L’invasion noire 1/12

La bibliothèque libre.

CHAPITRE XII


Un blessé. — L’arme de la traitrise. — Une tuerie. — Vivre pour la vengeance Pauvre Bon-Garçon ! — Trois coups de revolver.



— Partons, dit l’ingénieur… partons vite !… C’est affreux !…

Muets de stupeur, les hommes de l’équipage déposèrent leurs carabines devenues inutiles contre le bordage, et Saladin, sans affectation, les prit et les descendit dans l’entrepont, s’empressant, lui aussi, et dissimulant la rage qu’avait provoquée en lui l’apostrophe cassante de Guy de Brantane.

Le navire aérien s’inclina. Gesland, dans sa cage, les dents serrées, les yeux fixes, manœuvrait machinalement les poulies de renvoi.

— Nous baissons toujours, dit l’électricien, penché vers le baromètre.

— Le ballon a reçu plusieurs balles, répondit Saladin ; il serait urgent d’arrêter la perte de gaz.

— Dès que nous serons en route, dit l’ingénieur, Roffa ira rechercher les trous et les bouchera… c’est urgent, en effet…

Il était six heures du matin ; le Tzar filait vers le Nord-Est.

M. Durville voulait d’abord passer par Laghouat ; de là, il télégraphierait à Alger…

Que ferait-il ensuite ? Il ne s’en doutait même pas. Qu’irait-il voir du côté du Niger, après un semblable désastre à la frontière algérienne ?

Il n’avait plus qu’un parti à prendre, retourner à Alger, se mettre à la disposition du général gouverneur et attendre les événements…

Quel contre-coup allait avoir cette défaite sans précédent, tant en Afrique qu’en Europe !…

Des coups de feu, suivis de quelques sifflements isolés, interrompirent ses lugubres réflexions.

L’aérostat franchissait un épais cordon de Touaregs. et quelques—uns d’entre eux le saluaient d’une décharge au passage, reconnaissant l’indiscrète machine qui était venue la veille planer au-dessus d’eux.

Infatigables, ils ne s’endormaient pas dans leur victoire, et, déjà, poussaient de l’avant sur tout le front de l’armée musulmane triomphante, comme s’ils eussent senti que rien ne s’interposait plus entre elle et Alger.

Le ballon les dépassa et, en quelques minutes, les eu laissés à une dizaine de kilomètres en arrière.

Tout à coup, l’interprète se pencha et poussa un cri :

— Voyez, voyez donc, juste au-dessus de nous, ce soldat tombé !

— C’est un chasseur d’Afrique, cria Gesland ; son cheval est arrêté à côté de lui.

— Un blessé probablement, dit l’ingénieur.

— Sauvons au moins celui-là, dit Guy, car, dans moins d’une heure, les Touaregs l’auront rejoint.

La même pensée était venue à tous en même temps.

Déjà Gesland se suspendait à la soupape, après avoir replacé la masselotte dans son état d’équilibre.

Le Tzar descendit a 100 mètres du sol.

Le mécanicien ne s’était pas trompé : c’était un chasseur d’Afrique, étendu sur le sable ; son cheval, penché vers lui, semblait attendre qu’il remontât.

Un nouveau coup de soupape mit la nacelle à 30 mètres du groupe.

— Mais, Dieu me garde, s’écria Guy, c’est notre lieutenant d’hier soir… impossible de s’y tromper : je reconnais son cheval bai à l’encolure fine, à la queue traînant à terre… Non, certes, nous n’allons pas le laisser là…

— Pauvre garçon, dit l’ingénieur, lui si gai, si confiant hier soir ; ce doit être un des rares survivants de cette nuit… Au moins pourrons-nous sauver celui-lài… Mais, hâtons-nous… il n’y a plus de temps a perdre…

— Jetez l’échelle de trente mètres, commanda Guy de Brantane.

Une échelle de corde roulée contre le bordage fut jetée a l’extérieur ; quelques instants après elle balayait le sol.

— Ce pauvre garçon ne montera jamais seul dans l’état où il est, dit Guy, d’une voix décidée ; je vais le chercher.

Et il enjamba la balustrade.

— Je vous suis, monsieur ! cria Regnard, l’électricien, nous ne serons pas trop de deux.

C’était un ancien marin comme Roffa, mais il était taillé en hercule, et un homme ne devait pas peser lourd entre ses bras vigoureux.

— C’est cela, mon brave, cria Guy en descendant rapidement.

— Ayez bien soin de fixer l’échelle avant de mettre pied à terre, cria l’ingénieur… attachez-la à la selle du cheval… son poids est largement suffisant pour vous équilibrer tous les deux.

Heureusement, il n’y avait pas un souffle de vent, la journée s’annonçait aussi chaude, aussi pesante que la veille.

