L’américanisme/05

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CHAPITRE CINQUIÈME.


L’AIDE DONNÉE À L’ALLIANCE-ISRAÉLITE-UNIVERSELLE PAR LES PARLEMENTS ET LA PRESSE.


Dans une Lettre pastorale, écrite en 1878, Mgr Martin, évêque de Natchitoches, aux États-Unis, considérant la conjuration antichrétienne qui, à l’heure actuelle, s’étend au monde entier, disait :

« En présence de cette persécution d’une universalité jusqu’ici inouïe, de la simultanéité de ses actes, de la similarité des moyens qu’elle emploie, nous sommes forcément amenés à conclure l’existence d’une direction donnée, d’un plan d’ensemble, d’une forte organisation qui exécute un but arrêté vers lequel tout tend.

» Oui, elle existe cette organisation, avec son but, son plan et la direction occulte à laquelle elle obéit, société compacte malgré sa dissémination sur le globe ; société mêlée à toutes les sociétés sans relever d’aucune, société d’une puissance au-dessus de toute puissance, celle de Dieu exceptée. Société terrible, qui est pour la société religieuse comme pour les sociétés civiles, pour la civilisation du monde, non pas seulement un danger, mais le plus redoutable des dangers. »

Cette société compacte quoique disséminée sur le globe, cette puissance au-dessus de toute puissance que Mgr Martin ne fait que désigner, nous avons cru pouvoir la nommer et montrer l’instrument créé par elle dans le but d’organiser partout la conjuration contre le christianisme. Déjà nous avons vu quelle est la nature de son action et par quels moyens elle s’efforce de dissoudre partout et la patrie et la religion pour établir son règne sur leurs ruines.

Nous devons considérer maintenant les auxiliaires qu’elle a su se donner.

Le but de Alliance-Israélite-Universelle est, avons-nous dit, d’amener les hommes de tous les pays à renoncer à tout ce qu’il y a de positif dans la religion qu’ils professent, afin d’arriver à les enrôler tous dans une catholicité nouvelle : « l’Église de la libre-pensée religieuse. » Ce serait une religion vague, indéterminée, sans autre dogme et sans autre culte que ceux qu’il plairait à chacun d’adopter : religion universelle, puisque tous s’y rencontreraient dans le néant de la foi, comme les vrais catholiques sont unis dans la confession d’un même symbole et dans la possession commune de toutes les vérités qu’il a plu à Dieu de nous révéler.

Non seulement les juifs ont formulé cette prétention, mais eux-mêmes, en grand nombre, sont entrés dans cette voie : ils ont renié le Talmud, ils se sont débarrassés de toutes les entraves judaïques, ils font profession de libre-pensée, pour « se faire plus facilement accepter » et pouvoir entraîner les autres dans ce qu’ils appellent un « Israélitisme libéral et humanitaire. »

« Nous sommes, disent-ils, le type absolu de la démocratie religieuse : chacun de nous est le juge suprême de sa foi. » (Arch. Isr., XV, p. 677, ann. 1867.)

Suffisante pour leur donner les moyens de se faire accepter, leur transformation ne l’était point pour servir d’exemple et entraîner à leur suite ; ils ont organisé dans ce but l’Alliance-Israélite-Universelle : « Pénétrer dans toutes les religions… faire tomber toutes les barrières qui séparent, voilà la grande et belle mission de notre Alliance. Marchons dans cette voie, fermes et résolus. »

Quels complices l’Alliance recherche-t-elle pour l’aider à atteindre ses fins ?

D’abord elle agit auprès des rois et des parlements et s’applique à exercer sur eux « cette singulière, infatigable et si mystérieuse influence » que M. des Mousseaux signalait déjà en 1869[1].

Que leur demande-t-elle avant tout et par-dessus tout ? La laïcisation.

Il n’est personne qui ne voie, qui ne puisse voir l’effort prodigieux qui est fait depuis un siècle pour tout laïciser, c’est-à-dire pour enlever à toute chose et à tout homme tout caractère religieux. Déjà, à l’origine même de la Révolution, de Maistre avait remarqué que c’était là son caractère essentiel. « Examinez, disait-il, toutes les entreprises de ce siècle, vous les verrez (ces hommes de la Révolution) constamment occupés à les séparer de la divinité[2]. » Il serait trop long de faire paraître ici les multiples aspects sous lesquels se présente cette question de laïcisation ou de sécularisation : elle s’étend à tout, et tous les organes gouvernementaux, sinon toutes les forces de la société, sont employés à la faire triompher.

