, d’une odeur infecte et enfin apparaît la troisième période, où le mal évolue vers le mieux ou le pire. Mon malade revient à la vie grâce à la médication stimulante, les préparations de musc, de quinine, etc. et peut-être aussi grâce à la nature médicatrice. Enfin, j’ai décrit la convalescence avec les phénomènes qui l’accompagnent ; les fringales surtout ; l’appétit d’aliments… et du reste, vous comprenez sans que j’aie besoin d’insister ! »[9].

Nous n’avons pas voulu morceler ce récit, bien qu’il portât en grande partie sur l’observation directe, pour donner un exemple concret de l’étroite façon dont s’engrènent et se complètent — avons-nous dit — les différents modes d’investigation médicale.

Nous voici de retour à l’œuvre de M. Zola, exemple-type d’érudition médico-littéraire, œuvre énorme en raison de l’énormité du procédé, œuvre lourde en raison du défaut d’assimilation de plusieurs de ses matériaux, œuvre imprudente, souvent, en raison des droits arrogés, mais œuvre superbe, de par sa sincérité. Nous allons en tenter une monographie clinique.

La tâche est aisée. M. Zola, dans un de ses derniers ouvrages, plaidoyer exclusivement littéraire, a pris soin, très amplement, de nous en fournir les matériaux. La justification nécessaire de son livre « Rome », à propos duquel on le taxait de compilateur, reste en même temps un excellent aveu de ses procédés préférés :

« Me voilà donc forcé de répéter, une fois de plus, quelle est ma méthode de travail. Et j’élargis la question. Il ne s’agit donc pas de moi, mais du romancier en général, qui, comme moi, a l’ambition de tout voir, de tout dire. Le vaste monde est ouvert, il n’est pas de sujet qu’il ne puisse aborder, et il devra dès lors s’occuper d’histoire, de philosophie, de sciences ; il touchera à tous les métiers, il examinera toutes les professions. C’est dire que, selon l’idée que je me fais du roman moderne, le romancier est tenu d’avoir des connaissances universelles.

» Pour mon compte, ma méthode n’a jamais varié depuis le premier roman que j’ai écrit. J’admets trois sources d’information : les livres, qui me donnent le passé ; les témoins, qui me fournissent, soit par des œuvres écrites, soit par la conversation, des documents sur ce qu’ils ont vu ou sur ce qu’ils savent, et enfin l’observation personnelle, directe, ce qu’on va voir, entendre ou sentir sur place. À chaque nouveau roman, je m’entoure de toute une bibliothèque sur la matière traitée, je fais causer toutes les personnes compétentes que je puis approcher, je voyage, je vais voir les horizons, les gens et les mœurs. S’il existe une quatrième source d’information, qu’on me la désigne et vite je courrai m’y abreuver ».

C’est avec persistance que M. Zola place en troisième lieu l’observation directe. Il la croit insuffisamment étendue en présence du champ énorme qu’il escompte embrasser. Il juge au contraire la documentation indirecte, en ses allures de « connaissance universelle », plus susceptible de satisfaire sa conception gigantesque du roman. Nous avons donc cru rester dans la note, en cherchant dans ses œuvres un exemple analysable de cette troisième méthode. Nous nous sommes arrêté au cas d’éthylisme chronique qui se déroule à travers l’Assommoir, justifié en ce choix par l’indication précise de l’auteur même. « La mort de Coupeau, dans un accès de delirium tremens, est la reproduction textuelle d’une observation de chef de clinique faite à Sainte-Anne »[10]. On la retrouverait dans une leçon du docteur Magnan. M. Zola, à cette époque, fréquentait assidument sa clinique[11].

Observation γ[12]
D’après Zola.
Alcoolisme chronique.

Coupeau (Louis), 52 ans, ouvrier zingueur.

Antécédents héréditaires : Père alcoolique, mort d’une chute « un jour de ribote » (p. 554).

