La Bible d’une grand’mère/93

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L. Hachette et Cie (p. 251-252).

XCIII

RUTH ET NOÉMI

(1160 ans environ avant J.-C.)



Pendant quelque temps, il ne se passa rien de remarquable dans l’histoire du peuple de Dieu. Mais avant de vous parler de Samuel, qui vécut 1132 ans avant Jésus-Christ, je vais vous raconter l’histoire très-connue de Noémi et de Ruth. C’était du temps de Jephté, 1160 ans environ avant Jésus-Christ, et 230 ans après le passage du Jourdain.

Il se trouvait à Bethléem, ville de la tribu de Juda, un homme qui s’appelait Élimélech, et qui était de la famille de Juda. Cet Élimélech avait épousé une femme excellente, appelée Noémi. ce qui veut dire belle, et ils avaient deux fils. Il arriva une grande famine dans le pays ; Élimélech alla avec sa famille demeurer chez les Moabites, où le blé était abondant. Noémi devint veuve, et ses fils se marièrent à des filles moabites, Orpha et Ruth.

Dix ans après, les deux fils d’Élimélech moururent aussi, et Noémi resta avec ses deux belles-filles, qui n’avaient pas d’enfants. Elle résolut alors de retourner dans son pays, et elle dit à ses belles-filles :

« Vous, mes filles, allez demeurer chez vos parents. Le Seigneur vous récompensera de l’affection que vous m’avez toujours témoignée, ainsi qu’à vos maris, en vous donnant d’autres maris qui vous rendront heureuses. »

Noémi embrassa ses belles-filles et voulut les quitter. Mais elles se mirent à pleurer et lui dirent : « Nous irons avec vous et nous demeurerons chez votre peuple.

— Je vous en prie, mes filles, dit Noémi, tout attendrie du dévouement de ses belles-filles, retournez chez vous. Je suis vieille, je n’ai pas de biens à vous donner. Si vous restez avec moi jusqu’à ce que je meure, vous serez vous-mêmes trop vieilles pour trouver des maris, et vous vivrez seules et abandonnées. Et je serais plus malheureuse de vous voir ainsi que de vivre sans vous. »

Les belles-filles recommencèrent à pleurer. Orpha consentit à retourner chez sa mère. Mais Ruth lui répondit : « Ne m’empêchez pas, ma mère, de vous suivre ; car partout où vous irez, j’irai ; et partout où vous demeurerez, je demeurerai. Votre peuple sera mon peuple, votre Dieu sera mon Dieu. La terre où vous mourrez me verra mourir. Et la mort seule pourra nous séparer. »

Noémi, la voyant si décidée à la suivre, ne s’y opposa plus ; elles partirent ensemble et arrivèrent à Bethléem.

Le bruit de leur retour se répandit dans le pays ; la curiosité était grande de voir Noémi, et Ruth surtout qui avait tout quitté pour la suivre.