L’esclavage en Afrique/Chapitre XV

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Texte établi par Letouzey et Ané, Letouzey et Ané (p. 480-495).


CHAPITRE VI

le congrès anti-esclavagiste de paris sa sainteté le pape léon xiii et l’esclavage.

Dans les sentiers où l’Arabe nous chasse,
Le long du sable où nous mourons de faim,
De notre marche on peut suivre la trace
Aux ossements blanchis sur le chemin…
Malheureux noir que le sabre menace,
Cache tes pleurs à ton maître inhumain.

Nous empruntons cette strophe à la Cantate sur l’Esclavage Africain, interprétée par cent vingt exécutants, le 21 septembre, pendant la cérémonie religieuse qui préluda, dans l’église Saint-Sulpice, à l’ouverture du Congrès antiesclavagiste de Paris.

« L’Église, dit M. Jules Simon, a déployé toutes ses pompes, et l’art, toute sa magnificence. La foule était accourue pour entendre Mgr Lavigerie, un des trois ou quatre hommes de notre génération qui laisseront une trace impérissable dans l’histoire. »

La cérémonie fut présidée par Son Excellence le Nonce Apostolique, Mgr Rotelli, qui prit place au banc d’honneur. À sa droite vinrent s’asseoir Mgr Livinhac, vicaire apostolique du Nyanza, que Sa Sainteté le Pape Léon XIII a nommé tout récemment coadjuteur du cardinal Lavigerie, et Mgr Brincat, directeur de l’Œuvre anti-esclavagiste[1], évèque d’Hadrumète [2], auxiliaire de Carthage, jeune prélat de trente ans à peine ; Mgr l’archevêque de Montréal (Canada) ; Mgr Combes, évêque de Constantine et d’Hippone, et le supérieur du grand séminaire de Saint-Sulpice qui fut l’un des maîtres du cardinal africain.

Son Éminence le cardinal Lavigerie se tenait à l’épître, entouré de quatorze néophytes de l’Ouganda, ramenés par Mgr Livinhac et qui seront dirigés sur Malte où, comme plusieurs de leurs compatriotes l’ont fait, avec succès, ils étudieront la médecine avant de retourner dans l’Afrique centrale. Les missionnaires n’auront pas de meilleurs auxiliaires ; quelques-uns d’entre eux ont déjà souffert pour la foi catholique. « Réunis au pied du maître-autel, immobiles et comme fondus dans un groupe de bronze, ils attirent tous les regards et une curiosité où se mêle la plus vive sympathie. »

La nef avait été réservée aux invités : le clergé de Paris, le personnel directeur de congrégations et d’œuvres charitables, les délégués des sept puissances représentées au Congrès et qui sont : l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche-Hongrie, la Belgique (Monseigneur Jacobs, doyen de Sainte-Gudule, cathédrale de Bruxelles ; MM. d’Ursel ; Descamps, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Louvain, tous trois délégués par la Société Antiesclavagiste Belge, M. Sadoine ; président du Comité de Liège), l’Espagne, l’Italie, le Portugal. Les délégués de la Ligue Antiesclavagiste française étaient aussi tous présents :

Pour le Comité de haut patronage : MM. Jules Simon, Georges Picot, de l’Institut, et Lefèvre-Pontalis, ancien député :

Pour le Comité directeur : MM. Keller, ancien député ; le marquis de Vogué, ancien ambassadeur, et le baron d’Avril, ancien ministre plénipotentiaire.

Parmi l’assistance se trouvaient M. Massicault, résident général à Tunis, et le capitaine Trivier.

Le cardinal Lavigerie monte dans cette chaire du haut de laquelle il prononçait, le ler juillet 1888, le sermon qui inaugura la campagne contre l’Esclavage dont Sa Sainteté le Pape Léon XIII avait donné le signal en publiant son encyclique fameuse adressée aux Évêques du Brésil.

Son Eminence est suivie des Pères Blancs, qui restent sur les marches de l’escalier et font une garde d’honneur à l’orateur.

« Après avoir, dit le Gaulois, demandé à ses auditeurs un peu d’indulgence pour sa voix qui s’éteint, le cardinal Lavigerie rappelle les commencements de sa croisade pacifique qu’il ouvrait il y a deux ans à cette même chaire de Saint-Sulpice. Pour beaucoup de personnes, sa parole fut alors une révélation.

