L’entrée d’Espagne/Notes et corrections Tome1

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Anonyme
Texte établi par Antoine Thomas (1p. 291-310).

NOTES ET CORRECTIONS

8. Au lieu de la mentanze, il vaut mieux corriger et lire ramentanze. Godefroy a relevé ramentance dans Guillaume de Machaut.

14. Bien que Godefroy enregistre difirnanze « trahison » d’après ce passage, il est évident qu’il faut corriger la leçon du manuscrit, mais je ne devine pas à coup sûr le mot qu’a dû écrire l’auteur, peut-être simplement difinance « fin, accord », comme l’admet Mussafia. Le Viaggio porte : « se elli non lassonno per uno grande tradimento que fece Gaino di Maganza » (p. 2).

15. Les textes français proprement dits ne mettent pas Ganelon en rapport avec la ville de Mayence. Sur l’origine du nom de « Mayençais » appliqué aux traîtres par les auteurs italiens, voir G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 167.

18. Cf. Viaggio, p. 2 : « lo megliore cavaliere che mai montasse n sella né che mantenisse justicia al mondo. » Il semble que le scribe ait fondu deux vers en un seul dont le second hémistiche jure avec le premier.

25. Au lieu de corriger sancer en tenser, bien que le verbe tenser « protéger » convienne au sens, il vaut mieux lire saucer, pour esaucer « exalter, relever » ; cf. sanplir, pour esanplir, après la conj. e, au v. 833 : Largeçe fu por lui mantenue e sanplie, et de même sorer pour esorer au v. 5710 : A desarmer e sorer le chalor. On pourrait d’ailleurs rétablir la forme normale esaucer en admettant l’élision de la conj. e, comme au v. 4369 : mantenu e esaucé.

47 et ss. Voir plus loin, au v. 10978, la mention positive d’un manuscrit de l’œuvre du prétendu Turpin, que l’auteur de l’Entrée d’Espagne déclare avoir trouvé à Milan.

48. En acceptant l’addition du correcteur (mist), il faut corriger scrist (lat. scripsit) en scrit (lat. scriptum) ; mais il vaut peut-être mieux lire simplement : En escrit de sa man, ce qui donne un bon hémistiche.

81-85. Allusion à la chanson de geste de Girart de Vienne, dont notre auteur n’a dû connaître que la forme remaniée par Bertrand de Bar-sur-Aube, la seule qui nous soit parvenue (L. Gautier, Ép. franç. III, 95-114, et IV, 218-230).

93-94. Allusion à la chanson de geste de Mainet, consacrée aux « enfances » de Charlemagne, dont on ne possède qu’un important fragment trouvé en 1874 par A. Boucherie et publié en 1875, avec un riche commentaire, par G. Paris (Romania, IV, 305-337). De même aux vv. 1938, 11301 et 11806.

112. Ici et plus loin (v. 135, etc.), il vaut mieux imprimer Galés ; cf. vv. 132 (Galés, à la rime), 4364 (Galé à la rime), etc. Ce personnage épisodique doit être une création de notre auteur, qui le fait tuer par Falseron (v. 7770).

156-161. Allusion à une partie de la légende de Girard de Fraite, qui a existé sous forme de chanson de geste faisant suite à la chanson d’Aspremont, mais qui ne nous est pas parvenue sous sa forme primitive (cf. Introd., p. xlvii). Cette partie de la légende a joui d’une vogue particulière en Italie (G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 324-325 ; cf. la Note additionnelle de M. P. Meyer dans l’édition de 1905, p. 542). L’auteur de l’Entrée d’Espagne distingue Girard de Fraite (oncle de Boson et de Claire) de Girard de Vienne (oncle d’Olivier) et de Girard de Roussillon (oncle d’Estout), bien que ces trois personnages épiques paraissent réfléter le même personnage historique ; il place cependant sous Vienne le combat de Roland et de Claire, neveu de Girard de Fraite, v. 12793. D’autre part, il connaît aussi Girard de Roussillon, mari de Berte, d’après la célèbre chanson de geste dont le texte le plus ancien nous a été conservé par un manuscrit d’Oxford qui a servi de base à la traduction de M. Paul Meyer (Girart de Roussillon, chanson de geste traduite pour la première fois ; Paris, Champion, 1884). Sur une confusion passagère curieuse, voir plus loin la note relative au v. 11228.

168. Au lieu de .XX., lire .XXm. C’est seulement dans la légende italienne que Roland, en qualité de sénateur de Rome, commande à une troupe de 20.000 hommes soudoyés par le pape. Les textes postérieurs portent le chiffre à 20.600 (Spagna) ou à 20.666 (Viaggio) ; toutefois le roman d’Aquilon de Bavière est d’accord avec l’Entrée d’Espagne. Les conteurs italiens ont substitué Roland au « Constantinus præfectus Romanus cum viginti millibus heroum « du Pseudo-Turpin (chap. 11) avec d’autant plus de facilité que dans la Chanson de Roland le neveu de Charlemagne prend 20.000 hommes pour faire l’arrière-garde de l’armée française.

182. Le père de Roland est ordinairement appelé par la suite Mille ou Milon d’Anglant ; toutefois, à la rime, l’auteur de l’Entrée d’Espagne se sert une fois de la forme Mille d’Anglor (v. 13114). Les textes français hésitent aussi entre Aiglant et Angler.

