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La Bretagne (Janin)/02

La bibliothèque libre.
Ernest Bourdin, éditeur (p. 41-56).


CHAPITRE II.


Ce que les anciens entendaient par le mol armorique. — Divisions territoriales. — Confédération armoricaine. — Son histoire. — Lutte contre les Romains et contre les tribus germaniques.


Nous revenons quelque peu sur nos pas, et c’est prudence ; pour toucher ce but lointain et difficile d’une histoire comme celle que nous tentons, on ne saurait commencer par être trop exact et trop clair.

Le mot Armorique (ou Armor), lorsque César fit La conquête des Gaules, était une appellation qui s’étendait à toutes les contrées limitrophes de l’Océan ; plusieurs siècles après César, sous Dioclétien, ce mot-là désigna toutes les contrées placées sous le commandement de l’officier chargé de la défense des côtes de la Gaule. Suivant la Notice des Gaules publiée vers la fin du quatrième siècle, le Tractus armoricanus comprenait cinq provinces, à savoir :

La première Aquitaine ;

La deuxième Aquitaine ;

La Sénonaise ;

La seconde Lyonnaise ;

La troisième Lyonnaise.

Il peut sembler étrange, au premier abord, qu’un arrondissement maritime s’étende aussi loin dans l’intérieur des terres que Bourges et Troyes ; mais il faut se rappeler que l’intérêt de la défense du pays ait été l’unique origine des divisions militaires qui parttageaient la Gaule.

Au cinquième siècle, les limites de l’Armorique se resserrent. Plus tard même, ce mot ne s’appliquera plus qu’à la presqu’île occupée par les Bretons, ainsi que l’expliquera la suite des événements ; bornons-nous, quant à présent, à l’histoire de la confédération armoricaine.

Les révoltes qui éclatèrent sous le faible Gallien avaient brisé, avons-nous dit, presque tous les liens qui unissaient la Gaule à l’Italie. Le génie d’Aurélien et les victoires de Probus arrêtèrent quelque peu cette première dissolution de l’empire romain ; mais tous les efforts des princes, leurs successeurs, furent impuissants à restaurer le vieil édifice qui tombait en ruines. Le génie administratif de Dioclétien, célébré par quelques historiens modernes, ne fit qu’ajouter à tant de désordres et de calamités.

En divisant l’univers romain en quatre parts, l’empereur multipliait les armées dans la même proportion. Or, comme chaque prince s’efforçait de rassembler autour de sa personne le plus de soldats et le plus de créatures qu’il pouvait réunir, le nombre de ceux qui prenaient devint bientôt tellement supérieur à ceux qui payaient, que les colons, écrasés par les impôts, désertèrent leurs champs, chassés par la plus affreuse misère. Les agents du fisc, comme une nuée d’oiseaux de proie, dévoraient la substance des provinces. Lactance nous a laissé un tableau déchirant de cette effroyable époque. Tant de souffrances jetèrent enfin dans le désespoir les petits cultivateurs, réduits à un état voisin de l’esclavage. Armés des instruments de leur profession, et poussés par une fureur aveugle, ils attaquent leurs ennemis et massacrent tout ce qui leur résiste. Les laboureurs combattent à pied, les pâtres montent à cheval. Ces bandes, qui rappellent celles de Maricus, et dont nous retrouverons plus tard l’indomptable énergie et le même sentiment national chez les vaillants compagnons des chefs révoltés de la petite Bretagne, portèrent dans toutes les Gaules le carnage et la dévastation. Les rebelles avaient pour chefs Ælius et Amandus, chrétiens tous deux, s’il faut en croire une antique tradition. La discipline des légions commandées par Maxime obtint une victoire facile sur cette multitude confuse et mal armée ; mais la bagaudie, vaincue à Saint-Maur-des-Fossés, ne fut pas étouffée.

La révolte des provinces armoricaines, au commencement du cinquième siècle, ne fut, en effet, que le triomphe définitif de toutes ces insurrections nationales.