« Mais, depuis, que de chemin parcouru ! et le prélat raconte l’accueil favorable qu’il reçut dans différents pays : en Angleterre, où l’on a vu le touchant spectacle de « deux cardinaux de la sainte Eglise romaine, parlant au milieu d’une assemblée formée en majorité de protestants qui acclamaient leurs paroles », en Belgique, à Rome. Dans tous les pays chrétiens, et même l’on peut dire dans tous les pays civilisés, l’œuvre de libération rencontre de chaudes sympathies.

Il n’y a qu’une seule ombre à ce tableau, la Hollande a réservé son adhésion à l’Acte général de la conférence de Bruxelles ; mais cette résistance même, tout fait espérer qu’elle ne sera pas invincible[3].

« L’orateur rend hommage à l’inépuisable faveur dont le Saint-Père a entouré les premiers efforts de sa campagne ; c’est le Saint-Père qui lui a donné le conseil de faire appel à l’opinion publique, cette reine du monde, et s’adressant aux représentants de la presse, il leur renouvelle les adjurations qu’il leur a déjà faites :

Permettez-moi de vous adresser une demande. Ce qui importe pour le triomphe d’une telle cause, c’est de la rendre populaire.

Aidez-moi donc à la faire connaître, vous qui m’avez entendu. Répétez les détails que je vous ai donnés.

Si vous avez une voix puissante, si vous disposez de quelqu’un de ces organes qui font et dirigent l’opinion, c’est à vous que j’ose plus spécialement adresser ma prière. Journalistes, quel est celui d’entre vous qui n’a pas, dans un ministère aussi délicat et aussi important que le vôtre, commis quelque faute qu’il ait besoin d’effacer ? A quelque opinion que vous apparteniez, car ici je m’adresse à tous sans distinction, à la seule condition qu’ils aient l’amour de l’humanité, de la liberté, de la justice, la miséricorde dont vous userez en soutenant les pauvres noirs vous obtiendra un jour à vous-mêmes, auprès de la justice infinie, miséricorde et pardon.

Le cardinal Lavigerie relève les nouveaux devoirs qui incombent particulièrement à la France depuis que les puissances ont placé le Sahara et une partie du Soudan dans la sphère incontestée de son influence. Mais il avertit les impatients qui hic et nunc voudraient la suppression de l’esclavage africain. Ce serait là un remède aussi funeste que le mal qu’il s’agit de guérir. L’esclavage en Afrique est un facteur essentiel de l’état social actuel ; sa disparition immédiate provoquerait des ruines incalculables, un chaos immense. où rien ne survivrait.

« Pour le moment, il faut se contenter de combattre la traite ; c’est le grand fléau dont il faut délivrer l’Afrique ; le marchand d’esclaves, voilà le bourreau de millions d’hommes qu’il faut faire disparaître sans retard. Quant au reste, il convient d’attendre que le temps et l’action de l’Europe civilisatrice aient créé des éléments sociaux propres à être substitués à l’esclavage sans bouleversement.

« En terminant, le cardinal Lavigerie, présente en termes émus à l’auditoire son successeur éventuel, Mgr Livinhac[4], et fait ses adieux à cette chaire où il est monté pour la dernière fois. Puis s’adressant au nonce apostolique :

Monseigneur, lui dit-il, le souvenir vivant, la grande figure qui ont animé tout ce discours sont ceux du grand Pape que Votre Excellence représente parmi nous. C’est de lui seul que je tiens ma mission et celle que j’ai confiée à ce jeune et généreux apôtre. C’est lui qui doit nous bénir par vos mains vénérables, et je le demande humblement pour ce peuple fidèle qui se prosterne devant vous.

« Le prédicateur sacré s’agenouille et, avec lui, toute rassemblée des fidèles, qui reçoivent la bénédiction apostolique de la main de Mgr Rotelli. »

Dans cette guerre à l’esclavage, il y a deux œuvres bien distinctes : celle des gouvernements et celle des particuliers.

Depuis des années, le cardinal Lavigerie essayait de tirer de leur torpeur les grandes puissances. Il obtint enfin la réunion de la Conférence de Bruxelles, dont l’Acte général, selon Mgr Brincat, peut être regardé comme « le code idéal de l’anti-esclavagisme. » Telle est le résultat atteint par l’œuvre des gouvernements.

L’œuvre des particuliers, basée sur l’initiative privée, est dévolue aux Comités libres fondés en Europe par le cardinal à la suite de nombreux voyages. Il existe maintenant une dizaine de ces Comités, tous placés sous l’autorité spirituelle de Mgr Lavigerie et de Mgr Brincat, directeur général et son suppléant. Ils sont nationaux et indépendants.

