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L’Organisation De La Famille/2-4

La bibliothèque libre.
Alfred Mame & fils (p. 133-139).

CHAPITRE IV

MOYENS D’EXISTENCE DE LA FAMILLE


§ 22

PROPRIÉTÉS

( Mobilier et vêtements non compris.)


Immeubles : Deux propriétés distinctes : le domaine dans la vallée ; le germ dans la montagne
28,000 fr. 00

1o Habitation. — Maison composée d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage, 1,200 f. 00.

2o Bâtiments ruraux. — Granges et étables, 3,040 f. 00 ; porcherie et poulailler, 110 f. 00.

Étendue. Valeur.
3o Domaine. — Prairies arrosées sur un tiers environ de leur surface
12h. 42 14,820 f.
Pacage et verger attenant à la maison
 1    28   830
Terre arable
 2   25 4,800
Jardin potager
 0   09   200
4o Germ. — Prairies arrosées
 2   25 3,000


Totaux
18  29 23,650


Argent
184 00

Somme gardée par la maîtresse de la maison et constituant, avec les grains, les jeunes animaux et les provisions, le fonds de roulement de la communauté, 176 f. 00. — Somme possédée à titre individuel, par les divers membres de la communauté [ceux-ci s’empressent en général de dépenser tout ce dont ils peuvent disposer (§35)], 8 f. 00.

ANiMAux DOMESTIQUES entretenus toute l’année. 3,264 fr. 20

1" Be/es à cornes.

8 vaches, 1,360 f.00 ;- 3 à 5 génisses ou veaux (selon la saison), 150 f.OO. –Total, 1,510 f. 00. 2" Bêles à laine. 60 brebis de 3 à 6 ans, ayant déjà porté, 15 femellesde deux ans (doM&<eras) ; 15 femelles d’un an (bacivas) ; SS moutons, agneaux, béliers, etc., 1,)08 f. 00. 9 de ces brebis sont possédées à titre individuel, savoir : 6 par Jean Dulmo (g 18), 2 par Marie Dulmo et 1 par le domestique, qui vendent à leur profit les produits qui en proviennent, à la charge toutefois, pour les deux premiers, de payer à la communauté S fr par tête de brebis pour la valeur du foin consommé. Conformément à la coutume qui est également suivie dans la Basse-Bretagne1, cet avantage est accordé au domestique à titre gratuit.

3< ?wMa[Ma ?dM)ers. –’t jument, 240 f. 00 ;– 1 chien de garde, 30 f. 00. Total,270f. 00.

4"BaMe-coM ?’. – Deux cochonsà l’engrais, 2t0f.00 ;–6poules, 11 f.20.-

Total, 221 f. 20.

S° Rucher. 12 ruches en paille, 155 f. 00. MATÉRIEL SPÉCIAL DES TRAVAUX ET INDUS-TRIES

669 fr. 30

Exploitation des champs, des prairies et des arbres épars (§37). – 4 charrues (arêtes), 30 f.OO ;–S jougs (yus) pouratteler les vaches, 17 f. 50 ;- 3 cuirs (guillas) pour attacher tes vaches au joug, 8 f. 23 ;–1 herse en fer (a~ -<tsc !e), 7 f.OO ;’) herse en bois, S f.00 ; –1 mesure à 3 tiges (t ?t<M’M :de) pour tracer les sillons de maïs, 2 f. 7S ;–’) houe à vache (<-<Mero<) pourbiner le maïs, 3f.OO ; - - 6 petites houes triangulaires à main ( housse)pourfetabourage, 7 f. 50 ; 2 houes(housses) pour le labourage,3 f.CO ;-3 pioches doubles avec tranchant (Aac/tC[<) pour tracer les rigoles des prés, t Pen-ty, ou journalier agriontteur de la Basse-Bretagne §7. subventions, (Les Ouort’o's eufOpeetM~ t . IV.)