Mère alcoolique, morte à 74 ans d’un accès d’asthme.

Un frère mort très jeune « dans des convulsions » (p. 555).

Deux sœurs vivantes : l’une continuellement obsédée d’idées obscènes, l’autre simplement égoïste et revêche.

Antécédents personnels : Jusqu’à 32 ans, reste sobre et d’excellente santé. Tombe un jour d’une toiture, se fracture la jambe droite. Se lève au bout de deux mois. Convalescence assez longue à la suite de laquelle il prend des habitudes flâneuses, et, peu à peu, s’alcoolise. Se remet au travail, mais irrégulièrement (p. 174), se « cuite » décidément (p. 178). C’est une première période d’éthylisme aigu permanent (p. 191). Ses ivresses deviennent mauvaises et brutales, durent jusqu’à trois jours de rang (p. 330).

Histoire de la maladie : Néanmoins, à 44 ans, il paraît encore vigoureux (p. 364). Les troubles digestifs commencent à peine (p. 378), mais augmentent rapidement… « L’appétit, lui aussi, était rasé. Peu à peu, il n’avait plus eu de goût pour le pain, il en était arrivé à cracher sur le fricot. On aurait pu lui servir la ratatouille la mieux accommodée, son estomac se barrait, ses dents molles refusaient de mâcher. Pour se soutenir, il lui fallait sa chopine d’eau-de-vie par jour ; c’était sa ration, son manger et son boire, la seule nourriture qu’il digérât » (p. 430).

Le tremblement spécifique apparaît. « Il tendait furieusement ses muscles, il empoignait son verre, pariait de le tenir immobile, comme au bout d’une main de marbre ; mais le verre, malgré son effort, dansait le chahut, sautait à droite, sautait à gauche, avec un petit tremblement pressé et régulier » (p. 431).

À 46 ans, une première attaque de delirium, compliquant une « fluxion de poitrine » (p. 432). « Oh ! un déménagement complet, des idées de se casser la tête contre le mur, des hurlements qui empêchaient les autres malades de dormir » (p. 433).

Série de rechutes. « En trois ans, il entra… sept fois à Sainte-Anne ». Il maigrit, se voûte, la pituite augmente (p. 498). Les douleurs et paralysies alcooliques apparaissent. « Tout d’un coup, des douleurs aiguës le prenaient dans les bras et dans les jambes ; il pâlissait, il était obligé de s’asseoir, et restait sur une chaise hébété pendant des heures entières ; même, après une de ses crises, il avait gardé son bras paralysé tout un jour » (p. 500).

Un beau jour, tentative de suicide à la suite d’hallucinations. « Il paraît qu’on avait repêché Coupeau au Pont-Neuf ; il s’était élancé par dessus le parapet, en croyant voir un homme barbu qui lui barrait le chemin » (p. 548).

On le porte une dernière fois à Sainte-Anne.

État actuel.Attaque de delirium : « Il buttait contre la fenêtre, s’en retournait à reculons, les bras marquant la mesure, secouant les mains, comme s’il avait voulu se les casser et les envoyer à la figure du monde » (p. 549).

Tremblement alcoolique partant des membres et envahissant le tronc : « Ce jour-là, les jambes sautaient à leur tour, le tremblement était descendu des mains dans les pieds ; un vrai polichinelle dont on aurait tiré les fils, rigolant des membres, le tronc raide comme du bois. Le mal gagnait petit à petit. On aurait dit une musique sous la peau. Ça partait toutes les trois ou quatre secondes, roulait un instant ; puis ça s’arrêtait et ça reprenait, juste le petit frisson qui secoue les chiens perdus, quand ils ont froid l’hiver, sous une porte » (p. 555).

Zoopsies : « Tout d’un coup il cria : Oh ! les rats, v’là les rats, à cette heure ». « Ces sales animaux grossissaient, sautaient sur le matelas où ils s’évaporaient. Il y avait aussi un singe, qui sortait du mur, qui rentrait dans le mur, en s’approchant chaque fois si près de lui, qu’il reculait, de peur d’avoir le nez croqué » (p. 557).

