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L’exposition scolaire de l’Italie

La bibliothèque libre.
Revue pédagogique2, second semestre 1878 (p. 53-63).

ITALIE [1]



Quand on a parcouru, au palais du Champ de Mars, les diverses expositions scolaires, on est amené à reconnaître qu’en général, depuis quelques années, un progrès considérable a été réalisé dans toutes les branches de l’enseignement. Jamais, dans aucune des expositions qui ont précédé celle de 1878, tout ce qui touche à l’éducation n’avait été présenté avec autant d’ensemble, classé avec plus de méthode, choisi avec plus de discernement, mieux disposé pour faciliter les recherches à ceux dont la principale préoccupation est d’accroître et de répandre l’instruction populaire. Dans le domaine des études primaires, l’Italie, durant la période de sa transformation, était restée au-dessous du niveau auquel l’obligeait son rang élevé dans toutes les œuvres de la civilisation ; mais stimulée par l’exemple des autres nations, elle a notablement amélioré son organisation scolaire, et les travaux qu’elle à envoyés méritent une attention particulière. Il est à regretter que l’espace restreint mis à sa disposition ne lui ait pas permis de donner à son exposition des développements qui soient plus en rapport avec l’importance de ses établissements scolaires.

En Italie, l’enseignement public ou libre, à tous les degrés, est remis aux mains du Ministre de l’Instruction, qui exerce sa surveillance sur les écoles primaires et sur les établissements secondaires, par l’intermédiaire d’un haut fonctionnaire qui le représente dans chaque province. et d’un personnel d’inspecteurs pour chaque ordre d’enseignement. Le Ministre entretient des rapports directs avec les Instituts techniques, avec les Universités comme avec les autres établissements d’enseignement supérieur.

Au chef-lieu de la province réside un Proviseur des études, dont les fonctions correspondent à celles de Recteur d’académie en France ; il est assisté d’un conseil scolaire composé, d’après le règlement du 3 novembre 1877, du préfet qui le préside, de quatre délégués du conseil provincial, de deux membres du conseil municipal, du président ou proviseur du lycée, du directeur de l’école normale, d’un médecin et d’un agent des finances : au chef-lieu de l’arrondissement est placé un inspecteur de l’enseignement primaire, qui relève du conseil scolaire de la province.

Le conseil scolaire reçoit les rapports des inspecteurs, nomme les instituteurs, veille à l’exécution des lois et règlements dans les gymnases, dans les lycées et dans les écoles techniques ; il s’assure aussi de la bonne tenue des établissements libres. L’organisation scolaire actuelle est l’œuvre de la loi du 13 novembre 1859 ; cette loi, bien qu’elle ait été modifiée à certains égards, est encore aujourd’hui la loi fondamentale en matière d’enseignement en Italie.

L’Enseignement primaire comporte quatre classes, ou divisions, lesquelles forment deux cours, l’un inférieur, l’autre supérieur, de deux années chacun. À la sortie de l’école primaire, l’enfant, suivant ses aptitudes et au choix de famille, entre au gymnase ou à l’école technique. Le cours d’études au gymnase est de cinq ans ; il comprend les langues latine et grecque, l’histoire ancienne, etc. La durée du cours à l’école technique est de trois ans ; il comprend les mathématiques, la langue française, les sciences naturelles, la comptabilité commerciale, etc. Du gymnase l’élève passe au lycée, où se continue et s’achève en trois ans l’enseignement classique proprement dit, et de là il entre à l’Université. L’École technique prépare à l’Institut professionnel, dont l’une des divisions, celle des sciences mathématiques et physiques, conduit également à l’Université pour chacune des facultés correspondantes.

Il y a, dans les diverses provinces du royaume, un grand nombre d’établissements qui préparent à toutes les carrières du commerce et de l’industrie ; il en existe même que d’autres pays ne possèdent pas encore, comme l’école établie récemment à Rome pour les agents des chemins de fer. En dehors du personnel des ingénieurs pour le service : de la traction et du matériel des chemins de fer, pour la construction des lignes et leur entretien, on n’avait pas songé à préparer les jeunes gens qui désirent entrer dans le service actif de l’exploitation, qui est celui dont le personnel est le plus nombreux. Une école spéciale a été créée dans ce but et installée dans un local cédé par le conseil municipal, avec le concours des trois grandes compagnies de chemins de fer ; cette école, appelée à rendre les plus grands services, est aujourd’hui placée sous l’habile direction de l’ingénieur Trevellini Luigi. L’enseignement y est divisé en trois cours :

1° Notions générales sur la construction des voies ferrées et sur l’organisation administrative et technique des : services de l’exploitation ;

2° Télégraphie théorique et pratique appliquée aux besoins du service de l’exploitation ;

3° Service des gares, explication des règlements, application des tarifs, etc. Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/68 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/69 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/70 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/71 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/72 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/73 Page:Revue pédagogique, second semestre, 1878.djvu/74 Rome, qui a fourni des dessins exécutés dans les écoles de la ville et aussi dans l’école du musée d’art appliqué à l’industrie ; — la Société centrale ouvrière de Naples, dont les magnifiques albums de dessins ont été déjà remarqués à l’Exposition de Vienne ; — Mme Morandi Felicità, directrice de l’orphelinat de jeunes filles de Milan, auteur de livres d’enseignement très-répandus dans les écoles ; — MM. Contini et Giordano, qui ont publié l’un et l’autre un manuel d’hygiène pour l’éducation des jeunes enfants.

Il nous reste maintenant à exprimer nos sentiments de vive reconnaissance aux personnes qui ont bien voulu nous guider dans nos recherches, en particulier à M. Mauro-Macchi, député au Parlement, délégué du Ministère de l’instruction publique, et au chev. Pietro Bertarelli, vice-secrétaire au Ministère de l’intérieur, secrétaire du commissariat de l’Exposition italienne.


  1. Voir sur notre plan scolaire la partie teintée qui porte le n° 13.