La Bible d’une grand’mère/Introduction

La bibliothèque libre.
L. Hachette et Cie (p. 1-4).

INTRODUCTION


(Les enfants s’amusent à regarder des images dans la bibliothèque du château des Nouettes. La grand’mère cause avec les plus grands, et explique les images aux plus petits. Gaston prend un gros livre, l’ouvre, et voit beaucoup d’images.)

Gaston. Grand’mère, qu’est-ce que c’est que ce gros livre ? Comme il est beau ! tout rouge avec de l’or.

Grand’mère. Ce gros livre s’appelle la Bible, ou la sainte Bible.

Paul. Qu’est-ce que cela veut dire ? De quoi parle-t-il ?

Grand’mère. Il parle de choses religieuses et saintes.

Gaston. Qui est-ce qui l’a fait ?

Grand’mère. C’est le bon Dieu.

Françoise. Comment ? Le bon Dieu écrit des livres ?

Grand’mère. Il ne les écrit pas lui-même, mais il inspire ceux qui les ont écrits. On appelle ces hommes inspirés, les Prophètes, les Apôtres, les Évangélistes.

Armand. Mais comment le bon Dieu les inspire-t-il ?

Grand’mère. En leur donnant des idées ; en leur faisant deviner et connaître des choses qu’ils ne pourraient savoir sans l’aide de Dieu.

Marie-Thérèse. Il y a donc plusieurs hommes qui ont écrit ce livre ?

Grand’mère. Oh oui ! plusieurs ; les plus célèbres sont : Moïse, David, Salomon, Isaïe, Jérémie, Daniel, etc.

Paul. Quels singuliers noms !

Grand’mère. Ce sont des noms hébreux ou juifs, qui ne ressemblent pas à nos noms français.

Gaston ouvre la Bible et l’examine.

Gaston. Il me semble qu’il y a beaucoup de livres ; je vois livre dix.

Grand’mère. Oui, il y en a soixante-douze. C’est partagé en deux grandes parties, qu’on appelle l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

Petit-Louis. Qu’est-ce que c’est, Testament ? N’est-ce pas quand on meurt ?

Grand’mère. Oui ; mais cela veut dire aussi : promesse ou bien traité d’alliance.

L’Ancien Testament, c’est le récit des promesses que le bon Dieu a bien voulu faire aux hommes ; c’est l’histoire de ce qui s’est passé entre Dieu et les hommes, surtout avec ses plus grands serviteurs, depuis le commencement du monde jusqu’à la naissance de Jésus-Christ, c’est-à-dire pendant 4000 ans.

Le Nouveau Testament contient le récit de la vie de Jésus-Christ, c’est-à-dire l’Évangile.

Louis. Est-ce le même Évangile que vous nous avez raconté, grand’mère ?

Grand’mère. Précisément ; mais, outre l’Évangile et les Actes des Apôtres, que je vous ai racontés, le Nouveau Testament contient aussi tous les écrits que le Saint-Esprit a inspirés aux Apôtres.

Valentine. Combien y a-t-il de livres dans l’Ancien Testament ?

Grand’mère. Il y en a quarante-cinq.

Henriette. Et dans le Nouveau Testament ?

Grand’mère. Il y en a vingt-sept.

Paul. Sont-ils écrits en français ?

Grand’mère. L’Ancien Testament a été écrit en hébreu ; le Nouveau Testament a été écrit presque entièrement en grec et en latin.

Armand. Est-ce que ce serait aussi intéressant que l’Évangile ?

Grand’mère. Certainement.

Gaston. Oh ! Grand’mère, racontez-nous cela comme vous avez raconté l’Évangile et les Actes des Apôtres à Jacques, à Jeanne et aux autres. — Paul, Grand’mère va nous raconter l’Histoire sainte. Venez tous, venez écouter l’Histoire sainte.

Les enfants accourent et s’écrient :

Merci, ma bonne Grand’mère, merci ; commencez tout de suite, je vous en prie.

Grand’mère. Pas aujourd’hui, mes chers petits ; il est trop tard ; demain, avant déjeuner, vous viendrez tous chez moi, et tous les matins je vous raconterai l’Histoire sainte, qui vous amusera, je l’espère.

Le lendemain les enfants furent exacts. À dix heures, Madeleine, Élisabeth, Pierre, Henri en tête de la bande, entrèrent chez leur grand’mère ; après l’avoir embrassée, ils rangèrent des chaises en demi-cercle devant le fauteuil réservé à grand’mère ; ils placèrent les petits au milieu et se mirent aux extrémités.

Petit-Louis. Pourquoi te mets-tu au bout, Élisabeth ?

Élisabeth. Pour faire la police et vous empêcher de remuer.

Gaston. Comment ! nous ne pourrons pas bouger, même si nous sommes fatigués ?

Madeleine. Si fait ; vous pourrez non-seulement bouger, mais aussi parler.

Gaston. Pourrai-je bâiller, si cela m’ennuie ?

Henriette. Non ; il est défendu de bâiller ; si tu t’ennuies, tu t’en iras.

Françoise. C’est ennuyeux cela ; d’abord moi, je bâille très-souvent ; et je ne veux pas m’en aller. (Elle bâille.)

Louis. Ah ! tu commences déjà ? Va jouer avec Mathilde. (Louis, Henri, Jacques et Henriette veulent la faire sortir.)

Françoise, criant. Grand’mère, Grand’mère, au secours !

La grand’mère assoit Françoise à côté d’elle, et dit en riant :

« Là ! Te voilà en sûreté à présent. Tu ne t’en iras que lorsque tu le voudras. Soyez complaisants, mes chers enfants. Quand même elle bâillerait, qu’est-ce que cela vous fait ? »

Jacques. Mais, Grand’mère, ce n’est pas poli pour vous.

Grand’mère, souriant. Je te remercie, cher enfant, de ton observation qui pourrait être juste pour une autre ; mais moi, je ne me choque pas, et je sais que les enfants bâillent sans s’ennuyer. Ainsi, commençons. Placez-vous tous et écoutez.