Hallucinations auditives et visuelles : « Oui, sonnez les cloches, tas de corbeaux ! jouez de l’orgue pour m’empêcher d’appeler la garde. Et ils ont mis une machine derrière le mur, ces racailles ! Je l’entends bien, elle ronfle, ils vont nous faire sauter. On crie au feu ! voilà que ça flambe. Oh ! ça s’éclaire, ça s’éclaire ! Tout le ciel brûle, des feux rouges, des feux verts, des feux jaunes… À moi, au secours ! au feu ! » (p. 557).

Délire professionnel : « Gervaise comprit qu’il s’imaginait être sur un toit en train de poser des plaques de zinc. Il faisait le soufflet avec sa bouche, il remuait des fers dans le réchaud, se mettait à genoux, pour passer le pouce sur les bords du paillasson, en croyant qu’il le soudait » (p. 560).

Meurt dans le coma alcoolique : « Tout d’un coup, les pieds se raidirent, immobiles. Alors, l’interne se tourna vers Gervaise en disant : « Ça y est ».

 » La mort seule avait arrêté les pieds » (p. 565).

Il peut être curieux, comme corollaire de l’observation précédente, de relever quelques-unes des sources auxquelles s’adressa M. Zola. Pour éviter tout reportage ou indiscrétion, nous nous en tiendrons strictement à ses publiques affirmations.

« Pour la partie historique de la Fortune des Rougon écrit-il à la suite de la déclaration précitée[13], je me suis adressé au livre de Ténot sur les événements tragiques qui se passèrent dans le Var, en décembre 1851 ; et je me souviens que ce fut Jules Ferry qui me fournit les notes dont j’avais besoin pour faire vivre dans la Curée, les transformations de Paris du baron Haussmann. Maxime du Camp me fut utile pour le Ventre de Paris, mais il était fort incomplet ; je dus moi-même fouiller dans les paperasses des administrations. Et pour la Faute de l’abbé Mouret, quelles recherches parmi les mystiques Espagnols, quel emploi quotidien du Cérémonial des paroisses de campagne, quelle étude de la messe dans des ouvrages en latin, que j’avais eu toutes les peines du monde à me procurer !… »

Et la liste continue ; nous l’abrégerons pour ne signaler que les références médicales. L’une des plus efficaces fut pour M. Zola l’intimité de M. le Dr  Maurice de Fleury. « Aussi quel soulagement — ajoute-t-il avec un soupir qui remercie —, lorsque je pus clore la série[14], par le Docteur Pascal, pour lequel mon bon ami, le Dr  Maurice de Fleury, m’a bâti de toutes pièces le rêve de haute conception médicale que je désirais y mettre ![15]. Avec lui — dit-il encore au Dr  Cabanès —, je suis allé trouver, rue de Charonne, un aliéniste distingué, le Dr  Motet — est-ce bien ce nom-là ? — qui nous a assuré que le cas de tante Dide était tout au moins vraisemblable. Sans doute, j’ai outré un peu les choses, mais comme je ne visais qu’à la ressemblance, qu’à l’effet dramatique, cela me suffisait » [sic][16].

Cela suffisait donc à M. Zola. Cette simple affirmation ne le justifie pas. Sans doute, en ses transcriptions médico-littéraires et en particulier dans l’observation citée plus haut, il a fait œuvre habile et cohérente. Nous le reconnaissons volontiers. Il a très artistement traduit son modèle clinique. Sa peinture est copie, un peu grosse sans doute, mais honorable et de suffisante tenue scientifique. C’est qu’elle n’embrasse que des faits, ne côtoie aucune explication et surtout ne comporte aucune tentative expérimentale !