La Société possède à Paris un double comité : celui du haut patronage, sous la présidence de M. Jules Simon, assisté de MM. Wallon, Picot, Lefèvre-Pontalis, Keller, Lamy, Denys Cochin, Duval, Gamard, A. Franck, amiral Jurien de la Gravière, marquis de Vogué, Lefébure, Chesnelong, de Resbecq, Bardoux, Rothan, Buîoz, Mgr Lagrange, évêque de Chartres, le Révérend Père Charmettant, etc.

C’est parmi ces membres du haut patronage que le conseil directeur a été choisi. M. Keller en est le président ; MM. le duc de Broglie, comte de Bizemont, comté de Mun et le général de Charette ont bien voulu prêter leur appui au conseil.

Le Congrès de Paris avait donc pour but de rassembler les délégués de ces Comités libres et de consacrer la période d’action.

Quatre questions figuraient au programme :

1° Décider, s’il y a lieu, pour chaque comité national, de se réserver, en Afrique, une sphère territoriale d’action, et laquelle ?

2° Les comités, d’accord avec leurs gouvernements respectifs, doivent-ils former des corps de volontaires pour combattre la traite soit aux pays d’origine, soit sur les routes des caravanes ?

3° Quels moyens devront être employés pour recueillir les ressources destinées à secourir les victim es de Tesclavage ?

4° Enfin, la nomination d’un jury chargé déjuger le concours pour le meilleur ouvrage populaire en faveur de l’abolition de l’esclavage.

L’auteur de cet ouvrage aura droit au prix de 20, 000 fr., offerts par le Saint-Père et déposés actuellement à la Banque de France.

Le cardinal Lavigerie dans une lettre adressée aux membres du Congrès ajoute en postscriptum :

« Pour bien faire comprendre la nature de ce concours, je me permets de résumer ici ce que j’écrivais à ce sujet dans la lettre publique que j’adressais, il y a quelques mois, à Sa Majesté le Roi Léopold II de Belgique :

Je propose, disais-je alors, l’ouverture d’un concours pour la composition d’un ouvrage populaire destiné à éclairer, à entraîner l’opinion dans la question de l’abolition de l’esclavage. On sait l’importance qu’ont eue, il y a un demi-siècle, en Angleterre, en Amérique et en France, les œuvres composées dans ce but par des hommes considérables.

Dans notre siècle même, on a pu dire avec vérité que c’est un simple roman, l’Oncle Tom, qui a décidé sans retour la suppression de l’esclavage américain.

Je n’attends, ajoutais-je alors en terminant, que la conclusion des travaux de la Conférence de Bruxelles pour déclarer ce concours ouvert.

« Je le déclare ouvert aujourd’hui.

« Les ouvrages présentés au concours seront reçus jusqu’au 31 décembre 1891, au Secrétariat de l’Œuvre anti-esclavagiste, 6 ; rue Chomel, ou à la procure des Missions d’Afrique, 27, rue Cassette, à Paris. »

Le 22 septembre, les délégués des comités anti-esclavagistes, se réunirent en séance privée pour prendre connaissance de leurs pouvoirs et procéder à l’élection de leur bureau. Etaient présents :

Pour la France : MM. Jules Simon, Georges Picot, Lefèvre-Pontalis, Keller, marquis de Vogué, baron d’Avril.

Pour l’Angleterre et l’Irlande : MM. Gc. Alexander, membre de l’Anti-Slavery Society de Londres ; John V. Crawford, Charles Allen.

Pour l’Autriche-Hongrie : M. Ch. de Gatti, président du comité de Vienne.

Pour l’Allemagne : MM. Siéger, président du comité de Cologne, et François Kody.

Pour l’Italie : MM. le prince Rospigliosi, commandeur Tolli, Simonetti, du comité de Rome ; le comte Marino Saluzzo et l’abbé Cornaggia et Ghisalberti, du comité de Milan ; R. P. Nontuoro, du comité de Turin ; Mgr Pizzoli, du comité de Palerme.

Pour l’Espagne : MM. Luis Sorela et le marquis de Lema.

Pour le Portugal : MM. Macedo, du Bocage et Luciano Gordeïro.

Nos lecteurs connaissent déjà les délégués de la Belgique.

A l’unanimité, le bureau du Congrès a été ainsi composé : M. Keller, président ; comte de Resbecq, secrétaire général. Chacune des nations représentées a fourni un vice-président.