M. Klein commence le sixième chapitre de son livre Nouvelles tendances en religion et en littérature par ces mots : « Laïciser le christianisme, voilà exactement ce que désire la très grande majorité des chrétiens de lettres. Cette formule est la plus exacte et la plus précise qu’on puisse trouver pour définir le mouvement que nous étudions, » (le mouvement néo-chrétien). Et il faut bien qu’il en soit ainsi, il faut bien que la laïcisation soit d’abord dans les esprits pour qu’elle puisse se produire dans les faits ; et pour qu’elle soit dans l’esprit de la multitude, il faut que l’idée en vienne de haut, qu’elle ait été semée dans les esprits vulgaires par ceux qui font l’opinion.

Eh bien ! ceux qui font actuellement l’opinion, ce sont surtout les juifs : ils occupent les principales chaires de l’enseignement supérieur et ils dirigent la presse.

D’autre part, en y regardant de près, nous trouvons que ce sont aussi des juifs qui ont été les inspirateurs des lois et des mesures de laïcisation. Les exemples récents sont encore dans toutes les mémoires. En voici un qui remonte à 1866. Une loi avait été faite en 1814 pour protéger le repos du dimanche. À la date que nous venons d’indiquer, les Archives Israélites disaient : « Il n’y a ni transaction ni conciliation possibles. Si on laisse encore cette loi debout, il est permis de dire que les immortels principes (toujours ces principes) qui brillent au frontispice de notre Révolution subissent une dérogation tant sous le rapport de la liberté de conscience que sous celui du principe d’égalité. » La loi de 1814 fut abrogée dès que la franc-maçonnerie fut arrivée au pouvoir. Depuis, tous les efforts faits pour assurer aux ouvriers le repos du dimanche ont été impuissants. On veut bien d’un jour de repos par semaine, on ne veut pas le fixer au même jour pour tous, — ce qui est absolument nécessaire, — parce qu’alors le choix du dimanche s’imposerait. Un député-prêtre, teinté, il est vrai, d’américanisme, comme nous le verrons plus loin, montant à la tribune pour réclamer en faveur des ouvriers attachés aux travaux de l’Exposition le repos nécessaire, n’a osé parler que de repos hebdomadaire[3].

Mais c’est en faveur de la laïcisation de l’enseignement que l’effort le plus énergique et le plus soutenu s’est porté.

N’est-ce pas une chose prodigieusement étonnante que de voir tous les États, catholiques ou protestants, monarchies ou républiques, promulguant, à peu près en même temps, les mêmes lois pour imposer la neutralité au point de vue religieux dans l’enseignement de la jeunesse[4] ? Mais aussi quoi de plus efficace que cette neutralité scolaire pour atteindre le but visé par l’Alliance-Israélite-Universelle ? Les enfants élevés dans l’ignorance des vérités religieuses et dans l’indifférence à l’égard des devoirs dus à Dieu, appartiennent par le fait à l’Israélitisme libéral et humanitaire, ils sont les éléments tout faits de la « religion universelle », de ce nouveau catholicisme qui doit permettre l’accomplissement des destinées d’Israël.

Les juifs comprennent si bien l’importance de l’école neutre pour préparer l’établissement de leur Israélitisme humanitaire que, de même qu’ils se font eux-mêmes libéraux et libres-penseurs pour pouvoir exercer plus efficacement leur prosélytisme en faveur de la religion de la libre-pensée, ils préfèrent faire élever leurs propres enfants dans l’indifférence à l’égard de leur propre religion, plutôt que de renoncer à tenir les enfants chrétiens dans cette atmosphère d’indifférence et de neutralité.

Ce qui s’est passé, l’an dernier, à Vienne, à cet égard, est bien instructif.

Le Conseil scolaire de la capitale de l’empire autrichien, portant atteinte à la loi de neutralité, ordonna, il y a quelques mois, l’institution d’écoles confessionnelles, c’est-à-dire d’écoles juives pour les juifs, d’écoles chrétiennes pour les chrétiens. Cette résolution fat approuvée par le Conseil provincial et mise à exécution à la rentrée des classes de l’année scolaire 1898-1899.