Déjà les deux hommes étaient arrivés auprès du blessé,

En les voyant descendre, l’interprète avait eu un sourire de triomphe.

Le hasard le servait à souhait, et, d’ailleurs, il était temps : pouvait-il conserver plus longtemps ses deux Touaregs enfermés ? L’heure de l’action était venue.

— Gesland, mon brave, fit-il avec bonhomie, jamais M. de Brantane et Regnard n’arriveront à monter seuls ce blessé ; ce qu’il faudrait pour les aider, c’est une corde avec laquelle on le hisserait d’ici.

— Je crois que vous avez raison, monsieur, dit le mécanicien.

— Je vais donner mon idée à M. de Brantane et lui crier d’attendre. Allez vite, je vous en prie, dans ma cabine ; vous y trouverez ce qu’il faut, une bonne corde de longueur voulue, roulée et suspendue contre le hublot, à la tête de mon lit.

— J’y vais, dit Gesland, et il se précipita vers l’écoutille.

— Tenez, mon ami, poursuivit Saladin, voici ma clef… j’avais fermé ma porte !…

Si, à ce moment, Gesland eût observé attentivement le visage de son interlocuteur, il en eût été effrayé.

S’il eût touché la main qui lui tendait la clef, il l’eût sentie trembler comme celle du voleur qui fouille fiévreusement dans un coffre-fort près d’un cadavre encore chaud.

Mais Saladin était maître de lui ; il imposa le calme à ses nerfs et se dirigeant vers le bateau de cuir, il prit négligemment sa carabine qu’il avait eu soin d’y déposer, poussa l’index qui en assurait le fonctionnement immédiat, et attendit.

Une seconde se passa, puis un cri rauque, étouffé sortit des profondeurs de la nacelle.

L’ingénieur se retourna.

Au même moment une tête horrible, grimaçante, apparaissait à l’orifice du panneau,

C’était le premier Targui, le couteau aux dents.

En se précipitant sur le malheureux Gesland, il avait perdu son turban et… il était affreux avec son crâne rasé sur lequel se hérissait le mahomet déjà gris ; la peinture indigo, qui recouvrait sa figure, s’arrêtait au sommet du front, lui donnant un aspect étrange et féroce.

Puis, presque aussitôt, la tête du Second se montra convulsée, hideuse de férocité, elle aussi, et tous deux bondirent comme des démons sur la plateforme.

L’ingénieur s’était précipité vers la hache de manœuvre pendue au pied du baromètre.

Mais avant qu’il l’eût atteinte, il tombait foudroyé.

Saladin, l’interprète du Tzar, venait de payer sa dette de reconnaissance à l’homme qui l’avait accueilli sans méfiance et, à bout portant, lui avait traversé la tête d’une balle.

Au même moment, Billard et Poulet avaient vu bondir vers eux les deux Touaregs, et cloués à leur place par la stupeur n’avaient pas fait un geste pour se défendre.

Tous deux tombaient sanglants, la gorge ouverte d’un terrible coup de poignard, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

Fou de Stupeur, Descamps avait jeté les yeux de tous côtés pour chercher une arme et, n’en trouvant pas, se hissait dans son observatoire près des hélices.

Mais il y arrivait à peine que frappé de deux balles il s’abattait lourdement sur la plate-forme.

Il en manquait un et Saladin cherchait autour de lui, ivre de carnage, lorsqu’une exclamation d’horreur lui fit lever la tête.

C’était le petit Roffa qui l’avait poussé.

Profitant de l’arrêt momentané de l’aérostat à faible hauteur, il s’était porté rapidement, à l’aide des poignées de cuivre réparties sur l’enveloppe, jusqu’au premier des trous que les balles arabes avaient pratiqués dans le cône inférieur.

Les yeux agrandis par la terreur, il venait d’assister au quadruple assassinat et, seul survivant de l’équipage à bord, il décelait sa présence par un cri involontaire.

Une troisième fois Saladin abattit son arme et le corps traversé, lâchant les poignées, le pauvre petit marin s’abattit dans le vide en tournoyant.

Une vigoureuse secousse se fit sentir aussitôt, le ballon délesté de ce premier poids voulait s’enlever.

Saladin se pencha : à moitié chemin de l’échelle Regnard arrivait, remontant comme un chat.

Un dernier sifflement partit de l’arme homicide « l’arme de l’assassinat », avait dit Guy de Brantane, et Regnard lâchant l’échelle, vint se briser sur le sol.

Alors rejetant sa carabine désormais inutile, Saladin prit la hache de manœuvre, et d’un double coup sec tranche les nœuds qui rattachaient à la balustrade de la nacelle l’échelle extraordinairement tendue.

Le ballon fit un bond énorme et délesté de 200 kilogrammes s’élança dans les airs. Un cri s’éleva dans l’espace, cri de triomphe sauvage qui plana sur les cinq cadavres étendus dans la nacelle.