6f.OO ;–3tridents en fer ( caf~ad~)pour remuer le fumier, 4 f.SO ; 3 pioches simples, 5 f. 2S ;– 3 peUes en fer pour le labourage (pota/te ?-) ,9f .00 ;–6 6 pelles en bois, 2 f.10 ; -20 râteauxà foin, en bois, 12 f.00 ;-1 serpe (refont) pour tailler les haies, 2 f. 00 ; – 24 corbeilles en noisetier tressé, pour transporter sur la têtele fumier et la terre, 7 f. 20 ;–S civières en bois pour transporter le fumier et la terre, 22f.80 ;–3 civières à gros barreaux (&a</ar) pour transporter les pierres,6 f.OO ;– 2 brouettes à une roue ferrée (carrio), 14 f.OO ;–6 fourches en bois pour manœuvrer la pai)te, 2 f. 40 ; 12 fourches pour éparpiller ]e fumier sur les près, 3 f.’QO ; –7 faux pour foins et regains, 31f.SO ;!–11 enclume et un marteau pour battre à froid les faux, 3 f.OO ;–6 pierres à aiguiser avec leurs étuis en bois, 7 f. 50 ;- 12 insiruments spéciaux (<M-W<M) pour charger )e foin sur les épaules, 9 f. 00 ; – 6 cribles à cercles de bois, à fonds de peaux de mouton (sinnès) pour vanner et trier les grains, 15 f.OO ;–mobilier pour l’exploitation des arbres 4 haches à deux mains et3 serpes, 18f.90. Total, 264 f. 85.

2° Exploitation des bêtes à cornes et à laine et de la jument.– 16 cloisons ptacéesentrete8vaches( !netHcnts),46f .OO ;–Sorèohes pour les vaches et les veaux, 8 f. 30

–1 8 attachesen bois et 3 an-

neaux (coueras),10f.OO ; –3échelles pour la descente du foin, 6f.OO ;–’ t8c)oisonspour3étabtes à brebis, 54 f.OO ;–100 panneaux de barrières mobiles (clédas) avec piquet et bourras pour monter les parcs à brebis (ùaf~Mefe) en dehors des bergeries ; 100 f.OO ; –7ëcheiles à foin pour )e servicedes bergeries, 13f.0(~ ; –2 2 cabanes mobilesen boiset paille ( burguet) pour loger le berger près des parcs à moutons, 9 f. 00

– 2 trompes de berger pour

signaler les animaux dangereux, 2 f. 00 ; 2 pochesà sel pour les bergers, 1 f.OO ;–1 crucheâbecaveccouverc)e,delSlitres, en fer-blanc (bane), pour le transport du lait, 6 f. 00 ; 2 seaux de fer-blanc de 3 41itrespour !etransportdu)ait,4f.00 ;–2seaux en bois avec ansea(MM~MMs)pour traire les vaches au domaine, 2 f. 00 ; –2 seaux en bois pour traire les vaches au germ (§ 17), 2 f.00 ;- seaux en bois avec couvercles, de 3 à 4 litres, cerclés en fer, pour traire les brebis, 3 f. 73 ;–3 chaudrons en cuivre ctamc pour préparer la crème, 21 f.OO ;– 2 tamis à cercle de bois, à fonds de crin, pour filtrer le lait, 2 f. 00 ;– 3 cuillers plates en bois pour écrémer le lait, 0 f. SO

1 baratte moderne à beurre en

fer-b !anc,8f.00 ;–l baratte moderne à beurre en bois, Sf.OO ;– 2 barattes antiquesen peau de mouton, considérées encoreaujourd’hui comme tesmeitleures,2f.7S ;–2petitschaudrons en cuivre pour la cuisine des bergers à la station d’été, ou germ, 8 f.00 ; — Vases et ustensiles divers pour le service d’été des bergers, 4 f. 10 ; — mobilier pour l’exploitation de la jument : râtelier, cloisons, mangeoires, harnais, 30 f. 90. — Total, 344 f. 30.

Exploitation du jardin potager. — 2 houes, 2 pelles, boîtes à graines, cordeaux, 6 f. 20.

Exploitation de la basse-cour. — Auges, vases et ustensiles pour le service des cochons, 14 f. 00 ; — ustensiles pour le service du poulailler, 1 f. 60. — Total, 15 f. 60.

Exploitation des abeilles. — 6 ruches de rechange, 3 f. 30 ; ruches en bois avec toit en ardoises, 9 f.00 ; — petite presse pour séparer le miel de la cire, 0 f. 45 ; vases et ustensiles pour la conservation des produits, 0 f. 80. — Total 13 f. 55.

