L’Ombre de l’amour/28

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Calmann-Lévy, éditeur (p. 340-349).


XXVIII


Albert Lapeyrie attendait les nouvelles, dans la petite pièce aux murs laqués, aux meubles vernis, crûment éclairée par la grande porte-fenêtre.

La maison de santé, que dirigeait la doctoresse Kousmine, était discrète et blanche entre les massifs d’arbrisseaux, lilas, aubépines, troènes, qui, l’été venu, l’entouraient de fleurs, sans intercepter la lumière. Au delà de la grille, le quai du Quatre-Septembre élevait ses peupliers, et la Seine, grise sous le ciel gris, embrassant de vertes îles, reflétait les arches du pont de Boulogne et les coteaux de Saint-Cloud.

La doctoresse entra, vêtue encore de sa blouse en grosse toile. Petite, avec un front bombé, des yeux pâles, un sourire doux et le teint lacté des Russes blondes, elle paraissait très jeune. Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/357 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/358 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/359 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/360 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/361 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/362 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/363 Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/364

Elle avait au doigt le dé d’argent, un peu usé, qui venait de sa mère et de son aïeule. Elle l’ôta et prit l’autre dé, qui était celui de Fortunade.

Une larme glissa sur sa joue. Le front baissé, elle se mit à coudre, comme autrefois…