Car ce fut la double erreur de M. Zola, que de vouloir expliquer, et même expérimenter : erreur scientifique, erreur littéraire. Un écrivain est maître des Faits. Mais souvent la Théorie lui échappe ; soit qu’elle lui reste inassimilée, soit qu’elle demeure vraiment réfractaire à toute tentative artistique.

Dans l’exemple suivant, c’est la première hypothèse que nous adopterons : la théorie moderne de l’hérédité, même aux époques lointaines où M. Zola entreprit la série des Rougon-Macquart, était déjà puissante ; très nébuleuse encore, mais susceptible d’application dramatique. Au fond, n’est-elle pas, cette théorie, la descendante actuelle du Fatum antique et du Péché Originel ? Œdipe-Roi et le Paradis perdu en étaient déjà magnifiquement imprégnées. Pourquoi devient-elle, en certaines pages du Docteur Pascal, indigeste et verbeuse ? Ce n’est pas non plus faute de recours aux sources. Nous savons combien elles furent ingénieuses[17], nous croyons simplement que l’assimilation en fut insuffisante : M. Zola absorba des mots et les rendit intacts :

« Problème ardu (médite le docteur Pascal), et dont il remaniait la solution depuis des années. Il était parti du principe d’invention et du principe d’imitation ; l’hérédité ou reproduction des êtres sous l’empire des semblables, l’innéité ou reproduction des êtres sous l’empire des divers. Pour l’hérédité, il n’avait admis que quatre cas : l’hérédité directe, représentation des collatéraux, oncles et tantes, cousins et cousines ; l’hérédité en retour, représentation des ascendants, à une ou plusieurs générations de distance ; enfin l’hérédité d’influence, représentation des conjoints antérieurs… Quant à l’innéité, elle était l’être nouveau, ou qui paraît tel, et chez qui se confondent les caractères physiques et moraux des parents, sans que rien d’eux semble s’y retrouver.

… » Il était allé des gemmules de Darwin, de sa pangénèse, à la périgénèse de Hœckel, en passant par les stirpes de Galton. Puis, il avait eu l’intuition de la théorie que Weissmann devait faire triompher plus tard, il s’était arrêté à l’idée d’une substance extrêmement fine et complexe, le plasma germinatif, dont une partie reste toujours en réserve dans chaque nouvel être pour qu’elle soit ainsi transmise, invariable, immuable, de génération en génération »[18].

Il est impossible d’accorder à ces deux paragraphes un intérêt supérieur à celui d’un manuel désuet et vieillot. M. Zola ne pouvait certes pas, en matière d’atavisme, prophétiser et devancer la science ; il eut, croyons-nous, le tort littéraire de vouloir la suivre sur ce terrain mouvant encore, et de s’y enliser.

Mais l’érudition ne suffit même pas à l’ampleur de vues de M. Zola. Les frères de Goncourt avaient, à leur actif, un mot superbe et total : le Document humain. M. Zola voulut être père d’une autre expression typique, et il lança le mot de Roman expérimental. Ce fut un mot malheureux.

Sainte-Beuve en était, en réalité, l’aïeul. Il donnait déjà ses études biologiques pour une « séries d’expériences » formant « un long cours de physiologie morale ». Ainsi M. Zola conçut la formule naturaliste comme une « méthode scientifique appliquée aux lettres ».

« On a plusieurs fois montré, observe justement le Dr  Cabanès, ce qu’a d’artificieux cette théorie. Autant l’œuvre du savant est impersonnelle, autant celle du littérateur emprunte de valeur à sa personnalité. Le savant s’efface devant l’expérience, laissant agir les seules forces naturelles, il ne réapparaît que pour en constater les résultats. Le romancier, au contraire, doit tout imaginer, l’expérience elle-même aussi bien que ses conséquences. D’un côté, un fait réel, dûment constatable ; de l’autre, hypothèse pure »[19].

À ces objections, M. Zola répondit simplement qu’il n’était pas un savant, mais un romancier, un artiste[20]. Peut-être a-t-il, quant à l’essence réelle de son esprit, pleinement raison, et reste-t-il le plus souvent, même au milieu de son laboratoire littéraire, un véritable poète épique[21].