183. Le « frère Baligant » dont il s’agit ici est Marsile (cf. vv. 157 et s.) ; l’autre frère est Falseron ; leur père est Galafre (v. 12172), mort bien avant le moment où l’auteur de l’Entrée d’Espagne place le début de l’expédition de Charlemagne.

204. Roland tient Clermont de son aïeul (Bernard de Clermont) et Anglant de son père (Mille d’Anglant, au v. 182). Quant à Blavie (Blaye), c’est dans cette ville que la légende française place son tombeau, mais l’idée de faire du héros un seigneur de Blaye, idée empruntée à Turpin (ch. 11), n’a eu de vogue qu’en Italie.

238. Ce vers doit être rentré, car il est décasyllabe.

244. Au lieu de obli a, lire oblia.

254. Allusion à la fable de Phèdre « le Loup et l’Agneau », populaire au Moyen Âge comme de nos jours.

335. Ligier de Toraigne, c’est-à-dire Léger de Touraine appelé plus loin Eliger (v. 5894) et Eleger (v. 6980), n’est mentionné que dans la chanson des Saisnes.

367. Cette pointe malveillante contre « les fables d’Artur » s’explique par la concurrence très vive que la « matière de Bretagne » fit à la « matière de France », en Italie plus encore qu’en France.

369. Il vaut peut-être mieux corriger la leçon fautive estoier en ostoier « partir pour la guerre » qu’en estorer « préparer ».

373. Il n’est pas nécessaire de corriger mostrent en mostrerent ; cf. l’Introduction, pp. cxiii et cxxxi :

377. L’auteur fait de Tolède la capitale de Marsile d’après les données de Mainet, où Galafre, père de Marsile, réside dans cette ville.

382. La leçon comança peut être gardée ; cf. l’Introduction, p. cxxv.

387. La correction de raçe en saçe n’est pas nécessaire, raçe pouvant être employé pour esrache « arrache » ; cf. v. 10783.

400-414. L’expérience de divination par l’eau à laquelle procède Marsile rappelle ce que fait le devin Égyptien Nectanebus dans l’histoire légendaire d’Alexandre le Grand telle que l’a constituée le Pseudo-Callisthène. Cette scène n’a pas passé dans les poèmes français, mais l’auteur de l’Entrée d’Espagne a dû la connaître soit par l’Epitome Julii Valerii, soit par le Liber de praelis.

437. Au lieu de saluerent, lire salüerent.

573. La correction de Aresse en Gresse est de Mussafia ; elle est peu vraisemblable, mais par quoi la remplacer ? Le Viaggio qualifie ce personnage de « Signore di Rossia » (t. I, p. 23), et le roman franco-italien d’Aquilon de Bavière le nomme « l’Angalie de Rase » (Romania, XI, 554) ; je crois qu’il s’agit de la Rascie, partie occidentale de la Serbie.

594. Ce vers doit être sorti, car il est dodécasyllabe.

641 et ss. L’épisode annoncé ici ne figure pas dans l’Entrée d’Espagne telle qu’elle nous est parvenue. Le Viaggio dit en termes analogues (t. I, p. 26) : « A la mattina anzi che Carlo si partisse, appellò Ansuisi di Maganza parente di Gaino, e disseli » : « Ansuisi, io vi lasso lo regnamo di Franza in bailia e in podestà vostra. » Di che Ansuisi dopo longo tempo volse prendere la corona di Franza, dimorando Carlo in Spagna, come voi oldiriti. » Dans la suite du récit, l’épisode est longuement développé, à grand renfort de merveilleux (t. II, p. 57 et s. ; cf. L. Gautier, Épop. franç., III, 696). La Spagna en vers remplace Anseïs de Pontieu par Maccario di Maganza, toujours neveu de Ganelon (ch. 2, oct. 26).

648. Mongiu désigne proprement le Grand-Saint-Bernard (Mons Jovis). Le qualificatif de roi de Mongiu, appliqué à Charlemagne, est assez étrange. L’auteur a-t-il pensé à Monjoie, nom de l’enseigne impériale et cri de guerre des Français, qu’il emploie ordinairement sous la forme masculine Monjoi ?

731-2. Ces deux vers doivent être sortis, car ils sont dodécasyllabes.

740. Au lieu de aseüreemant, lire aseürïemant.

745. var. Au lieu de seul, lire scul.

826. Ce vers doit être sorti, car il est dodécasyllabe.

851. Au lieu de trecelie (ms. trecelue), il faut presque sûrement lire cercelie, pour cercelee « bouclée » ; sur la substitution de -ie à -ee, voir l’étude phonétique dans l’Introduction.

862-7 et 881-2. Ces exploits de Ferragu paraissent dus à la seule imagination de l’auteur.

880-1. Cet exploit « el val de Josefaille » contre « roi Jostan » est de pure imagination ; mais plus loin (v. 5195, etc.) notre auteur citera la bataille de Josefaille qui est le principal épisode du Fuerre de Gadres.