Saladin venait de réaliser son rêve sanglant.

Il avait franchi la première étape vers la vengeance.

Il montait, montait, ivre d’une joie féroce, embrassant d’un regard vaste comme son ambition cette Afrique aux mystérieuses profondeurs, sa nouvelle patrie !

…………………………………………………………………………………………

Cependant Guy de Brantane, parvenu auprès de l’officier blessé, s’était mis en mesure de l’enlever avec mille précautions.

— Où êtes-vous touché ? demanda-t-il.

— J’ai un coup de lance dans le côté, répondit le lieutenant qui ne put retenir un cri de douleur en portant la main à l’endroit blessé, mais ce n’est pas cela qui m’aurait fait tomber de cheval ; j’ai encore une cuisse cassée d’un coup de feu tiré à bout portant, et j’ai reçu sur le genou un coup de sabre tel que je ne sens plus du tout ma jambe gauche.

— Nous allons vous faire terriblement souffrir pour vous hisser là-haut, dit Guy, faisant signe à Regnard de le prendre par le buste, mais ce n’est qu’un moment à passer, courage… nous vous sauverons.

— Merci, dit le blessé devenu très pâle… j’ai une peur du diable de me trouver mal… c’est déjà une défaillance qui m’a jeté à bas de cheval, et si ce brave Bon-Garçon ne m’avait pas attendu la…

Pauvre camarade, dit-il en essayant de sourire et en caressant le museau du cheval penché vers lui… c’est donc fini… nous ne courrons plus la brousse ensemble…

Et soudain se tournant vers Guy :

— Mais lui, mon pauvre cheval, que va t-il devenir, dit-il… Les Touaregs vont s’en emparer… le monter… le brutaliser…

— Non, dit-il avec un sanglot dans la gorge, j’aime mieux lui casser la tête…

…………………………………………………………………………………………

Tout à coup Guy de Brantane poussa un cri et lâcha le membre cassé qu’il avait soulevé avec mille précautions.

A quelques pas de lui, le bruit mat de la chute d’un corps sur le sol venait de lui faire tourner la tête, et avec une stupéfaction indicible il avait reconnu le petit Roffa étendu sur le ventre les bras en Croix.

Quittant l’officier, il se précipita vers lui croyant a un accident.

Mais en le soulevant, il vit le sang coulant à flots d’une blessure à la poitrine.

— Roffa, dit-il, vous êtes blessé… mais comment ?

Le petit marin tourna vers lui des yeux déjà voilés.

— Assassiné, monsieur, dit-il, d’une voix faible, assassiné par ce…

— Assassiné ! répéta Guy de Brantane dans un geste d’épouvante.

— Oui, par ce Saladin… Les Touaregs ont tué aussi… les autres et j’ai vu…

— Et M. Durville ?

— Tué aussi par l’interprète d’un coup de carabine… Oh ! monsieur, monsieur… j’étouffe…

Et comme Guy affolé se penchait vers lui, un nouveau corps, un cadavre cette fois, celui de Regnard, vint s’abattre au pied de l’échelle.

Dans une vision rapide, Guy levant les yeux vit Saladin l’arme à l’épaule, assistant à la chute, un rire satanique aux lèvres.

Puis l’échelle rompue décrivit une spirale dans les airs et tomba à terre aux pieds du cheval qui, d’abord, presque soulevé par la force ascensionnelle de l’aérostat se débattait, ruait, cherchant à fuir.

Et, sous les yeux de Guy, le ballon s’enleva vers le zénith avec la rapidité d’une bombe sortant du mortier.

Guy resta là stupide, hébété, suivant des yeux l’aérostat qui décroissait rapidement.

Près de lui l’officier était retombé sur le sable, épuisé, les yeux clos.

Dans quelle horrible situation se trouvaient-ils tous deux, perdus, abandonnés dans ce désert qui venait de boire tant de sang ?

Et quel effroyable rôle venait de jouer cet homme dont la silhouette lui apparaissait dans une lueur de fièvre, l’arme à l’épaule, ricanant comme un démon !

Guy se tata les membres et regarda autour de lui.

Rêvait-il ou devenait-il fou ?

Non, il ne rêvait point, car à l’horizon il venait d’apercevoir comme une bande de vautours la première ligne des éclaireurs Touaregs.

Il toucha l’épaule de l’officier qui rouvrit les yeux, tourna la tête, chercha l’aérostat et regardant sans comprendre.

— Parti ? fit-il.

— Oui, parti.

— En vous abandonnant ici… avec moi ?…

— Oui.

Il allait sans doute demander le pourquoi des choses, mais il vit les yeux de son interlocuteur fixés avec epouvante vers le Sud, suivit la direction de son regard et froidement :

— Ils seront ici dans un quart d’heure, dit-il.