À ce titre, il serait ingénieux de considérer l’intrusion de la science, en son œuvre, comme un merveilleux d’un nouveau genre, le merveilleux scientifique, et de ne pas tenir autre compte de ses velléités d’expérimentateur.

M. Hector Malot, en revanche, ne peut invoquer aucun alibi littéraire, ni tenter d’excuser la faiblesse de ses conceptions scientifiques en se retranchant derrière des qualités d’écrivain qui ne s’imposent réellement pas. Comme Zola, il fut tenté par la richesse de l’érudition médicale. Mais alors que Zola y abondait en sincère et truculent artiste, M. Malot s’en réclamait comme d’un moyen de commerce fructueux. Il n’en évita, dès lors, aucun des écueils : et d’abord le danger de voir ses écrits vieillir en même temps que les formes dont ils procédaient :

« Dans le roman En famille, disait-il un peu amèrement au Dr  Cabanès[22], j’ai eu à guérir un aveugle ; j’ai lu l’article qui se rapportait à la maladie que je voulais traiter dans le Dictionnaire de Jaccoud. Je fais lire ce passage au Dr  Aviragnet, qui est un de mes amis, un garçon distingué autant qu’aimable. Aviragnet se récuse et m’engage à recourir à un spécialiste. Or le spécialiste a trouvé que mon récit fourmillait d’erreurs. Eh bien, savez-vous quel était l’auteur de l’étude qui m’avait servi de modèle ? Le professeur Panas, un maître en ophtalmologie : que voulez-vous ? La science avait marché depuis » !

Second écueil : l’allure aisément pédante. Le Mari de Charlotte, entre quantité d’autres manuels, pourrait servir d’encyclopédie médicale[23]. L’auteur « y paye d’abord un tribut aux sciences accessoires, commence par la géographie physique et la climatologie ». Très érudit en botanique, il expose les particularités de « végétation de l’Arundinaria falcata, du Cordylene indivisa, de l’Helichrysum orientale ». Il semble suivre, avec le soin d’un scrupuleux étudiant, les programmes usuels. Il s’arrête un instant à l’anthropologie préhistorique, disserte sur les mégalithes, effleure l’anatomie, la physiologie, définit, en passant, l’amour avec des grâces lourdes, parvient à la pathologie et s’y multiplie. Après un tableau complet et très honnête de « fièvre cérébrale » il s’éternise en la description non moins étendue d’une pleurésie ; « nous promène pendant trois ou quatre septénaires, au bout desquels l’affection passe de l’état aigu à l’état chronique, et finit par conduire la malade au tombeau. Nous sommes bien heureux vraiment que, à la suite d’une observation si détaillée, l’auteur n’ait pas ajouté un chapitre d’histologie, et nous ait fait grâce de l’autopsie »[24]. Tout cela n’est qu’un prélude. Le drame clinique essentiel du roman c’est la folie d’Emmanuel, le mari de Charlotte.

Et voici le troisième écueil, défaut d’assimilation : Pour dépeindre la marche de la psychose, M. Malot a traité avec une minutieuse exactitude beaucoup des détails accessoires de sa mise en scène. « Mais là n’est pas la question importante ; elle est tout entière de savoir s’il a fidèlement représenté un véritable aliéné, et ici la réponse doit être négative. Il a eu beau emprunter à ce qu’il a vu ou à ce qu’il a lu bien des traits exacts en eux-mêmes, ces traits rapprochés les uns des autres ne font pas un tout réel ; sans doute, chacun d’eux peut être observé isolément dans la réalité, mais leur réunion est disparate et choquante.

» Un seul exemple fera comprendre la nature du reproche que nous sommes en droit de faire à M. Malot.