888 et ss. Le « baston » de Ferragu, inconnu du pseudo-Turpin, rappelle le fameux « tigel » de Rainouard (Aliscans, éd. Guessard et Montaigu, vv. 3394 et ss.) avec, en plus, les trois chaînes auxquelles pendent trois boules de cuivre. Au portail de San Zenove de Vérone, faisant vis-à-vis à la statue de Roland, se trouve la statue d’un guerrier qu’on identifie ordinairement à Olivier ; je crois, et je l’ai dit depuis longtemps (voir mon article de la Carliade de Ugolins verino dans les Ann. de la Fac. des lettres de Bordeaux, 2e série, 4e année, 1882, pp. 27 et ss.), qu’il faut y reconnaître Rainouard avec un « tinel » portant à son extrémité une chaîne et une boule.

916. Ce Garin n’a probablement rien à faire ni avec Garin d’Anseüne, ni avec Garin de Monglane ; je l’identifierais plutôt avec le Gerin du v. 8977.

965-8. Cette allusion à la légende d’Alexandre se rapporte au poème en vers décasyllabiques dans lequel Alexandre envoie effectivement à Nicolas deux ambassadeurs, Festivon et Sanson pour le défier (P. Meyer, Alexandre le Grand, t. I, p. 50, v. 566 et s.). Dans la version en vers dodécasyllabiques, Sanson est seul chargé du message (Li Roman d’Alixandre, p. p. Michelant, p. 19, v. 20 et s.).

994. Littéralement « être à mésaise sur les harts », c’est-à-dire « être pendu ».

1039. Sur les « bones Arcu » ou bornes d’Hercule, retrouvées en Asie par Alexandre, voir P. Meyer, Alexandre le Grand, II, 171 ; cf. Roman de Troie, 809. Il n’est pas sûr que l’auteur de notre chanson ait reconnu Hercule (qu’il appelle ailleurs Herculés ou Erculé) dans la locution bones Arcu, qu’il a dû prendre telle quelle dans une source écrite.

1041. La leçon du ms., l’adiré, doit vraisemblablement être corrigée en l’aduré.

1241. Les deux fils de Naime que le poète a en vue doivent être Ivon et Ivoire ; voir mes Nouv. recherches sur l’Entrée de Spagne p. 38.

1310. Au lieu de mostras, lire mostra.

1340. Au lieu de nun, lire n’un « n’ont ».

1381. La « citez Betis » est Gadres ou Gaza, en Palestine, célèbre surtout par un épisode du Roman d’Alixandre le Grand ; voir plus loin la note sur le v. 5195.

1406. La leçon du ms., feraie, doit être conservée et lue fera jé.

1411. Au lieu de abrievé, il faut maintenir la leçon du manuscrit, abravé ; cf. le Glossaire.

1429. La comparaison de passages analogues (vv. 1601, 5355, 8631, 8671, 8855 et surtout 8885) montre qu’il vaut mieux lire a vois que avois et comprendre « à haute voix ». Le vers doit donc être modifié ainsi :

A vois escrie : « Monjoi l’emperaor ! »

1430. Au lieu de sai je, lire so je et supprimer la variante.

1440. Pour comprendre la pensée de l’auteur, il faut se rappeler que le héron ne branche pas.

1449. Lire Pré, avec une majuscule ; cf. vv. 14800 et 15631.

1512. Johan désigne saint Jean-Baptiste, et la phrase revient à dire « quel est ton nom de baptême ? »

1515. Bien qu’il soit étrange de voir qualifier le royaume de Marsile d’ « Asian », on ne peut guère tirer autre chose de la leçon tisian que porte le manuscrit.

1548. La leçon porises, qui été corrigée en poüses, doit être plutôt lue porisés ; cf. 3609, 4651, 11540.

1549. Corriger arçant, leçon du manuscrit, en azur ; les armes de Roland (écartelé d’or et d’azur) sont mentionnées ailleurs par le poète : cf. vv. 1670-1, 4383.

1560. Au lieu de conſessé, lire confessé.

1574. Suppléer a entre i et tant.

1593. Au lieu de sui jé lire su jé, conformément au manuscrit ; cf. 2338, 2701, 2712.

1605. Au lieu de bel Audan, lire Bel’Audan ; cf. 1740 et 11275.

1671. Au lieu de e, leçon du manuscrit, il faut lire o, ce qui donne un sens satisfaisant : « sa grosse lance resplendit l’écartelé d’une claire couleur céleste et d’or luisant ». Les armes de Roland (indiquées aux vers 1548-9) se trouvent sinon sur la lance même, du moins sur le gonfanon qui pend au bout.

1763. Je n’ai aucune lumière sur cette prophétie ni sur son auteur.

1784. La variante lareble, attribuée à ce vers, se rapporte au v. 1786 (l’orible).

1831-2. Variante du proverbe vulgaire dont la forme commune est : « Engins vaut mieus que force » (Le Roux de Lincy, Livre des prov., 2e éd., II, 296).

1834. Que, portant l’accent tonique, doit être imprimé qué, comme ailleurs.

1845. La « marchise » est Berte, mère de Roland ; cf. vv. 13684 et 15763. Ce titre ne paraît pas lui être donné dans l’épopée proprement française.

1846. Au lieu de juise, lire juïse.

1866. Ce sont les armes de la maison de France : d’azur aux fleurs de lis d’or.

1867. Allusion à la célébrité de l’Université de Paris.

1920-1. Mettre une virgule après escherni et un point après desendi.