Nous allons laisser l’historien Zozime raconter cette grande révolution, qui rétablit non-seulement dans l’Armorique, mais même dans une grande partie des Gaules, l’ancien état de choses antérieur à la conquête :

« Comme la plus grande partie des troupes de Constantin étaient employées en Espagne, il arriva que les barbares d’outre-Rhin envahirent à leur gré les provinces ; ils forcèrent les habitants de l’île de Bretagne et certaines nations celtiques à se séparer de l’empire romain, à secouer le joug de leurs lois et à vivre selon leurs propres institutions. En effet, les Bretons prirent les armes, et, voyant qu’il y allait de leur salut, ils parvinrent à mettre leurs villes à l’abri des insultes de ces barbares. À l’exemple de la Bretagne, toute l’Armorique et les autres cités gauloises proclamèrent leur indépendance ; après avoir expulsé les magistrats romains, elles se constituèrent en une sorte d’état indépendant[1]. »

Enfin l’Armorique était libre. Mais il fallait lutter incessamment contre la double attaque des légions impériales et des barbares, qui se montraient de tous côtés.

Dès l’année 416, un préfet du prétoire des Gaules essaya de ramener les nations armoricaines à l’unité romaine. Un peu plus tard, Littorius les attaqua ; Sidoine Apollinaire, le seul historien qui ait raconté cette expédition, ne nous dit pas quel fut le résultat définitif de la campagne. Ce qui est certain, c’est que cette nation toujours mobile et indomptable[2] ne craignit pas de porter ses armes Jusque sous les murs de Tours, en 445 ; même cette ville de Tours serait tombée au pouvoir des Bretons si Majorien n’était pas arrivé en toute hâte au secours de la ville assiégée. Ce grand homme battit les confédérés, mais il ne réussit pas plus que ses devanciers à faire rentrer dans le devoir ces peuples belliqueux et indépendants[3].

Aétius, furieux d’une résistance dont il lui était impossible de prévoir le terme, prit enfin le parti d’exterminer ce peuple. Il avait établi, peu d’années auparavant, une colonie d’Alains sur les bords de la Loire, pour tenir en respect les bagaudes armoricaines. Ce fut au chef de ces païens, nommé Éocarik, que le patrice romain confia la mission de châtier l’Armorique.

La confédération, attaquée à l’improviste, allait être infailliblement écrasée, lorsque Dieu lui suscita pour défenseur saint Germain d’Auxerre. Germain, descendant d’une famille sénatoriale, avait étudié la jurisprudence à Rome, et plaidé avec un grand succès. Revenu à Auxerre, son pays, avec le litre de duc et de commandant des troupes que la révolte de l’Armorique obligeait d’entretenir dans ces provinces, il y vivait en grand propriétaire gaulois, ne s’occupant guère que de chassé quand son service ne l’appelait pas aux armées. Mais cet homme, marqué du doigt de Dieu, était réservé à de plus hautes destinées[4]. Un jour qu’il était entré armé de toutes pièces dans la basilique d’Auxerre, Amator, évêque de cette ville, vint à lui, et lui ayant fait déposer ses armes, il le prit par la main et le proclama son successeur. Après la mort d’Amator, Germain, malgré sa résistance et ses supplications, fut en effet élevé à l’épiscopat. Depuis ce jour une transformation complète s’opéra dans les habitudes du nouvel évêque. Il ne vivait plus que de pain d’orge qu’il pétrissait lui-même ; l’eau de la citerne était toute sa boisson. Un cilice avait remplacé le brillant costume du chef militaire.

L’évêque d’Auxerre revenait de l’île de Bretagne, où il avait confondu l’hérésie pélagienne et relève les espérances des Bretons assaillis par les barbares, lorsque les députés de l’Armorique rencontrèrent le saint prélat. Malgré toutes les fatigues qu’il venait d’éprouver, saint Germain n’hésita pas à se mettre en marche pour aller trouver le roi des Alains.

« Devant ce roi, ministre des idoles, s’écrie le biographe du saint évêque dans un beau moment d’enthousiasme et de respect, devant ce peuple si belliqueux se présente un vieillard ; le vieillard est sans armes, il est seul, mais fort et plus puissant qu’eux tous par le divin secours du Christ. Il emploie d’abord les supplications à l’aide d’un interprète ; mais, voyant que le roi barbare refuse de l’écouter, il lui adresse de vifs reproches, et saisissant d’une main ferme la bride de son cheval, il arrête dans ce lieu même l’armée entière avec le chef. »


Éocarik, étonné de tant de courage, et plein de vénération pour un prélat dont la vue seule imprimait le respect, consentit à retourner sur ses pas.