Cette mesure, semble-t-il, devait être accueillie avec une égale joie par les juifs et par les chrétiens. Mais non, elle a, selon l’expression de la Voce de Trente répondant à la Neue Freie Presse, « mis sens dessus dessous les tribus d’Israël. » À peine la résolution eut-elle été votée par le Conseil municipal de Vienne, que la presse juive fît le possible et l’impossible pour que le Conseil provincial lui refusât son approbation. Et lorsque, à la rentrée des écoles, la séparation se fit entre enfants juifs et enfants chrétiens, les juifs convoquèrent une grande assemblée pour protester contre cette mesure et demander au gouvernement de rétablir l’état de choses antérieur.

L’on vit, dans cette assemblée, éclater le dissentiment que nous avons signalé entre juifs orthodoxes ou traditionalistes et juifs libéraux ou réformateurs. Ceux-ci, qui se sont débarrassés eux-mêmes de toutes les entraves judaïques et ont repoussé le Talmud, afin de se faire accepter et de travailler plus efficacement à pénétrer dans toutes les religions pour établir sur leurs ruines un Israélitisme libéral et humanitaire, veulent que les enfants chrétiens soient élevés dans la neutralité religieuse, afin de pouvoir les enrôler dans « l’Église de la libre-pensée religieuse[5] » ; et il ne leur répugne point que les enfants juifs soient élevés de même, comptant sur l’instinct de la race, qu’ils estiment indestructible, pour l’accomplissement des destinées d’Israël. Ils ont donc parlé en faveur de « l’interconfessionnalité » des écoles, mot très bien fait pour marquer le but qu’ils veulent atteindre non seulement dans l’enseignement, mais partout, dans toutes les directions de la vie politique, sociale et religieuse ; l’interconfessionnalité, c’est-à-dire la confusion de toutes les religions en un tout informe préparant les voies à la « Jérusalem du nouvel ordre » qu’ils veulent « substituer à la double cité des Césars et des Papes. »

Veut-on la preuve qu’en France, la loi de neutralité des écoles n’a point d’autre but dans la pensée de ceux qui nous l’ont imposée et dans celle de plusieurs de ceux qui en urgent l’application ?

Un inspecteur d’Académie M. Payot, vient de publier un livre intitulé : Avant d’entrer dans la vie. Aux instituteurs et institutrices, conseils et direction pratiques.

Ce livre est offert aux jeunes hommes et aux jeunes filles des écoles pour apprendre, à ceux qui aspirent à l’honneur d’être instituteurs ou institutrices, ce que l’école normale va faire d’eux, et ce qu’ils devront être et faire lorsqu’ils seront chargés de l’éducation de la jeunesse française.

Ce qu’ils vont devenir à l’école normale au point de vue de la foi, leur est dit sans détours aux pages 11 et 12. « L’enfant arrivé de son village non pas croyant (car qu’est-ce qu’une croyance qui n’a jamais subi de discussion ?)[6], mais croyant croire, cesse peu à peu de croire, et… il souffre de ce changement, si considérable en apparence, de son point de vue sur le monde… Cette crise est beaucoup plus pénible quand elle se produit sur les jeunes filles. »

Voilà les parents bien et dûment avertis par un homme qu’ils ne peuvent récuser, un inspecteur d’Académie, qui a vu, qui a constaté ce qu’il dit, et qui n’en est point autrement ému.

Mais ce n’est point à cela que nous voulons nous arrêter ; nous ne le savions que trop, et il suffit de prendre acte de l’aveu.

Ce qui suit met en pleine lumière le but visé par l’institution de l’école neutre, et montre son identité avec le but poursuivi par l’Alliance-Israélite-Universelle.

Après avoir dit que les élèves des écoles normales y perdent infailliblement la foi, M. l’inspecteur Payot dit qu’il est nécessaire de remplacer la foi « par une très forte culture morale indépendante de tout enseignement confessionnel. »

Il ne nous dit point, et pour de bonnes raisons, par quels moyens il produira « cette forte culture morale » en mettant de côté tout enseignement, tout frein, toute pratique tirés de la religion.

Mais, prenant le langage de l’Alliance-Israélite-Universelle, il dit que cette culture morale est aussi une foi, une religion, mais une religion supérieure à toutes les autres, et dans laquelle toutes peuvent et doivent se confondre :

« Nous devons nous placer à un point de vue supérieur aux religions particulières et qui n’impose à la raison et à la plus absolue liberté de penser, aucun sacrifice.

» À côté, et nous ne craignons pas de dire au-dessus des religions qui divisent les esprits, il y a place pour une religion vraiment universelle, acceptable pour tous les esprits pensants et qui renferme les religions particulières, comme le genre renferme les espèces. » (P. 14.)

