L’honneur de souffrir/XCIV. Quand j’aurai tout nié, l’azur encor m’émeut

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Librairie Grasset (p. 145-146).

XCIV


Quand j’aurai tout nié, l’azur encor m’émeut.
Dans le large carré de la fenêtre ouverte,
Ailé, dominant l’arbre orné de plumes vertes,
Posant sur la cité son scintillement bleu,
Prodiguant la chaleur où la brise est enclose,
L’indolent infini longuement se repose…
— Aucun précis aspect de la terre ne vaut
L’éther calme, constant, où cependant délire
Un diamant mouvant, chantant comme une lyre,
Qui fait bondir d’amour le cœur noble et dévot !
— Azur ! que rien ne tache et que rien ne limite,

Sombre pendant les nuits, et tout le jour riant,
Vous me rendez le pur, l’ancestral Orient,
Mon cœur qui vous ressemble, et non qui vous imite,
Comme vous obscurci, mais comme vous brillant,
Est, parmi ses désirs et parmi les désastres,
Pénétré de soleil ou gravé par les astres !