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L’honneur de souffrir/CVIII. J’ai composé dans la souffrance

La bibliothèque libre.
Librairie Grasset (p. 168-169).

CVIII


J’ai composé dans la souffrance,
Dans la funèbre passion,
Des poèmes sans espérance.
Ils sont ma consolation.

L’amère vérité console.
L’excès de la douleur permet
Que l’esprit, loin de toute idole,
S’attache à ce néant : jamais !


Jamais, quotidiens visages,
Ce rire profond du regard
Qui scintille après le voyage
De la nuit, ponctuel départ !

Jamais plus le charme tacite
D’imaginer pareillement.
Nul but et nulle réussite,
Jamais nul émerveillement !

Jamais, ô murailles funèbres !
Ce tiède et respirant confort
Que la démence espère encor
Du vain au-delà des ténèbres !