La Bible d’une grand’mère/147

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CXLVII

RÈGNE DE ROBOAM — RÉVOLTE DES DIX TRIBUS

(870 ans avant J.-C.)



Aussitôt que Roboam fut monté sur le trône de Salomon…

Paul. C’est sur le beau trône d’ivoire qu’il monta ?

Grand’mère. Je pense qu’il y monta, mais, quand je dis qu’il monta sur le trône, cela veut dire qu’il régna, qu’il fut roi à la place de Salomon.

Aussitôt donc qu’il fut roi, il alla à Sichem, pour se faire proclamer par le peuple. Les dix tribus d’Israël lui envoyèrent une députation dont le chef fut Jéroboam, un des serviteurs les plus favorisés par Salomon. Jéroboam représenta au roi Roboam que le peuple était mécontent des sommes énormes que leur faisait payer tous les ans le roi Salomon ; qu’ils ne pouvaient continuer des payements aussi considérables, et qu’ils demandaient au nouveau roi de les diminuer.

Roboam leur dit qu’il leur répondrait dans trois jours, après avoir consulté les vieillards qui formaient le conseil de son père. Les envoyés se retirèrent respectueusement, et Roboam appela les vieillards pour les consulter.

« Quelle réponse, dit-il, me conseillez-vous de rendre au peuple d’Israël ? »

Les vieillards répondirent : « Si vous écoutez maintenant ce peuple, et, si vous lui accordez sa demande en lui parlant avec douceur, il s’attachera à vous pour toujours. »

Mais Roboam, ne trouvant pas bon ce conseil des vieillards, appela auprès de lui les jeunes gens avec lesquels il avait été élevé et leur dit : « Quelle réponse faut-il que je fasse à ces envoyés qui me demandent un adoucissement au joug que leur a imposé mon père ? »

Les jeunes gens répondirent : « Vous leur parlerez en ces termes : « Le plus petit de mes doigts est plus fort que n’était le dos de mon père. Mon père, dites-vous, vous a imposé un joug trop pesant, et moi je le rendrai encore plus pesant. Mon père vous a battus avec des verges, et moi je vous châtierai avec des verges de fer. »

Jacques. J’espère que Roboam n’a pas suivi le conseil méchant de ces petits sots.

Grand’mère. Si Roboam avait eu un peu de la sagesse de son père, il ne l’aurait pas suivi ; mais il était orgueilleux, il aimait le luxe et les richesses ; et, quand Jéroboam revint avec les envoyés des dix tribus, le roi leur répéta les paroles de ses jeunes courtisans.

Le peuple, voyant que le roi n’avait pas écouté sa juste demande, en fut irrité ; les dix tribus résolurent de ne plus servir Roboam, de ne plus lui obéir, et de former un royaume séparé en nommant Jéroboam pour les gouverner.

Roboam avait nommé Adoram, un de ses jeunes courtisans, surintendant des tributs. Il l’envoya pour se faire payer par toutes les tribus les sommes énormes qu’il demandait. Le peuple se mit en colère ; il lapida Adoram, qui mourut. Roboam était encore à Sichem ; il monta aussitôt dans son char, et s’enfuit à Jérusalem, car les tribus de Juda et de Benjamin lui étaient restées fidèles.

Louis. Voilà ce que c’est que d’avoir écouté les mauvais conseils de ces jeunes imbéciles ! Il mériterait de perdre encore les deux tribus qui lui sont restées.

Grand’mère. Le bon Dieu voulut qu’elles lui restassent à cause de David, dont la famille devait se continuer en Judée jusqu’à la naissance de Notre-Seigneur, Jésus-Christ qui devait naître de la famille de David.

Jéroboam ayant accepté la couronne que lui offrait Israël, les dix tribus formèrent un royaume séparé de celui de Juda. Roboam rassembla une armée de cent quatre-vingt mille hommes, et voulut faire la guerre à Jéroboam ; mais le Seigneur l’en empêcha en lui envoyant dire par un saint homme que c’était par l’effet de sa volonté que les dix tribus s’étaient séparées de Juda, et qu’il fallait laisser chacun s’en retourner chez soi. Roboam obéit, et renvoya son armée.