» Lorsque Emmanuel a dû être placé dans une maison de santé, sa maladie présentait, nous l’avons dit plus haut, le caractère de la mélancolie avec prédominance d’hallucinations, c’est-à-dire l’une des formes de délire les plus constantes, invariables, cristallisées, a-t-on pu dire. Eh bien ! quand il se trouve, au bout de six semaines, en présence de sa femme, il ne la reconnaît seulement pas. « Il vint à elle cérémonieusement, et la saluant avec toutes les marques du respect : on m’assure, princesse, que vous voulez me voir, dit-il, me voici à vos ordres ». Puis, sans se préoccuper de savoir à qui il s’adresse, il se pose en inventeur et se met à débiter avec emphase le boniment amphigourique d’une encre merveilleuse qui se décolore peu à peu et permet, au bout de huit jours, de considérer comme non avenues les promesses que l’on a solennellement signées ; il donne ensuite à sa femme une sorte de leçon allégorique, dans le genre de celle qu’Hamlet donne, devant la cour de Danemark, à la reine coupable du meurtre de son mari, et enfin, sans attendre de réponse, il salue et rentre rapidement dans sa chambre.

» Nous ne savons quelle impression une pareille exhibition peut produire sur la masse des lecteurs, mais nous pouvons affirmer à M. Malot, qui tient tant cependant à montrer les hommes et les choses avec tous les caractères de la fidélité réaliste, que le prétendu aliéné qu’il met ainsi en scène n’a jamais existé et ne répond à aucun type connu.

» Sans doute, il y a des fous qui éprouvent des hallucinations terrifiantes et du délire de persécutions ; ce sont des lypémaniaques.

» Sans doute, il y en a chez lesquels la mémoire et toutes les facultés sont tellement abolies qu’ils ne peuvent plus reconnaître même les personnes qu’ils ont le mieux connues et le mieux aimés, ce sont les déments.

» Sans doute enfin, il y en a qui sont disposés à accorder au premier venu des titres illustres et qui se croient complaisamment les auteurs des inventions les plus merveilleuses ; ce sont des gens affectés de paralysie générale.

» Mais si chacun de ces symptômes existe isolément, jamais ils ne coexistent et personne n’a été admis à observer au même moment, pour un même malade, les symptômes réunis de la lypémanie partielle, de la démence et de la paralysie générale. À force de vouloir trop prouver, l’auteur finit par ne rien prouver du tout, si ce n’est sa parfaite incompétence en clinique mentale. Chose bien remarquable et qui à elle seule ferait reconnaître la fiction, le romancier est venu échouer sur le même écueil que les simulateurs ; eux aussi, afin de faire mieux croire qu’ils sont fous, multiplient les extravagances de toutes sortes dans leurs propos et dans leurs actes, sans se douter qu’ils se rendent coupables de dissonances révélatrices et qu’il leur suffit d’afficher, au même moment, des formes de folie qui, chez les vrais malades, s’excluent mutuellement, pour montrer que chez eux la folie n’existe pas. Dans les deux cas, l’inexpérience est la même ; aussi le résultat est-il également inexact et ridicule ».

« … En s’arrêtant à chaque instant, dans le cours de son roman, pour se livrer à des dissertations pseudo-scientifiques, M. Malot nous rappelle invinciblement Sganarelle devant la famille de sa cliente : « Vous n’entendez point le latin ? — Non. — Cabricias arcithuram, catalanus, singulariter… » Mais Sganarelle a, du moins, une excellente excuse ; c’est qu’on le fait médecin malgré lui, tandis que rien ne forçait M. Malot à s’occuper de médecine… »[25].

Nous avons volontiers tout au long transcrit ce commentaire de l’œuvre de M. Malot, car il nous ramenait par un curieux hasard, au début même de notre actuelle étude, à cette observation involontaire et géniale, le « cas Hamlet ». Nous avons ainsi nos deux termes extrêmes : l’observation vivante, directe du vieux Shakespeare, inconscient de la beauté clinique de son drame — et la pénible érudition avec son cortège d’erreurs et de tares essentielles, aboutissant, en une situation analogue, à une parfaite incohérence des symptômes décrits. On pourrait descendre plus bas encore, montrer combien certains romans — et des plus accueillis du public — restent de malhonnêtes démarquages à peine remaniés, de traités classiques.