1938. Allusion à Mainet ; voir la remarque sur les vv. 93-4.

2030. Lire Cels, et mettre celes dans les variantes.

2124. Cette allusion à l’enfance de Roland (cf. v. 3338 et v. 1126 et 13113) montre que l’auteur de l’Entrée d’Espagne ne connaît pas la légende mise en œuvre par le poème d’Orlandino (voir Romania, XIV, 192).

2149. Kibir signifie « grand » en arabe, de sorte que « le grant Kibir » est une tautologie. Plus loin, v. 3141, notre auteur dit : « l’altisme Kibir. » Pour la combinaison de l’arabe Kibir avec Allah, voir la note sur le v. 3627.

2289. Au lieu du mïe, lire mie.

2389-2401. Je ne crois pas que l’épopée française, dans son état actuel, nous offre le récit de cette bataille d’Aroie (?), gagnée par Charlemagne sur Girard de Roussillon, où Estout aurait sauvé la vie à son oncle. Peut-être cet épisode se trouvait-il dans Doon de Nanteuil, chanson perdue dont Fauchet nous a conservé quelques extraits publiés en 1884 par M. P. Meyer (Romania, XIII, 14 et ss.).

2399-2400. Cette phrase est inintelligible.

2402. « Changer son manteau pour une courroie » doit être une locution proverbiale, quoique je ne la trouve pas dans le Livre des proverbes de Le Roux de Lincy.

2403. Allusion à quelque conte populaire dont je n’ai pu retrouver la trace.

2404. Au lieu de partoie, lire parçoie et mettre partoie dans les variantes.

2436. Ce Naçeron, dit plus loin Najeron Roman (v. 3225), prétendu fondateur de Nájera, paraît sorti de l’imagination de notre auteur.

2444-64. Le résumé de l’histoire de Mahomet que fait ici Roland est conforme aux idées répandues au moyen âge en Occident. Voir à ce sujet un article de Renan dans le Journal des Savants, juillet 1889.

2579. La forme topin, reléguée dans les variantes, doit être maintenue dans le texte ; voir le Glossaire.

2605. Il semble que Averser dans la bouche de Roland désigne ici Mahomet (proprement Satan), puis, par une violente syllepse, s’applique ensuite à Jésus. Si je comprends bien le passage, la pensée de Roland est celle-ci « Quand ton dieu savait à peine marcher, le mien savait parler. »

2697-8. Ce sont les quatre dieux principaux attribués ordinairement aux Païens ; cf. la remarque faite plus loin sur le v. 3577.

2720. Aiquin est, dans plusieurs chansons de geste, le nom d’un vague prince sarrasin. On sait qu’une chanson, où on l’a fait envahir la Bretagne, lui a été consacrée (Le Roman d’Aquin, p. p. Joüon des Longrais, 1880). L’auteur de l’Entrée d’Espagne lui attribue arbitrairement le royaume de Portugal ; il ne le mentionne d’ailleurs qu’en passant, mais son continuateur, Nicolas de Vérone, acceptant cette donnée, lui fait jouer un certain rôle auprès de Marsile (vv. 3149 et s.).

2779-93. Je me suis expliqué dans l’Introduction (p. xxxviii) sur la confiance que mérite l’auteur de l’Entrée d’Espagne au sujet des deux garants qu’il invoque ici : je considère ses déclarations comme pures fables.

2810. Le point après troveor est une faute d’impression ; il ne faut aucune ponctuation.

2930. Cette référence au témoignage de « Çan de Navaire » relativement à la mort de Roland ne saurait être contrôlée, et pour cause ; voir la note sur les vers 2779-93.

2971. « Qui ne suet Alexandre » veut dire spécialement (comme le montrent les vers suivants) « qui ne dépense pas largement ». Sur le célèbre conquérant envisagé comme type conventionnel de la largesse, voir P. Meyer, Alexandre le Grand, II, 372 et s. L’auteur de l’Entrée d’Espagne s’exprime plus explicitement sur le même sujet aux vers 10430 et s.

2979. Il vaut mieux imprimer abes (sans l’accent sur l’e), cas sujet sing. employé abusivement en fonction de cas régime.

2985 et 2988. Ostie, hostie ne compte que pour deux syllabes ; cf. la graphie fréquente oiste, hoiste dans les textes purement français.

2992. Ce vers doit être sorti, car il est dodécasyllabe.

3052. C’est dans la chanson d’Aspremont que Roland tue le fils du roi Agolant, que notre poète mentionne nominativement sous la forme Eumon (à la rime), au v. 12739, où ce prince se trouve aussi désigné comme possesseur de l’épée Durendal, conformément à la donnée d’Aspremont devenue article de foi dans la légende italienne. Une autre allusion à la mort du fils d’Agoland se trouve aux vers 11163-4.

3141. Kibir ; voir les notes sur les vers 2149 et 3627.

3232. Au lieu de abrave, lire abravé ; cf. le Glossaire.

3233-4. Galand, le forgeur d’épées, est célèbre (voir, par exemple, Romania, XXIX, 259) ; mais son prétendu frère, Saradian, paraît être sorti de l’imagination de notre auteur. Le nom de Galand revient plus loin au v. 8427, et c’est encore lui qu’il faut reconnaître au v. 9711, sous la forme latinisée Gallaneüs.