Et tirant légèrement sur les rênes de son cheval qu’il n’avait pas lâchées.

— Allons, pauvre Bon-Garçon, dit-il d’une voix douce et lasse, calme-toi… tout n’est pas perdu, pour toi du moins…

Monsieur, dit-il en s’adressant au jeune homme, voulez-vous prendre ces rênes que je ne puis garder et me donner mon revolver dans la main droite.

— Le voici, dit Guy, tirant machinalement l’arme de son étui.

— Est-il chargé ?

— Il y a encore quatre coups.

— Avec un coup prêt à partir ?

— Oui.

— C’est tout ce que je voulais, j’ai de quoi tuer les deux premiers brigands qui me toucheront, et je suis maître de ma vie pour échapper aux autres… Vous allez me laisser ici.

— Vous laisser ?…

— Oui, reprit-il d’un air d’autorité ; c’est ma dernière volonté… et vous ne pouvez pas me refuser cela. Voici mon cheval, prenez-le… c’est ce que j’ai de plus précieux, c’est le seul être peut-être que j’aime au monde.

Sa voix s’altérait.

Vous allez le sauver et il va vous sauver, poursuivit-il plus lentement… quand vous serez hors de danger… soignez le bien en souvenir de moi.

— Mais, objecta Guy…

— Faites vite, monsieur, reprit l’officier avec plus de force ; débarrassez-le d’abord de cette échelle qui le rend fou… non pas ainsi… vous perdriez les étrivières, et Bon-Garçon fait des sauts qui vous désarçonneraient si vous n’aviez plus d’étriers.

— Partez, partez vite, ajouta-t-il après un instant de silence pendant lequel il respira avec effort. En dix-huit heures il vous mènera à Laghouat ; orientez-vous bien : c’est là-bas derrière la montagne arrondie… Bon-Garçon est une fameuse bête… faites-la reposer à moitié route.

Il s’interrompit de nouveau.

— A Laghouat, vous direz au lieutenant Devouges que son ami Frotman, est resté là… avec les autres… vous lui raconterez tout…

Adieu, mon pauvre cheval, dit-il, cette fois presque bas… que c’est donc dur de se quitter !

Il tendait péniblement le bras pour caresser une dernière fois l’encolure du brave animal maintenant calmé et de nouveau penché vers lui.

Une larme roula sur sa joue.

Il se détourna, regarda son revolver et l’assujettit dans sa main.

Guy voulut parler, mais les larmes lui montaient à la gorge, il ne le put.

Et comme machinalement il levait les yeux, un cri lui échappa.

Au-dessus de lui l’aérostat repassait, cette fois filant vers le Sud.

Alors une vision l’emplit tout entier.

Le misérable, qui était maintenant le maître du Tzar, le conduisait vers l’ennemi… il allait le livrer certainement ; il n’avait commis tous ces assassinats que pour en arriver là…

Et ce crime, cette infamie resteraient sans vengeance !

Sans vengeance !

Ce mot lui fut un coup de fouet. Il s’enleva vigoureusement sur les poignets, se mit en selle d’un bond.

Puis il se retourna, les Touaregs avaient grandi sur leurs montures élancées. Quelques-uns déjà de leurs yeux perçants avaient vu le groupe et accouraient la lance en arrêt.

Guy s’orienta, assujettit les étriers, rendit les rênes et le cheval, flairant le danger, fit un bond prodigieux.

— Adieu ! cria-t-il.

— Adieu, Bon-Garçon ; adieu, mon bon cheval, murmura une dernière fois l’officier.

Pendant quelques instants, les yeux troubles, il suivit du regard le noble animal, bondissant à travers la plaine, puis, entendant derrière lui des pas précipités sur le sable, il se retourna.

Trois Touaregs l’entouraient, et déjà leurs méharis ayant ployé leurs jarrets, deux d’entre eux sentaient à terre pour le dépouiller.

Une double détonation retentit. La main du lieutenant n’avait pas tremblé, et deux cadavres s’allongèrent a ses côtés.

Alors une dernière fois il détourna la tête, le cheval et son cavalier diminuaient, diminuaient à vue d’œil.

Ils étaient hors d’atteinte…

Lentement il ajusta le troisième Touareg dont la lance levée allait frapper ; mais son regard se voila, il craignit de rester désarmé dans une défaillance suprême et, introduisant l’extrémité du canon dans sa bouche, il pressa une dernière fois la détente.

Sa tête rebondit, trouée, creusant un trou dans le sable, et quand le dernier Targui, de sa longue lance à la hampe raplatie, l’atteignit à la poitrine, la fouillant à coups furieux et précipités, il n’avait plus devant lui qu’un cadavre.

Au loin, vers le Sud, dans le ciel azuré qui se fondait avec l’horizon violacé du désert, le ballon n’était plus qu’un point.


FIN DU TOME PREMIER