N’est-ce point mot pour mot le langage des Archives Israélites ?

Les choses étant telles, on comprend qu’en Amérique comme en Europe, le clergé ait fait les plus grands sacrifices pour élever, à côté de l’école neutre officielle, l’école libre religieuse. Mais, chose qui ne peut évidemment s’expliquer que par l’ignorance absolue du but poursuivi, l’un des chefs de l’Américanisme a tenté de faire disparaître les écoles confessionnelles dans son pays. Rome a dû intervenir, et le préfet de la Propagande a adressé à tous les évêques d’Amérique une lettre où il est dit : « Quelques personnes ont cru à tort que les écoles officielles n’offrent pas de danger, et que les enfants catholiques peuvent y être envoyés. Mais le fait que de tels établissements excluent de leur programme la vraie religion, cause un grand préjudice à cette religion elle-même. »

Avec la loi scolaire, combien d’autres lois poursuivent dans toutes les directions de l’activité humaine ce qu’ils appellent « la laïcisation » ! Il n’est pas téméraire d’attribuer l’inspiration de ces lois à la même influence et à la poursuite du même dessein.

Il faut que les Ordres religieux, qui sont le rempart de l’Église catholique, disparaissent : de là les lois faites pour amener leur ruine à bref délai[7]

Il faut que l’influence acquise par le clergé par tant de siècles de bienfaits soit annulée : et il est chassé de toutes les positions qu’il occupait, de tous les conseils où il pouvait faire entendre sa voix. Il faudrait que les sources du sacerdoce se tarissent : de là la loi du recrutement des ecclésiastiques. Il faudrait que l’exercice du culte fût rendu impossible : de là la loi sur les Fabriques et ces sourdes menées de l’administration qui ont petit à petit enlevé à la paroisse et au diocèse la propriété des églises et des cathédrales, des cures et des évêchés, pour la transférer aux communes et à l’État. Il fallait enfin introduire le désordre dans la famille pour la détacher de l’Église : de là la loi du divorce et les encouragements donnés à la débauche sous toutes ses formes.

En même temps que l’œuvre, — « la grande œuvre de l’humanité », — comme dit l’ Univers Israélite, est poursuivie par voie législative, il était nécessaire d’agir sur l’opinion. Cette mission a été donnée à la presse. Parmi les supériorités que M. des Mousseaux reconnaît aux juifs, il met en bon rang celle-ci : « supériorité dans l’art professoral du sophiste, habile à mêler aux doctrines du théologien et du publiciste les subtilités où l’esprit s’égare, le venin des doctrines enivrantes qui pervertissent les individus et font tomber les peuples en démence[8]. » En France, en Europe, dans toutes les parties du monde, les juifs ont créé ou acquis les journaux les plus influents, ils ont des hommes de leur race dans toutes les rédactions ; et par un moyen ou un autre, directement ou indirectement, ils font trop souvent entrer jusque dans les journaux catholiques des faits, des idées, des appréciations qui favorisent l’exécution de leurs plans.

Nous n’avons nullement l’intention d’incriminer qui que ce soit, mais seulement de faire toucher du doigt la justesse de ces observations.

N’a-t-on point vu, lors de la dernière campagne électorale, des journaux catholiques donner le conseil de voter pour des candidats francs-maçons déclarés, de préférence à tels catholiques pratiquants ou hommes d’œuvres[9] ?

N’a-t-on point vu, au cours de cette même campagne, un prêtre, M. l’abbé Dabry, rédacteur d’un journal dirigé par un autre prêtre, M. l’abbé Garnier, y dire que « les récriminations purement catholiques doivent cesser, » que, « depuis vingt ans, aucune atteinte n’a été portée à la liberté essentielle de l’Église en France ? »

Ceux qui, depuis vingt ans, ont fait et appliquent les lois que nous rappelions plus haut, ont un suprême intérêt à ce que les organes écoutés des catholiques disent et répètent : « Depuis vingt ans, aucune atteinte n’a été portée à la liberté essentielle de l’Église ; » ou : « Tranquillisez-vous ! la politique libérale et le respect de la religion sont à l’ordre du jour. Vous n’avez rien à craindre : Brisson a un programme modéré[10]. »

Nous serions infini si nous voulions dire les mille moyens par lesquels la presse — presse libérale à tous les degrés, presse impie, presse révolutionnaire — d’un bout du monde à l’autre, et tous les jours, avec un ensemble merveilleux, agit sur les esprits pour les déchristianiser. Chacun de ces journaux sait admirablement mesurer la dose de venin qu’il doit présenter à ses lecteurs selon la classe où il les recrute, celle à laquelle ils appartiennent par leur culture intellectuelle et leurs dispositions morales.