Nous préférons nous en être tenu à l’analyse des œuvres sincères, comme susceptibles seules d’être, à leur tour, sincèrement commentées.



  1. Flaubert, dira-t-on, fut le premier à recourir à l’Érudition, autant qu’elle lui fut nécessaire : « Il lisait alors (1874) dit le docteur Michaut (in Chronique médicale, 1901, 1er  août, p. 487) l’Histoire de la médecine de Daremberg, la Création naturelle de Hæckel, le Manuel de Phrénologie de la collection Roret, des articles du dictionnaire Jaccoud, etc., sans doute conseillé dans ses lectures par le docteur Pouchet (de Rouen) ; Bouvard et Pécuchet lui demandait une documentation très variée, et il ne reculait, on le sait, devant aucune lecture, si technique fût-elle… » Mais les données que lui fournit ce genre de recherches ne furent jamais pour lui qu’un point de départ, et leur assimilation tellement parfaite qu’il est impossible de retrouver en son œuvre leurs traces textuelles. On ne pourrait en dire autant de M. Zola.
  2. Chronique médicale, 15 décembre 1895, p. 741-743.
  3. Chronique médicale, 15 décembre 1895, p. 749.
  4. M. le Dr  Féré (Pathologie des émotions, préface) a retrouvé d’ailleurs la filiation bibliographique de cet épisode, il fut signalé au célèbre écrivain par le Dr  Liouville qui lui même l’avait découvert dans une note déjà très ancienne de la Gazette des Hôpitaux. Chronique médicale, 1er  août 1896, p. 459.
  5. Chronique médicale, 1er  août 1896, p. 454. L’autographe est daté d’avril 1896.
  6. Sainte Lidivine de Schiedam.
  7. Richepin, « fils d’un médecin militaire des plus distingués, avait eu lui-même un instant la velléité d’aborder la carrière médicale ». Chronique médicale, 15 janvier 1896, p. 36.
  8. Ib., p. 36 à 41.
  9. Chronique médicale, 15 janvier 1896, p. 36.
  10. Émile Zola, Nouvelle campagne, même édit., p. 251.
  11. Chronique médicale, 15 nov. 1897, p. 679.
  12. É. Zola, l’Assommoir. Fasquelle, édit., 1898.
  13. Émile Zola, Nouvelle campagne, p. 250 s.
  14. Des Rougon-Macquart.
  15. Émile Zola, Nouvelle Campagne.
  16. Chronique médicale, 15 nov. 1895, p. 674 à 680.
  17. Ce fut d’abord : « Le gros bouquin de Lucas sur « l’Hérédité naturelle » comme Zola l’indiqua lui-même au Dr  Cabanès. Mais il abandonna ce traité « bien démodé aujourd’hui » et consulta le Dr  Pouchet, un Rouennais qu’il avait connu chez Flaubert, s’inspira ensuite de la thèse d’agrégation du Dr  Déjeriné et des travaux de Weissmann. (Chronique médicale, 15 nov. 1895, p. 677). C’est de ces origines très respectables, complétées par la très fine érudition du Dr  Maurice de Fleury, qu’il tira les vingt volumes en question.
  18. Émile Zola, Le docteur Pascal, édit. prim., p. 37-38.
  19. Chron. médicale, 15 nov. 1895.
  20. Ibid., p. 680.
  21. Jules Lemaître, Les contemporains.
  22. Chronique médicale, 15 octobre 1896, p. 616.
  23. V. Chronique médicale, ib., p. 620 à 627.
  24. Ibid.
  25. Chronique médicale, 15 oct. 1896, p. 620 à 627.