L’an se rajeunissoit en sa verde jouvence
Apparence
L’an se rajeunissoit en sa verde jouvence
L’an se rajeunissoit en sa verde jouvence,
Quand je m’épris de vous, ma Sinope cruelle :
Seize ans estoyent la fleur de vostre âge nouvelle,
Et vostre teint sentoit encore son enfance.
Vous aviez d’une infante encor la contenance,
La parolle, et les pas, vostre bouche estoit belle,
Vostre front, et vos mains dignes d’une immortelle,
Et vostre œil qui me fait trespasser quand j’y pense.
Amour, qui ce jour là si grandes beautez vit,
Dans un marbre, en mon cœur d’un trait les escrivit :
Et si pour le jourd’huy vos beautez si parfaites
Ne sont comme autresfois, je n’en suis moins ravy :
Car je n’ay pas égard à cela que vous estes,
Mais au dous souvenir des beautez que je vy.