Son Eminence le cardinal Lavigerie, Nos Seigneurs Brincat et Livinhac, le frère Alexis, MM. d’Avril, Descamps, Keller, de Vogué, etc. prirent successivement la parole dans les diverses séances privées ou publiques du Congrès, qui adopta les résolutions suivantes :

1° Le Congrès adresse aux puissances signataires de la déclaration de la Conférence de Bruxelles l’expression de sa profonde reconnaissance pour l’œuvre qu’elles ont accomplie et exprime le vœu qu’il soit procédé, dans le délai le plus rapproché possible, à l’accomplissement des autres mesures dont le principe a été déjà adopté d’un commun accord.

2° En ce qui concerne l’organisation intérieure de l’œuvre de la Société antiesclavagiste, le Congrès décide que les comités nationaux, tout en poursuivant un but commun, garderont leur liberté d’action dans les sphères territoriales qui leur sont propres.

3° Le Congrès compte avant tout, pour la réalisation de son œuvre, sur l’action pacifique des idées civilisatrices et, spécialement, sur l’influence bienfaisante des missionnaires.

4° Au sujet du projet qu’on avait conçu de travailler à former des corps de volontaires pour combattre la traite, le Congrès décide qu’il ne sera organisé aucune expédition militaire, mais que les congrès nationaux feront œuvre utile en suscitant des dévouements volontaires qui s’emploieront à l’instruction des communautés chrétiennes et uniquement pour leur légitime défense.

5° Le Congrès exprime le vœu que le Saint-Père, qui a contribué si généreusement au progrès de l’Œuvre antiesclavagiste, continue à lui accorder sa bienveillante protection[5].

6° Le Congrès émet le vœu que des mesures soient prises pour mettre un terme aux abus dont sont victimes les travailleurs libres, et pour sauvegarder la liberté des noirs.

7° Le Congrès appelle l’attention des puissances sur le danger que fait courir à la civilisation la propagande musulmane dans les pays d’Afrique.

8° Les comités ne négligeront rien pour se tenir constamment en communication avec la presse et avec l’opinion publique européenne.

9° Un donateur généreux a mis à la disposition de la société antiesclavagiste une somme de 20.000 fr. pour le meilleur ouvrage populaire en faveur de l’abolition de la traite.

Le Congrès décide que chaque comité national nommera un jury particulier pour cet examen, nt que le résultat des travaux des différents jurys sera soumis à un jury spécial qui statuera définitivement sur l’attribution de la récompense.

Le délégué anglais se fait l’interprète des sentiments de ses collègues étrangers en remerciant le cardinal Lavigerie de l’hospitalité qui vient de leur être offerte dans la capitale de la France, avec une si parfaite cordialité. Son Eminence lui donne l’accolade et l’assistance se sépare sous le coup d’une vive émotion, après avoir décidé qu’un nouveau Congrès antiesclavagiste se réunira dans un délai de deux années.

Un banquet présidé par M. Keller et donné à l’Hôtel Continental, terminale Congrès Antiesclavagiste.

M. le baron d’Avril a préconisé une thèse favorable à la construction de ce chemin de fer transsaharien dont nous avons déjà eu occasion de nous occuper ; il est en communauté d’idées avec le capitaine Binger.

Est-ce la peine cependant, de risquer l’existence de milliers d’hommes, de dépenser plusieurs centaines de millions pour une ligne ferrée que menaceront les ouragans de sable et des torrents de pluie diluvienne ? Tout cela pour ne transporter que le chargement annuel d’un train complet au prix de plusieurs milliers de francs par tonne de marchandise, valant cent cinquante francs en moyenne.

Déjà le chemin de fer du Haut-Sénégal a fait un fiasco complet ! Mieux vaudrait, sans doute, parachever d’abord le réseau Algérien.

Dans sa lettre aux présidents des Comités libres, pour leur annoncer officiellement l’ouverture du Congrès de Paris, le primat d’Afrique a rappelé ses précédentes missives dans lesquelles il démontrait qu’à Sa Sainteté le Pape Léon XIII est due l’œuvre antiesclavagiste. (Nous regrettons bien vivement que le défaut de place nous ait empêché de reproduire ces documents précieux et curieux.)

Avant de quitter la France pour retourner en Afrique, Son Eminence le cardinal Lavigerie a fait une visite à M. Carnot, à Fontainebleau. Le président de la République et Mme Carnot ont fort bien accueilli le prélat, qui a été retenu à déjeuner au château.