Comment s’étonner, après ce grand triomphe de la vertu sur la force brutale, que les évêques fussent à cette époque les arbitres et même les directeurs temporels des peuples ! Les opprimés auraient-ils donc pu trouver ailleurs, sinon dans le ciel, de plus puissants protecteurs ? Héros de la foi chrétienne, nobles courages, saints vieillards, ils ont été toute la consolation sinon tout le courage des peuples opprimés !

Cependant les Armoricains, après la mort de saint Germain, avaient de nouveau pris les armes. L’arrivée d’Attila ne permit pas au patrice Aétius de tirer vengeance de tant d’insultes. Le fléau de Dieu, après avoir passé le Rhin et saccagé les principales villes des Gaules, s’était mis en marche vers la Loire. À cette nouvelle, Aétius, avec une célérité qui tient du prodige, marche sur la ville d’Arles, il entraîne Théodoric, et parvient à soulever contre l’ennemi commun toutes les petites nations éparses sur le territoire gaulois. Les Armoricains combattirent avec tous ces peuples aux plaines catalauniques. Tandis que ces luttes se passaient dans les Gaules, l’île de Bretagne devenait la proie des barbares. Trahis par les Saxons, dont ils avaient imploré l’assistance contre les Pictes et les Scotts, les insulaires se virent réduits à chercher un asile, les uns dans les montagnes de la Cambrie, les autres au delà des mers, dans la péninsule armoricaine, d’où leurs ancêtres étaient primitivement sortis.

Ici se termine l’histoire des Gallo-Armoricains ; mais avant de dérouler les annales des Bretons, qui vinrent au quatrième et au cinquième siècle s’établir dans la péninsule gauloise, nous devons jeter un coup d’œil rapide sur les révolutions dont la Grande-Bretagne fut le théâtre. Ces révolutions elles-mêmes, pour que le lecteur les puisse suivre sans confusion, ne se peuvent expliquer qu’en remontant aux origines des Bretons, insulaires.

À coup sûr, les autorités ne nous manqueront pas, il ne s’agit que de les chercher avec zèle, avec dévouement, avec respect. « La partie intérieure de la Bretagne est habitée, si l’on s’en rapporte à la tradition, par des peuples indigènes ; le littoral est occupé par des tribus auxquelles les joies de la guerre et l’appât du butin firent quitter la Belgique. Les émigrés ont presque tous conservé les noms des cités auxquelles ils appartenaient lorsqu’ils vinrent, les armes à la main, s’établir dans la contrée sur quelle aujourd’hui la charrue se fait sentir[5]. »

Ainsi parle Jules César ; vous voyez qu’il nous vient en aide de nouveau ; et que partout où il a passé il a laissé sa trace. Tacite confirme sur ce point, le témoignage du grand capitaine : « Ceux des habitants de la Gaule qui sont les plus rapprochés des Gaulois conservent entre eux toutes les ressemblances de la commune origine, à moins qu’il ne soit permis de dire que, pour les Bretons, cette ressemblance ne soit un caprice de la nature. Cependant, tout porte à croire que les Bretons sont venus s’établir sur une côte si voisine de leur île ; le culte est le même, ils parlent la même langue à quelques différences près ; également braves dans les dangers, et désespérés dans la défaite. Toute la différence est à la louange des Bretons, qu’une longue paix n’a pas énervés[6].

Quoi de plus vrai ? la science moderne, après bien des recherches, est arrivée aux conclusions de Jules César, aux jugements de Tacite. Un savant du premier ordre, que nous ne pouvons trop citer dans les premières années de cette histoire, a retrouvé, avec la patience de la science nouvelle, les preuves qui manquaient à l’histoire écrite par Tacite et par Jules César. Voici ces preuves :

1o Le géographe Ptolémée nous apprend qu’il y avait des Alrébates, des Parisiens et des Belges parmi les émigrés gaulois établis dans la Grande-Bretagne[7]. Beaucoup d’autres tribus, émigrées de la Gaule, avaient conservé dans l’île les noms des cités d’où elles étaient sorties, par exemple, les Morini, les Œdui, les Rhemi, les Cenomani, les Menapii (Irlande, etc.).

