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L’approche de l’Automne (Louise Guinard)

La bibliothèque libre.
Femmes-Poëtes de la France, Texte établi par H. BlanvaletLibrairie allemande de J. Kessmann (p. 150-151).

L’APPROCHE DE L’AUTOMNE.

Les champs sont moissonnés, les gerbes sont rentrées,
Le chaume seul s’étend sur les sillons jaunis !
Les bois se sont couverts de teintes empourprées,
Les oiseaux moins joyeux ont déserté leurs nids ;
Les fruits noirs de la ronce ont mûri sur les haies,
L’herbe s’est desséchée au tapis des sentiers,
Les bluets sont fanés et de vermeilles baies
Ont remplacé la rose aux buissons d’églantiers.

C’est le temps où, tremblante auprès de la bruyère,
La clochette d’azur s’abrite dans les bois,
C’est le temps où, partout, dans l’ombre et la lumière,
Le souvenir s’éveille et répète : Autrefois !!!
Il est dans le parfum de la feuille séchée,
Dans le rayon pâli qui perce le brouillard,
Et dans ces humbles fleurs qui, sous mes pieds, penchées,
Semblent frémir d’un souffle et chercher un regard.


Il se mêle à ces fils qui traversent la plaine,
Se balancent flottants dans les cieux éthérés,
S’attachent aux buissons comme une blanche laine,
Et brillent au soleil, lumineux et dorés ;
Oui, partout il se cache, il rayonne, il murmure ;
Il embaume les fleurs, il chante dans les airs ;
Avec les sombres pins qui gardent leur verdure,
Sous la neige il saura défier les hivers.