3238. Un Blavian signifie « un denier de la monnaie de Blaye » ; mais cette monnaie n’existe pas réellement.

3245. Bocaran désigne proprement une étoffe fabriquée à Boukhara, ce qui justifie la majuscule ; toutefois la langue a perdu de bonne heure le sentiment que c’était un nom propre, et il est peut-être préférable d’écrire avec une minuscule bocaran, comme on a fait pour la forme bougueran au v. 14125 ; cf. le mot actuel bougran.

3267. La fole anthie, c’est-à-dire la « folle ancêtre » désigne la première femme, Ève. Même emploi substantivé de anti au masc. pour désigner Adam, « le nostre antis », au v. 3923.

3290-1. Mettre une virgule (au lieu d’un point et virgule) après falie, et lire ne sai au lieu de n’ai je, ce qui, sans répondre absolument à la graphie du ms. (uelans), est d’accord avec la formule employée au v. 7614 (bien soit de renart).

3338. Voir la note relative au v. 2124.

3408. Farine correspond à l’ital. ferina, gibier ; l’anc. franç., dit dans le même sens ferain et farain. D’après la Bible (Nombres, XI, 31, etc.), ce sont des cailles (lat. coturnices) et non des bécasses (lat. vulg. acceia, ital. accegia, franc, dial. acée, etc.) qui furent envoyées aux Hébreux dans le désert.

3439. Au lieu de poüts, lire poüst.

3478. Au lieu de estanche, lire estanché.

3481. Mettre un guillemet devant ce vers.

3484. Au lieu de a je, lire a jé.

3500. Conserver chariere dans le texte, sans le corriger ; cf. v. 11413.

3535. Au lieu de desor, lire sor et mettre desor aux variantes. — La correction de amasis en a mesais est certaine ; mais on peut la faire indifféremment à l’un ou l’autre de ces deux vers que le scribe termine pareillement par amasis. Ce qui m’échappe, c’est la rime originale du v. 3536 (où de 3535, si l’on introduit la correction à la fin de 3536).

3547. Le contexte semble indiquer que el testais signifie « en soi-même » ; mais l’origine de cette locution m’échappe. Je ne crois pas qu’on puisse y reconnaître l’ital. testeso ou testè, qui signifie « naguère » ou « bientôt ».

3550. J’ai préféré laisser en blanc les trois dernières syllabes du vers plutôt que d’imprimer la leçon du ms. qui m’est inintelligible, soit qu’on l’adopte telle quelle (detolais), soit qu’on la coupe en deux (de tolais).

3551. Cette plaine de « Chaloais » n’est pas mentionnée dans la Bible, et je ne devine pas où notre auteur a trouvé ce nom propre, probablement altéré.

3554. Levas est pour levasses, 2e p. sg. de l’imparfait du subj. employé avec la valeur de l’optatif.

3577. Cette mention des quatre dieux des Païens, non désignés nominativement, revient à plusieurs reprises dans notre poème, notamment aux vers 3620, 4237, 5134, 8445, etc. Il s’agit évidemment, comme dans Aspremont et ailleurs, d’Apolin, Machon, Tervagan et Jopin, dont les noms sont groupés aux vers 2697-8. Notre auteur cite aussi incidemment Chaü et Margot, sans parler du terme plus général d’Alakibir (voir la Table des noms propres), qu’il a sans doute en vue quand il écrit (v. 8445) :

Ses quatre Diex jura et le superior.

3597. Cette sœur de Ferragu doit être de l’invention de notre auteur ; le nom même qu’il lui attribue ne se retrouve pas ailleurs. Dans Fierabras, le géant païen offre aussi à Olivier la main de sa sœur Floripas (v. 1317 et s.). L’auteur du Viaggio copie ici l’Entrée en omettant le nom propre (I, p. 72). « I oti farò perdonare da Massiglio, e dazòti per mogliere mia sorella, che in lo mondo non si potre’ trovare una si bella.... » Plus loin, il a imaginé de donner un rôle effectif à cette sœur de Ferragu dont l’affection fraternelle fait une véritable Furie et que Roland tue en entrant à Nájera revêtu des armes de Ferragu pour la prendre en traître (I, pp. 80 et 82).

3627. Alababir est fautif, et fautif aussi, au v. 12415, Ala ribir, que j’ai corrigé en Alakibir, correction qui doit être introduite aussi au v. 3627. L’auteur qualifiant ailleurs le Dieu des Sarrasins de Kibir (cf. la note sur le v. 2149), il faut reconnaître dans Alakibir une sorte de locution composée avec les deux mots arabes Allah, Dieu, et Kibir, grand.

3661. Au lieu de sbanoie, lire sbanoi.

3697. Mettre une virgule après chief.

3849. Ce vers renferme une locution que je ne comprends pas, bien qu’elle se représente avec une légère variante au v. 12572 :

Incué treroi teil vers fors de la glue.

3923. Le nostre antis, Adam ; cf. la note sur le v. 3267.

3930. On comprend facilement que carte de berbis signifie « parchemin » ; mais il est bon de faire remarquer que cette locution, qui n’est pas usuelle en français, est calquée sur le mot italien cartapecora (abréviation de carta di pecora), désignation consacrée du parchemin.

3934. Naturellement, par saint Espirt il ne faut pas entendre le Saint-Esprit, l’une des trois personnes de la Trinité, mais l’« Esperis » du v. 3921, c’est-à-dire la divinité de Jésus, par opposition à l’humanité morte sur la croix.

