La Bible d’une grand’mère/125

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CXXV

AMNON, FILS DE DAVID, INSULTE GRAVEMENT
SA SŒUR THAMAR
ABSALON LA VENGE EN TUANT SON FRÈRE AMNON

(930 ans avant J.-C.)



Peu de temps après, Amnon, un des fils de David, commit un grand crime ; ce fut sa sœur Thamar, qu’il avait prise en haine, qui en fut la victime. Il la traita comme une esclave, et la chassa honteusement de son palais. Absalon, autre fils de David, et né de la même mère que Thamar, voulut venger sa sœur, qu’il avait aimée tendrement. Deux ans après, il engagea tous ses frères à un grand festin ; Amnon y vint comme les autres. Absalon dit à ses officiers : « Quand mon frère Amnon sera à moitié ivre, je vous ferai un signe, et vous le tuerez ; ne craignez rien ; c’est moi qui vous le commande. »

Valentine. Comme ils sont méchants, tous ces gens-là ! c’est agréable pour David d’avoir de pareils enfants !

Grand’mère. C’était la punition que lui avait annoncée le prophète Nathan ; David l’avait méritée, et il s’y soumit avec douceur et humilité.

Les officiers d’Absalon exécutèrent l’ordre de leur maître. Quand les autres fils du roi virent massacrer leur frère Amnon, ils crurent qu’eux aussi devaient être assassinés ; ils se levèrent précipitamment, coururent prendre leurs mules, et, se jetant dessus ils s’enfuirent au galop vers Jérusalem, où était resté le roi leur père.

Henri. Ils montaient des mules ? Pour des fils de roi, ce n’était pas bien élégant !

Grand’mère. Dans ce temps-là, les chevaux servaient principalement pour les chariots de guerre et les hommes de guerre ; dans les temps ordinaires, on montait des ânes ou des mulets ; au reste, les ânes de ces pays-là, comme nous l’avons déjà dit, sont beaucoup plus grands et plus vifs que nos ânes à nous, qui sont des ânes dégénérés.

Paul. Qu’est-ce que c’est, dégénéré ?

Grand’mère. Dégénéré veut dire diminué, enlaidi, moins beau et moins fort que dans les premiers temps.

Avant que les fils du roi fussent revenus, un homme qui s’était échappé de chez Absalon, après le meurtre d’Amnon ; était venu dire en toute hâte à David que tous ses fils avaient été massacrés par l’ordre d’Absalon. Le pauvre roi pleurait déjà ses enfants et acceptait humblement cette grande affliction en punition de son crime. Quand il vit revenir ses autres fils, il fut moins affligé ; mais il pleura encore sur son fils Amnon, et sur le crime d’Absalon, qu’il aimait particulièrement.

Absalon, ayant peur de la colère de son père, s’enfuit chez le roi de Gessur, qui lui permit de vivre dans son royaume. Il y resta trois ans.