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L’Ombre des roses/À Bord

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À BORD.



Le soir adorable tremblait sur la mer.
Je regardais passer doucement le soir clair,
Entre le ciel et l’eau, dans les vents et dans l’air…
 
L’écume, au soleil couchant moussait, rose,
Et, fléchie au sommet des vagues les plus hautes,
Prenait la courbe circonflexe des mouettes.
Jamais je n’avais vu de si belles mouettes ;
Jamais je n’avais été si seul devant la mer,
Et je me sentais triste, pâle et fier
D’être si content, seul à seul avec la mer.

J’avais quitté mon amie, j’avais quitté mon amie !
Le vent traversait mon âme avec le soleil du soir
Et je regardais ma vie du haut de mon désespoir…
 
Comme un bateau qui va sur l’eau,
Va, mon Rêve, sur mes sanglots…
Il se fait tard, la mer est noire.

À droite, encore un soleil mort,
À gauche, la lune est à bord ;
Au milieu, c’est mon blanc mouchoir !

Il est trempé comme une voile
Sombrée dans la marée natale…
Où est ma mère, qu’elle pleure !
 
Je veux aller où l’on demeure —
La lune ronde est dans le ciel
Blonde comme un gâteau de miel.

Au galop fou des violons
Et des harpes tristes qui bêlent
Tout le long le long de ce pont,

Je tourne, en chœur, ma ritournelle !
« Comme un pauvre petit bateau
Qui va sur l’eau ! »