3941 et s. Emprunt à Turpin, chap. 17, p. 33 de l’édit. Castets. Cette légende sur le lionceau, mort au moment de sa naissance et ressuscité par le souffle ou la voix de son père, apparaît dans le Physiologus alexandrin et figure dans tous les Bestiaires du Moyen Âge. Qu’il me suffise de citer le plus ancien, celui de Philippe de Thaon, éd. E. Walberg (Lund et Paris, 1900), p. 14, v. 363 et s. :

Saciez que la leüne
Sun feün mort feüne ;
Et quant sun feün tient,
Li leüns i survient,
Tant veit entur e crie
Qu’al tierz jur vient a vie.

3943. Au lieu de i sta, lire ista.

4004. Je ne sais rien de positif sur la « planète » que l’auteur appelle Chavachabas, même après m’être informé auprès de MM. Baillaud et Bigourdan, de l’Observatoire de Paris. M. Clermont-Ganneau est porté à reconnaître dans les premières syllabes de ce nom le mot arabe qui signifie « étoile », à savoir kawkab, plur. kawakeb. Le manuscrit du Viaggio altère le nom de la planète en Nacabias (I, 76).

4009. L’« étoile » dite Çeli est inconnue des astronomes actuels.

4188. Il est difficile de deviner ce que l’auteur entend proprement par les plans de Gibers ; en tout cas, il y a là une locution figurée qui revient à dire « jusqu’aux confins les plus éloignés ».

4377. Le saint oisel est le Saint Esprit sous forme de colombe.

4737. Ce geste de porter la main aux dents est évidemment ici un signe de déférence. Dans la poésie épique française, il indique, au contraire, une vive contrariété ou un profond souci. Voir une note de M. George L. Hamilton, intitulée : « Sur la locution sa main a sa maissele », dans Zeitschr. f. rom. Phil., XXXIV, 571.

4747. Il est probable que l’auteur a emprunté la « rivere Maurin » à ce passage de Turpin : « Venerunt ad montes Marinos, qui sunt inter Nageram et Pampiloniam et Baionam » (éd. Castets, p. 70).

4979. Au lieu de Auçoie, lire Ançoie ; il faut entendre « Anjou » et non « Alsace » (Ausai) : cf. v. 6853 et 8813.

5028. Au lieu de en osca, il faut peut-être lire enosca ; Godefroy a beaucoup d’exemples de enoschier et pas un seul de oschier.

5068. Cette invocation du témoignage de Daires (Darès le Phrygien), à propos des armoiries d’un ancêtre de Malzeris qui se serait suicidé, est étrange et ne paraît correspondre à aucune réalité.

5124. Au lieu de donts umes, lire dont sumes.

5133. Au lieu de afeit, lire a feit. Le sens doit être : « Serrant si fort sa lance que peu s’en faut qu’il n’en fasse deux », c’est-à-dire qu’il ne la brise.

5195-6. Nous trouvons ici la première allusion explicite faite par notre auteur à un épisode célèbre du Fuerre de Gadres, chanson de geste du cycle d’Alexandre qui a joui de beaucoup de succès (cf. 5425, 8366, 8536, 10076, 14925). Voir P. Meyer, Alexandre le Grand, II, 154 et s., 237 et s. Je rappelle qu’Eumenidus ou Emenidus (l’Eumenes de l’histoire) est le gonfalonier d’Alexandre, que le « duc » anonyme est le seigneur de Gadres (il est nommé aux vers 1382 et 11839), et Gadifer le plus vaillant chevalier de Gadres.

5203. Il faut noter ici la première mention de ce chevalier Bernard qui entraînera plus tard Roland à l’expédition de Noble, et qui est, par conséquent, comme le pivot de l’Entrée d’Espagne. Le poète nous le présentera plus longuement quand le moment sera venu (vv. 7168 et s.).

5281. Garder la leçon du manuscrit ; atendront est le futur de « atteindre », et a pour régime paiens.

5294. Vers inintelligible ; cherisse appelle une correction que je ne devine pas.

5331. Le cri de Saint Moris est naturel dans la bouche d’un Bourguignon, si l’on se rappelle que le célèbre martyr repose à l’abbaye d’Agaune, aujourd’hui Saint-Maurice, dans le Valais. D’ailleurs, dans Aspremont, c’est saint Maurice qui est représenté sur la bannière de Girard de Fraite (ms. Bibl. nat. franç. 1598, fol. 19d), et dans Girard de Vienne, Olivier, champion de son oncle Girard, crie « Viane, aïe, saint Moris ! »

5339. Au lieu de depis, lire de pis ; cf. le Glossaire sous de.

5355. D’après ce qui a été dit ci-dessus, v. 1429, ce vers doit être

modifié ainsi :

A vois escrie : « Monjoie Carlemaigne ! »

5362. Au lieu de ſoi, lire foi.

5365. Au lieu de renſorchiez, lire renforchiez.

5407. Au lieu de serises, il faut peut-être lire serisés ou corriger seristes ; cf. Introd., p. cxviii.

5425. Cf. la note relative aux vers 5195-6.

5427. Sur Fébus ou Phébus le Fort, héros tardif de la Table Ronde, auquel est consacré un cantare italien, imité probablement d’un modèle franco-italien qui n’a pas été retrouvé, voir une note de M. F. Novati dans Romania, XIX, 186 et s.

