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La Bible d’une grand’mère/111

La bibliothèque libre.
L. Hachette et Cie (p. 294-293).

CXI

DAVID REFUSE DE TUER SAÜL

(960 ans avant J.-C.)



David profita du départ de Saül, pour quitter cet affreux désert de Maon, et se retirer dans le désert d’Engaddi.

Saül, après avoir défait les Philistins, se remit à la poursuite de David, dans le désert d’Engaddi, accompagné de trois mille hommes. En passant devant une caverne très-vaste et très-sombre, il y entra pour se reposer quelques instants. David était caché avec ses gens au fond de cette même caverne.

Les gens de David lui dirent tout bas, que c’était le moment de se venger et de tuer son persécuteur. David s’avança tout doucement, et, au lieu de tuer Saül, il lui coupa un morceau de son manteau. Il retourna vers ses gens, les empêcha de se jeter sur Saül, et leur dit à voix basse : « Que Dieu me garde d’exercer ma vengeance sur l’oint du Seigneur (c’est-à-dire sur celui qui a été sacré roi avec l’huile sainte) ! »

Jacques. C’est bien beau à David ! Je ne sais pas si j’aurais été aussi généreux envers cet affreux homme, qui a massacré quatre-vingt-cinq prêtres innocents, et qui poursuivait ce pauvre David avec la haine d’un démon.

Grand’mère. Cher enfant, tu aurais fait comme David par les mêmes motifs que lui, si tu avais été comme lui animé de l’esprit de Dieu, qui est un esprit de charité et de miséricorde. David épargne Saül dans la grotte.

Saül sortit de la caverne quelques instants après ; quand il fut un peu éloigné, David en sortit aussi avec ses gens, et l’appela. Saül se retourna, et reconnut avec la plus grande surprise que c’était David, et qu’il était entre ses mains, David lui parla, lui représenta l’injustice de sa conduite à son égard, lui témoigna le plus grand respect ; il lui démontra qu’il aurait pu le tuer, puisqu’il avait pu couper un morceau de son manteau, mais que jamais il ne commettrait une action si criminelle contre l’oint du Seigneur,

Il lui parla si bien, si respectueusement, que Saül se troubla, pleura et remercia David de sa générosité. Il ajouta : « Je sais que tu dois régner après moi ; jure-moi qu’après ma mort tu n’extermineras pas ma race, et que tu la laisseras vivre en paix. »

David le jura. Alors Saül retourna chez lui ; David et ses gens se retirèrent dans des endroits sûrs.