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L’honneur de souffrir/CI. Être pâle, muet, immobile, absent, mort

La bibliothèque libre.
Librairie Grasset (p. 156-157).

CI


Être pâle, muet, immobile, absent, mort…
Et le bleu de la nuit a son étoile heureuse,
Le murmurant silence anime l’ombre creuse,
L’amant rêve et gémit sur la lèvre qu’il mord.

Le matin, étourdi, mais dispos et gracile,
Emplit l’immensité de secrets carillons.
Les jardins sont couchés sous leurs roses faciles,
Midi cligne des yeux dans l’or de ses rayons.


Le hasard, les désirs construisent l’aventure ;
Un jeu plaisant ou dur emmêle les humains ;
Au souffle insouciant de la forte Nature
L’actif vaisseau du temps navigue vers demain.

— Mais loin de cette agile et fine dentelière
Qu’est la criante vie aux tournoyants fuseaux,
Je sais la place étrange, et pourtant familière,
Où mon regard buté vient contempler tes os !