La Bible d’une grand’mère/16

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L. Hachette et Cie (p. 57-59).

XVI

NOUVELLE PROMESSE DE DIEU À ABRAHAM.
LA CIRCONCISION

(1899 ans avant J.-C.)



Abraham avait déjà quatre-vingt-dix-neuf ans. Il attendait avec confiance l’accomplissement de la promesse de Dieu, quand le Seigneur lui apparut encore et lui dit : « Je suis le Dieu tout-puissant. Je ferai alliance avec toi et je multiplierai ta race à l’infini. »

Abraham se prosterna la face contre terre. Dieu lui dit : « C’est moi qui te parle ; tu t’appelleras à l’avenir Abraham, c’est-à-dire, Père de la multitude. »

Jeanne. Mais il s’est toujours appelé Abraham.

Grand’mère. Non ; il s’était appelé jusqu’alors Abram, ce qui ne voulait pas dire la même chose. Je ne vous l’avais pas dit, pour ne pas faire de confusion dans vos petites têtes. Le Seigneur continua : « Je ferai croître ta race à l’infini ; je te rendrai le chef des nations, et des rois sortiront de ta postérité. Je te donnerai, à toi et à tes descendants, la terre où tu demeures maintenant comme étranger, la terre de Chanaan, qu’ils posséderont à jamais, et je serai leur Dieu. Tu me rendras le culte que vous me devez toi, et ta race.

« Voici le pacte que je fais avec toi, afin qu’il y ait un signe extérieur qui distingue mon peuple d’avec les autres nations. Tous les mâles seront circoncis. »

Paul. Qu’est-ce que c’est, circoncis ?

Grand’mère. Circoncis, c’est être marqué extérieurement comme faisant partie du peuple de Dieu, qu’on a appelé peuple Juif ou Israélite. On coupait un petit morceau de chair afin qu’il en restât la marque. Le Seigneur continua : « L’enfant mâle de huit jours sera circoncis ; tous les esclaves nés dans vos maisons, ou achetés au dehors, seront circoncis. Ce sera le signe de mon alliance avec toi et ta race. Ta femme, qui s’est appelée jusqu’à présent Saraï, s’appellera à l’avenir Sara, qui veut dire princesse. Je la bénirai, je te donnerai un fils qui sera né d’elle, et je le bénirai ; c’est lui qui sera le chef des nations et des rois de diverses nations qui descendront de lui. »

Abraham se prosterna encore le visage contre terre, et il se mit à rire en se disant : Comment un homme de cent ans et une femme de quatre-vingt-dix ans, pourraient-ils avoir un fils ?

Louis. Pourquoi Abraham trouve-t-il ridicule d’avoir un fils à cent ans ? Noé en a bien eu plusieurs à cinq cents ans.

Grand’mère. Parce que, comme je vous l’ai dit, la vie des hommes devenait de moins en moins longue à mesure que le monde se peuplait. Et dans ce temps-là, cent ans étaient déjà un âge avancé ; c’est si vrai qu’Abraham n’a vécu que cent soixante-quinze ans ; et la Bible dit qu’il mourut dans un âge très-avancé. Revenons à Abraham. Abraham dit au Seigneur : « Seigneur, faites-moi la grâce que mon fils Ismaël vive. »

Dieu lui dit : « Je t’ai dit que ta femme Sara enfantera un fils, que tu nommeras Isaac, c’est-à-dire. joie, et je ferai alliance avec lui. Je t’ai exaucé pour ton fils Ismaël ; je le bénirai, je lui donnerai une nombreuse postérité, et douze rois descendront de lui. Je le rendrai chef d’un grand peuple. Mais l’alliance que j’ai faite avec toi s’établira dans Isaac, qui naîtra dans un an, de ta femme Sara. »

Dieu s’étant retiré, Abraham prit Ismaël son fils, qui avait déjà treize ans ; il prit ses esclaves nés dans sa maison, ceux qu’il avait achetés, et tous ses serviteurs ; et le même jour, il les circoncit tous, comme Dieu le lui avait commandé.

Petit-Louis. Grand’mère, pourquoi Dieu répète-t-il tant de fois à Abraham qu’il lui donnera le pays de Chanaan, et il ne le lui donne pas ?

Grand’mère. Parce que le Seigneur veut éprouver la foi d’Abraham avant de lui donner une récompense si magnifique ; et puis, Dieu accomplit toujours ses promesses, mais dans le temps qu’il juge le plus favorable. Nous autres, nous faisons de même. Ainsi, par exemple, je te promets une montre ; mais cela ne veut pas dire que je te la donnerai aujourd’hui, ni demain, ni dans un mois, ni dans un an.

Petit-Louis. Pourquoi cela, puisque vous la promettez ?

Grand’mère. Parce que je juge que tu es trop jeune pour avoir une montre, que tu la briseras, la perdras, et que lorsque tu pourrais en avoir une sans la casser, tu n’en aurais plus ; alors j’attends que tu aies l’âge raisonnable pour le donner ta montre. Dieu a fait de même pour Abraham.