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L’honneur de souffrir/LXXV. Il m’apparaît soudain que vous aimiez la vie

La bibliothèque libre.
Librairie Grasset (p. 119-120).

LXXV


Il m’apparaît soudain que vous aimiez la vie,
Ses jeux, ses gais matins, ses siestes, son labeur.
Chaque jour provoquait en vous l’heureuse envie.
Cette âpre vision fait éclater mon cœur !

Moi je n’ai jamais eu pour la dure existence
(Si fort que fût pourtant mon amour de l’azur)
Ce goût continuel, cette simple appétence,
Ces successifs désirs de l’instinct calme et sûr.


J’ai trop souffert depuis l’enfance, immense, amère,
D’avoir compris le mal du corps, vase des pleurs,
Et cette âme qu’il faut nommer âme éphémère,
Et qui se sent mortelle en sachant sa valeur !