La Bible d’une grand’mère/75

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L. Hachette et Cie (p. 207-209).

LXXV

JOSUÉ CHEF DES ISRAÉLITES

(Même année, 1357 ans avant J.-C.)



Après la mort de Moïse, Dieu dit à Josué : « Moïse, mon serviteur, est mort ; c’est toi que j’ai choisi pour être le chef de mon peuple. Tu vas lui faire passer le Jourdain pour entrer dans la terre que je donnerai aux descendants d’Israël. » Le Seigneur lui dit ce qu’il fallait faire pour exécuter sans danger le passage du fleuve qui était large et profond. Il lui fit plusieurs recommandations, il l’engagea à être très-doux et très-patient, mais à ne supporter de la part du peuple aucune résistance à ses ordres et de venir le consulter, lui le Seigneur, chaque fois qu’il se trouverait dans l’embarras. Il lui dit aussi : « Quand tu auras fait passer le Jourdain à mon peuple, tu ne laisseras pas emmener les troupeaux ; ils doivent rester de ce côté du Jourdain pour les tribus de Ruben, de Gad et la moitié de la tribu de Manassé, qui ont préféré y vivre. Vous trouverez des troupeaux en abondance dans la terre de Chanaan, dont vous mettrez à mort tous les infâmes habitants.

Josué est le même nom que Jésus. En hébreu, cela signifiait Sauveur. Josué sauvait Israël, le tirait du désert, l’introduisait dans la Terre promise, comme, plus tard, Jésus, le vrai Sauveur, tira les enfants de Dieu de la captivité du démon, pour les faire entrer dans le ciel, la véritable Terre promise des chrétiens.

Josué alla donc parler au peuple pour lui faire connaître la volonté du Seigneur.

Il y avait près du Jourdain une ville qui s’appelait Jéricho et dont il fallait s’emparer après avoir traversé le Jourdain. Josué appela deux hommes habiles et courageux et leur dit : « Allez examiner le pays et la ville de Jéricho, afin que nous sachions par quels endroits il nous sera plus facile d’attaquer la ville et où nous pourrons nous établir. Prenez garde que les habitants ne vous reconnaissent pour des espions. »

Les envoyés de Josué partirent la nuit, et, après avoir traversé le Jourdain à la nage, ils entrèrent dans la maison d’une femme nommée Rahab ; elle les reçut, leur donna à manger, et ils se reposèrent chez elle.

Le lendemain le roi de Jéricho fut averti que deux étrangers, qu’on croyait être des Israélites, étaient entrés chez Rahab. Le roi envoya chez Rahab et lui fit dire : « Livre au roi les hommes qui sont entrés chez toi hier soir, car ce sont des espions d’Israël. »

Mais Rahab, ayant vu venir des gens du roi, avait fait promptement cacher les espions sur la terrasse de la maison, sous des paquets de lin ; puis elle ouvrit la porte aux gens du roi et leur répondit : « Il est vrai que des hommes sont venus ; je ne savais pas qui ils étaient ; ils sont repartis après s’être reposés, et je ne sais où ils sont allés ; courez vite après eux, et vous les rattraperez, car ils suivent les chemins. »

Gaston. Mais c’était mentir cela !

Grand’mère. Oui sans doute, et elle avait grand tort ; mais son intention était bonne ; et à cause de cela et de son ignorance de ce qui était mal, Dieu lui pardonna.

Les envoyés du roi partirent en courant ; aussitôt Rahab monta sur la terrasse où elle avait caché les espions et leur dit : « Je sais qui vous êtes ; j’ai entendu parler de la puissance de votre Dieu ; je sais que vous avez traversé à pied sec la mer Rouge ; que vous êtes vainqueurs de tous ceux que vous combattez, que vous avez exterminé plusieurs peuples et leurs rois. La frayeur m’a saisie ; je ne veux pas vous faire de mal ; mais jurez-moi que lorsque vous viendrez tout conquérir dans ce pays, vous ne ferez de mal ni à mon père, ni à moi, ni à toute ma maison ; donnez-moi un signe pour que vos gens puissent reconnaître ma maison et qu’ils n’y entrent pas comme des ennemis, mais comme des amis. »

Les espions lui dirent : « Nous vous promettons ce que vous nous demandez, à condition que vous ne nous trahirez pas. »

Alors Rahab ouvrit une fenêtre et les fit descendre avec une corde. — « Allez, dit-elle, du côté des montagnes et restez-y trois jours, jusqu’à ce que les envoyés du roi, ne vous trouvant pas, reviennent et rentrent dans la ville. Avant de partir, promettez-moi de faire grâce à mes parents, à moi et à ma maison. » Les envoyés de Josué le lui promirent. « Voici, dirent-ils, le signe que vous demandez ; prenez ce cordon rouge, attachez-le à la fenêtre par laquelle vous nous avez fait descendre, faites venir dans votre maison ceux de votre famille que vous voudrez sauver, et aucun de nous n’y entrera. »

Après cela, les envoyés se dépêchèrent d’arriver aux montagnes pour s’y cacher ; ils y restèrent trois jours, comme le leur avait recommandé Rahab ; ils marchèrent ensuite vers le fleuve du Jourdain, qu’ils repassèrent à la nage, et vinrent rendre compte à Josué de ce qu’ils avaient vu du haut des montagnes, de ce qu’ils avaient vu avant d’entrer chez Rahab, et de ce qu’ils avaient appris par elle avant l’arrivée des envoyés du roi.