5468. Supprimer la variante et mettre bedouel dans le texte ; cf. le Glossaire.

5559-61. Nous avons déjà relevé une allusion à la guerre d’Alexandre contre Nicolas (v. 965-8). L’adj. melais, déclaré inintelligible dans les variantes, doit probablement être identifié avec l’anc. franç. mesleïſ (voir le Glossaire).

5567-8. Sur la légende de « Gerard de Fratais », voir la note relative aux v. 156-161. Sur Claire, neveu de Girard, voir plus loin la note relative aux vers 12793 et 12803.

5577-8. Cette allusion à Annibal et à Scipion témoigne d’une connaissance de l’histoire romaine que l’on ne rencontrerait pas, à pareille époque, chez un trouvère de France. L’auteur de l’Entrée d’Espagne a évoqué une seconde fois (v. 9339) le souvenir de la lutte des Romains contre Annibal.

5609 et s. Sur la légende de « Girart dau Frate », voir la note relative aux v. 156-161.

5620. J’ignore quelle est la « dame Heyline » à la prophétie de laquelle fait allusion l’auteur.

5686. Cette allusion à la richesse de Laomédon (père de Priam) ne paraît pas se retrouver ailleurs dans l’épopée française.

5692-5. Je ne connais pas d’autre exemple de ce proverbe.

5722. Au lieu de nient, lire nïent.

5815. Corriger arere en arer pour la mesure du vers.

5842. Faut-il voir dans Orlin le nom d’Orléans ? En tout cas, il ne semble pas que l’auteur identifie le Gautier qu’il met en scène ici avec le seigneur d’Orléans (Orlens) de Blois (Blos) qu’il fait tuer au v. 8667.

5903-30. La pensée paraît bien, être : « Il croit bien, si son instinct ne le trompe, qu’il est de plus haut rang qu’un marchand de laine. » Mais je n’arrive pas à deviner le substantif qui se cache sous telex, en admettant que j’aie bien fait de résoudre uit en un, comme la graphie y invite.

5906-8. Malgré cette déclaration catégorique sur l’origine bourguignone d’Estout, duc de Langres (cette ville est en Champagne, et non en Bourgogne, mais c’est péché véniel), notre auteur est tombé lui-même plus loin (v. 10201 et 10838) dans l’erreur qu’ont partagée tous ses successeurs au delà des Alpes et d’après laquelle Estout serait sorti d’Angleterre. Voir G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 183, n. 1 ; cf. mes Nouv. recherches sur l’Entrée de Spagne, p. 44.

5936. Vers inintelligible.

5940-2. Il faut avouer que les rapports de Charlemagne avec la Droiture personnifiée sont singulièrement décrits : je ne me rends pas compte du sens exact de robelle (petite roue ?).

5961-2. Allusion la bataille de Pharsale, en Thessalie, où César fut vainqueur de Pompée.

5965 et s. La mention des « Vienois » porterait à croire que le « Girart » dont il est ici question ne peut être que Girard de Vienne. Toutefois, ni dans le Girart de Vienne de Bertrand de Bar-sur-Aube, ni dans la Karlamagnus-Saga, où l’on trouve la traduction plus ou moins fidèle d’une version antérieure de la même chanson, il n’y a trace d’une bataille devant Mâcon entre Charlemagne et Girard. Rien non plus de pareil dans ce qui nous est parvenu des récits sur Girard de Roussillon, oncle d’Estout, dont il a déjà été question (v. 2385 et s.) et dont il sera encore question par la suite (v. 11218 et s., 13273 et s.). Il s’agit peut-être de Girard de Fraite ; cf. la note sur les vers 156-161.

6111. Au lieu de haet lire haete.

6129. On peut garder ester, leçon du ms., variante de estier, v. 336 ; ces formes correspondent au prov. estiers, qui se rencontre aussi dans les textes poitevins, angoumoisins et lyonnais, du lat. exterius.

6346. Au lieu de fui, lire fuï.

6356. Au lieu de salué, lire salüé.

6427. Au lieu de s’en convient, lire s’enconvient.

6461. Au lieu de sofrirage, lire sofriroge.

6525. Le fils la Terre est le géant Antée.

6532. Sur les pieds « copés » considérés comme qualité d’un bon cheval, voir ce qu’a écrit G. Paris ; Romania, XI, 509, et XXXI, 128.

6542. Il n’y a certainement pas lieu de corriger Troian en Traian ; il ne s’agit pas de l’empereur Trajan, mais d’Hector de Troie, comme on le voit au v. 6544, où est mentionné Galaté, cheval d’Hector (cf. la table de l’éd. du Roman de Troie par M. L. Constans, sous galatee.)

6649-54. Rentrer ces vers, qui sont décasyllabes.

6652. Brons n’offrant pas de sens comme nom commun, peut-être faut-il lire le chier sami d’Ebrons, et voir là le nom de l’ancienne ville de Palestine dite Hébron ; cf. v. 12185, Pelias de Nebron.