Le 10 octobre. Son Eminence était reçue en audience par le Souverain Pontife. Sa Sainteté a longuement entretenu le cardinal, s’est enquise, avec le plus vif intérêt, des progrès de l’Œuvre anti-esclavagiste et notamment des résultats du Congrès de Paris, au sujet duquel le Saint-Père lui a exprimé sa pleine et entière satisfaction.

Le cardinal a présenté au Pape Mgr Livinhac et le R. P. Géraud, provicaire de l’Onnyanyembé. Léon XIII a adressé quelques paroles paternelles aux nègres de l’Ouganda et les a bénis affectueusement.

« C’est l’Afrique qui sera désormais le nouveau monde, » dit M. Jules Simon. Et il ajoute : « Le roi Léopold II, par son initiative en 1876, et le cardinal Lavigerie, par sa croisade contre l’esclavage, en seront les deux illustres pionniers. »

Pour rendre complet hommage à la vérité, nous devons, comme dans notre Avant-propos. associer le nom vénéré du Saint-Père à ceux du roi des Belges, Souverain de l’État Indépendant du Congo, et du grand Cardinal.


  1. Les bureaux de la Ligue anti-esclavagiste française sont installés au faubourg Saint-Germain, dans un modeste rez-de-chaussée de la rue Chomel.
  2. Hadrumetum des Romains, ancienne capitale du Bysacium. Ecclesia Hadrumetina. Aujourd’hui Soussa ou Sousse (Tunisie). Vocabulaire de la langue parlée dans les pays Barbaresques, coordonné avec le Koran, page 510.
  3. Le Times publie une lettre de M. T.-W. Fox, qui se dit en mesure de connaître les véritables intentions du gouvernement hollandais, intentions que l’on a, dit-il, si mal interprétées.
    D’après l’auteur de la lettre reproduite par le Times, le gouvernement hollandais est très désireux de signer l’Acte général de la conférence et de faciliter ensuite les arrangements fiscaux de l’État libre du Congo ; le correspondant croit pouvoir affirmer qu’il signera probablement une déclaration supplémentaire pour se rallier à une élévation du droit à établir sur les spiritueux et autres liqueurs alcooliques importées dans le bassin du Congo, de telle sorte que le surcroît de revenu provenant du droit sur les spiritueux égale ou dépasse l’ensemble des recettes à réaliser du chef du droit d’importation de 10% proposé sur le coton et sur les autres articles d’importation.
    Comme la Compagnie commerciale néerlandaise du Congo est maîtresse à présent des deux tiers ou des trois quarts du commerce total du bassin du Congo, le gouvernement hollandais insiste en outre pour qu’un représentant hollandais fasse partie de la commission d’experts qui aura à examiner les meilleurs systèmes de taxes sur les exportations. A la suite du congres antiesclavagiste de Paris, S. Ém. le cardinal Lavigerie a adressé à LL. MM. le roi et la reine de Hollande des lettres éloquentes dont l’importance n’a pas besoin d’être démontrée.
    Nous extrayons, de celle adressée à la reine, le passage suivant :
    « Ce sont surtout les femmes et les enfants qui sont les victimes des maux de l’esclavage. J’ose demander à Votre Majesté d’être leur avocate auprès de son auguste époux. Je lui demande d’associer à sa démarche sa fille bien-aimée, sur laquelle un tel acte de miséricorde ne peut manquer d’attirer, pour sa vie tout entière, les bénédictions du Ciel. Dieu nous promet de récompenser un simple verre d’eau froide donné en son nom. Que sera-ce d’avoir arrêté tant de torrents de sang et sauvé d’affreuses misères tant de pauvres créatures ! Or, le roi le peut s’il le veut, et il le voudra, je n’en doute pas, si Votre Majesté daigne le lui demander. »
  4. Après la mort de Mtésa, le fils de ce dernier, Mouanga, fît subir au prélat une persécution cruelle ; Mgr Livinhac fut même arrêté et emprisonné.
    Délivré enfin, Mgr Livinhac se retira au sud du lac avec ses missionnaires.
  5. Au cours d’une séance du Congrès, le cardinal Lavigerie donna lecture d’un télégramme du Saint-Père, dans lequel le Pape se déclarait attaché de cœur à l’œuvre antiesclavagiste et envoyait sa bénédiction à tous ceux qui s’occupent de cette œuvre.