Fabrication des fils et étoffes de lin. — Quenouilles, fuseaux, bobines, etc., 1 f. 10 ; 1 métier à tisser (aujourd’hui sans usage), 4 f. 50. Total, 5 f. 60.

Fabrication des fils et étoffes de laine. — Quenouilles, fuseaux, bobines, 1 f. 20.

Fabrication des sabots. — 1 établi en bois de hêtre, 4 f. 15 ; — 3 petites haches courbes (hucholas), 3 f. 60 ; — 3 outils recourbés à 2 tranchants (rase), 2 f. 00 ; — 2 grandes tarières, 1 f. 85 ; — 2 petits rabots à polir, 0 f. 60. Total 12 f. 20.

Petites fabrications domestiques. — Couteau et outils divers pour le travail du bois, 4 f. 20 ; aiguilles et ustensiles divers pour ouvrages de femme, 1 f.60. Total, 5 f. 80.

Valeur totale des propriétés. 32,117 fr. 50


§ 23

SUBVENTIONS

L’étude du budget des recettes prouve que les subventions exercent sur le bien-être de la famille une influence considérable. Il faut placer au premier rang l’herbe broutée par les animaux domestiques sur les pâturages communaux, à proximité du germ (§ 17) où ils se tiennent pendant l’été ; les troupeaux y prennent environ les quatre dixièmes de la quantité totale de la nourriture qu’ils consomment. Viennent ensuite, selon l’ordre d’importance, les racines de pin (Pinus sylvestris L.) récoltées par tolérance de l’administration forestière dans les forêts communales et employées, sous le nom de téda, à l’éclairage domestique (§ 26) ; le bois de chauffage et les matériaux de clôture enlevés par maraude dans les bois communaux voisins des habitations, composés principalement de taillis de hêtre (Fagus sylvatica L.). Il est à remarquer que la maraude dans les bois communaux ne constitue pas, dans l’opinion du pays, une action honteuse, et qu’elle se concilie même chez toutes les familles avec un développement prononcé du sentiment religieux. On peut encore compter, au nombre des subventions fort appréciées des familles demeurant près de Cauterets, le droit d’envoyer pendant les journées d’hiver leurs fileuses aux thermes de ce bourg, et de jouir ainsi, à titre gratuit, de la douce température développée par la circulation des eaux minérales.

§ 24

TRAVAUX ET INDUSTRIES

Tous les membres de la famille à l’exception des deux plus jeunes enfants, exécutent en commun la culture et la récolte des champs et quelques travaux spéciaux, tels que l’abatage des cochons, la tonte des brebis et la préparation des pailles pour la couverture des granges.

Travaux des hommes. — Les travaux spéciaux aux hommes sont : le labourage et le fauchage ; les soins donnés aux vaches, aux brebis, à la jument et aux abeilles ; l’abatage des produits forestiers, la fabrication des sabots et l’entretien du mobilier agricole.

Travaux des femmes. — Les travaux spéciaux aux femmes sont la culture du jardin potager ; le service de la basse-cour ; les travaux de ménage et spécialement les soins de propreté la préparation du pain, de la mestura (§ 25) et des autres aliments ; le blanchissage du linge ; la fabrication des fils et des étoffes de lin et de laine ; la confection des vêtements et du linge de ménage. La maîtresse est plus particulièrement chargée du jardin potager, de la cuisine et des ventes au marché. Le service de la laiterie n’est jamais dévolu aux femmes.

Travaux des enfant. — Les enfants sont peu chargés de travail : les deux filles de 14 et de 12 ans consacrent une grande partie de leur temps à l’école et au catéchisme ; les deux plus jeunes enfants, âgés de 9 et de 7 ans, suivent toute l’année ce double enseignement. On ne les emploie jamais aux travaux qui pourraient excéder leurs forces. Leurs occupations principales sont le filage, le tricotage, la garde des brebis et la récolte d’herbes destinée aux cochons ; elles sont pour eux une récréation autant qu’un travail.

Industries entreprises par la famille. — L’essence même de l’organisation sociale à laquelle se rattache cette famille est que tous les travaux, sans exception, soient entrepris à son compte particulier.