6654-6. C’est dans la chanson d’Aspremont que Naime, envoyé en ambassade auprès d’Agolant, est chargé par Balant de faire présent, à son retour, d’un cheval à Charlemagne. J’emprunte au ms. Bibl. nat. franç. 1598, fol. 14, dont le texte est italianisé beaucoup plus fortement que celui de l’Entrée d’Espagne (cf. sur le ms. d’Aspremont, Meyer-Lübke, Franko-italienische, II, dans Zeitschrift für roman. Philol., X, 22 et s.), le récit partiel de cet épisode :

Donche oit Ballant .j. destrer demandés :
Selle oit al dos al fin or exmerés,
Le peres et li ors valent l’onor d’une cités.
E dist Ballant : « Nayme, or prendés.
« Quant vos serés en la vostra contrés,
« A cil a cui vos plaira si lle donarés. »
Et dist Naymes : « De nient en parlés. »

Donques fist Ballant inseller .j. cival :
Il fu plus blanch que cristal ne esmal ;

Li arçon fu ad oro adovrés ad esmal,
De l’or d’Arabie mervellos et loial ;
Et fu cuverto d’uno cer pallio roial.
En mer la plaçe lo mene lo seneschal.
Ballant prist N[aime] al mantel del cendal :
« Bel sire N[aime], gentil hom natural,
« Cist cort plus tost [et] por mont et por val :
« Ne se tiroit a lui nulle bestie mortal.
« Non li doit montier desor nullo carnal,
« Tant soit alto hom ne tant ait li cor loial,
« Se de proece non ert oltre vasal. »
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
« Droit emperer », dist Nayme li sage,
« Je fu ad Agolant, ben dis vostre mesage...
« Que vos diray de Ballant li mesage ?
« Si m’oit honoré infra li Saracinage,
« Nen oit unques tiel honor hom del meo lignage.
« Por moi vos mande ces bons destrer alfage :
« Gardés come ill ert blançe come flor de pomage ;
« Plus cort por poi c’altre bestie salvage.  »
Li palio li fait oster, ki fu facto in Dalmasce ;
Li roi, quant les vi, si sclare son visage.

6713. Jeu de mot sur le nom de la ville de Noble considéré comme identique à l’adj. noble. Le ms. d’Oxford de la chanson de Roland écrit Noples, v. 198 et 1775. L’auteur de l’Entrée d’Espagne emploie plus souvent la forme Noble que la forme Nobles ; les deux sont solidement attestées par la mesure du vers, Nobles au v. 9424, Noble au v. 12067.

6722. Corriger la leçon du manuscrit et remplacer asigé par asise, de façon à donner au vers la coupe normale, 4 + 6.

6825. Ce étant tonique, pourrait être écrit .

6844. Mettre le point et virgule après enpensement, et non après repantis.

6912-3. Ce proverbe se retrouve sous la même forme, ou peu s’en faut, dans les Proverbis que dicuntur super natura feminarum (p. p. Tobler, dans Z. f. rom. Phil., IX, 287 et ss.), n° 147 (ib., p. 318) :

Altro pensal bevolco, et altro pensal bo.

Dans la littérature française propre, c’est l’âne, et non le bœuf, qui fait les frais du proverbe. Aux exemples cités par Tobler, ajoutez ceux qu’indique Le Roux de Lincy, Livre des prov. franç., 2e éd. (1839), I, 141, et II, 485.

6977. Ce duc Herbert, cousin de Naime, est probablement de l’invention du Padouan, qui ne le mentionne pas en dehors de cet épisode : le Véronais le fait mourir dans Pampelune même, de la main du roi Didier (Prise de Pampelune, vv. 4-7). La Spagna en vers le remplace par Guglielmo di Cologna (chant ix, oct. 28), la Spagna en prose par Gualtieri della Magna (chap. 45) ; le Viaggio passe tout l’épisode.

7022. Au lieu de ahei, lire aheit et supprimer la variante.

7037-8. Mettre un guillemet devant ces deux vers.

7168 et ss. Nous avons noté, au v. 5203, l’apparition de ce personnage. Bernard de Meaux paraît avoir été inventé par notre auteur ; mais l’idée peut lui en avoir été suggérée par la mention d’un Berardus de Nublis qui figure, sans rôle déterminé, parmi les compagnons de Charlemagne en Espagne, dans la chronique de Turpin (voir l’éd. Castets, p. 18). La Spagna en vers ignore Bernard de Meaux, et le remplace dans son rôle d’espion par un « valletto » anonyme (chant xii, oct. 39) ; la Spagna en prose, très voisine de l’Entrée, l’appelle Bernardo lo Tapino (chap. 143), et le Viaggio le transforme en Alarise di Claramonte (t. I, pp. 95, 106, etc.).

7377. Au lieu de merveiloìs lire merveilois.

7405. Au lieu de voìt lire voit.

7406. Au lieu de roì, lire roi.

7489. Au lieu de leue, lire leve.

7522. Au lieu de sai, lire sais.

7736. Au lieu de Aversé, lire aversé ; cf. le Glossaire.

7785. Cette indication sur l’origine de l’épée d’Olivier n’est confirmée par aucun autre témoignage ; le Joachin mentionné ici semble être celui qui l’a forgée.

7810. L’argument tramontans désigne l’indication fournie par l’étoile polaire, la tramontane.

7855. Une expression analogue, le niés al duc Bernart, se trouve au v. 15478 pour désigner Roland. Il faut entendre niés au sens de « petit-fils » et voir dans Bernart le grand-père de Roland, l’aiol mentionné au v. 11450, c’est-à-dire Bernard de Clermont ; cf. mes Nouv. recherches, p. 39-40.

7907. Au lieu de veuç, lire veüç.