Dans les thèses qu’ils développent, dans les faits qu’ils rapportent, dans la manière dont ils les présentent, vous trouverez toujours l’esprit des « principes modernes » dont « le développement et la réalisation, au dire d’Israël lui-même, sont la plus sûre garantie du présent et de l’avenir du judaïsme, et la condition la plus énergiquement vitale pour l’existence expansive et le plus haut développement du judaïsme. »

L’inoculation quotidienne de ces « principes » dans les têtes catholiques, a pour inévitable effet de transformer peu à peu le vrai chrétien, sinon en fidèle, du moins en catéchumène de cet « Israélitisme libéral », de cette « religion universelle » qui doit permettre « l’accomplissement des destinées d’Israël. »

Il est facile à chacun de voir si cette transformation commence à s’opérer en lui ; il n’a qu’à s’interroger sur l’Église et à se demander quelle idée il s’en fait actuellement.

Est-il encore intimement convaincu et pénétré de ces vérités :

Que Dieu a fondé de ses propres mains une société spirituelle dans laquelle tous les hommes sont appelés, et qui seule possède toutes les vérités révélées et tous les moyens de salut ;

Que cette société est parfaite en elle-même, ayant reçu de Dieu même une constitution qui lui est propre, sur laquelle la société civile ne peut rien ; que cette société a le droit de se régir par ses propres lois, et que toute entrave, toute contrainte essayée contre elle, de quelque part qu’elle vienne, est criminelle, sacrilège, impuissante à créer aucun droit ?

C’est à détruire ces notions dans l’esprit des catholiques que s’acharnent tout ceux qui, — le sachant ou ne le sachant point, — travaillent à la grande œuvre.

L’Américanisme viendrait-il, lui aussi, prêter à cette œuvre un concours qui n’est certainement point dans ses intentions, mais qui pourrait résulter de la poursuite d’un bien illusoire ? Ce que nous avons déjà dit peut le faire craindre.

Il est bon d’examiner la chose de plus près.



  1. Voir aux Documents, N. XII.
  2. Essai sur Le principe générateur des constitutions politiques.
  3. Voir aux Documents, N. XIII.
  4. Dans les deux mondes, des lois pour la laïcisation des écoles ont été faites ou complétées, plus radicales ici, là moins exclusives. Comment expliquer, en dehors de la conjuration antichrétienne, un tel accord pour une chose si monstrueuse et dont les effets ont été bientôt si funestes que plusieurs États se sont hâtés de corriger leur législation sur ce point ?
  5. Voir aux Documents, N. XIV.
  6. La foi est une vertu surnaturelle, infuse dans l’âme du baptisé, germe qui se développe par la correspondance à la grâce. Elle se fortifie avec l’âge par la prière, l’étude et l’espérance. Mais elle n’a nul besoin de discussion pour être ce qu’elle est, c’est-à-dire pour répandre dans l’âme les divines lumières.
  7. Le P. Hecker disait que « les communautés monastiques ne seront vraisemblablement plus le type dominant de la perfection chrétienne. » Et l’un de ses disciples, l’abbé Dufresne : « La sanctification dont les cloîtres ont été jusqu’ici les principaux foyers, sera répandue bien davantage en plein monde et dans la masse du peuple chrétien. » La franc-maçonnerie fait des lois pour détruire les Ordres religieux, et les Américanistes disent : Bientôt la religion pourra se passer d’eux. À la consécration de l’évêque de Sioux-Palls, Mgr Ireland prêcha un sermon dirigé contre les Ordres religieux, qui lui attira, quelques jours après, en présence du cardinal Satolli, de la part du R. Dr Richard, S. J., une ferme réplique. Ici même, en France, lors de l’élection de M. l’abbé Gayraud, on a dû rétablir les principes de la théologie et du droit canon sur la nature des obligations que créent les vœux solennels de religion. Sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, les Américanistes d’ici et de là-bas, s’ils ne s’entendent, agissent et parlent sous l’influence d’un même esprit.
  8. Hélas ! n’y sommes-nous point ?
  9. Voir aux Documents, N. XV.
  10. Conférence donnée le jour de l’Assomption dans paroisse de la Flandre, par M. l’abbé Lemire. Voir La croix du Nord du 17 août 1898.