2o La peuplade des Britanni elle-même, qui donna son nom à l’île tout entière, avait habité antérieurement les côtes actuelles de la Flandre et de la Picardie, s’il en faut croire le témoignage de Pline et de Denys le Périégète[8].

3o Enfin les triades historiques du pays de Galles (d’accord en ceci avec les assertions des deux grands historiens) rapportent que les Brythons qui vinrent s’établir dans l’île de Bretagne sortaient de cette partie de la Gaule qui est située entre la Seine et la Loire. Véritablement, et à partir des temps les plus reculés, nous trouvons des Veneti établis sur le continent, dans la péninsule gauloise, et au delà des mers, aux extrémités de la Grande-Bretagne. Or, comme ces peuples étaient les rois des mers qui baignaient leurs rivages, on comprend que les habitants de la péninsule armoricaine et ceux de la côte opposée devaient en quelque sorte ne former qu’un seul et même peuple.

Dans les premiers temps de l’invasion des Gaules, César avait compris que cette confraternité presque invincible des peuples de la Bretagne et de la Gaule armoricaine lui imposait l’obligation de soumettre les insulaires à ses armées. Ainsi fit-il. Nous avons vu plus haut quel avait été le résultat des deux campagnes mémorables de cet habile capitaine contre les intrépides Bretons. Auguste, Tibère, Caligula, laissèrent en paix les peuples domptés par César. L’empereur Claude, poussé par Bérié, prince exilé de la Bretagne, entreprit la conquête de cette île, que César, suivant la vive expression de Tacite, n’avait fait qu’indiquer à ses successeurs[9]. Aulus Plautius, avec quatre légions, traversa le détroit et battit les Bretons. Ostorius Scapula, successeur de Plautius, eut à défendre contre les insulaires toutes les conquêtes accomplies. Les Icènes qui avaient pris les armes furent domptés, et les Romains fondèrent une colonie à Camalodunum. Ceci fait, ils attaquèrent les Silures, nation indomptable que gouvernait un prince nommé Caradoc (Caractacus). Caradoc se trouva, tout brave qu’il était, le moins fort. Il résolut d’attendre les Romains, non pas dans la plaine, mais derrière un retranchement formidable qui s’appelle encore aujourd’hui Kaer-Caradoc (citadelle de Caradoc). Sur cette montagne aux retranchements solides Caradoc fut poursuivi, et il se défendit à outrance. Cette fois encore la vieille discipline des légions romaines triompha de l’énergie et de l’héroïsme des Bretons. Caradoc fut vaincu ; sa femme, sa fille, ses frères, tombèrent au pouvoir de l’ennemi. Lui-même, il avait espéré trouver un refuge chez sa belle-mère ; mais cette femme vendit son gendre aux soldats romains. Abandonné et trahi par qui devait le défendre, le malheureux capitaine est traîné à Rome pour orner le triomphe du vainqueur Le peuple entier avait été convié à cette fête, fête imposante en effet. La ville entière est dans la joie ; les prétoriens, sous les armes, sont rangés en bataille dans la plaine qui borde leur camp. Quand tout fut prêt, commença le triomphe ; les clients du chef prisonnier, ses trophées d’armes, son cheval de bataille, puis ses frères, sa femme, sa fille, furent indignement livrés en spectacle à la plèbe romaine ; — spectacle dont Rome pouvait se repaître, car elle n’avait plus longtemps à se réjouir ainsi.

Ce grand triomphe remplissait la ville entière ; Caractacus parut le dernier de tous, comme le plus irrécusable témoignage de la victoire. Il marchait le front calme, la tête haute, le regard assuré. Claude l’attendait, assis sur ce trône déjà menacé par le crime qui devait y placer Néron. Arrivé au pied du trône impérial, écoutez le discours que prononça l’illustre Breton ; Tacite l’a conservé avec soin, et ce discours tient sa place à côté des chefs-d’œuvre de Tacite :

« Si ma modération dans la prospérité eût égalé ma naissance et ma fortune, on me verrait, ici même, l’ami de Rome et non pas son captif. L’empereur n’eût pas dédaigné l’alliance d’un homme qui descend d’une longue suite d’aïeux et qui commande à plusieurs nations. Maintenant le sort m’humilie autant qu’il vous élève. Naguère encore, je ne savais pas le nombre de mes coursiers, de mes soldats, de mes richesses : quoi d’étonnant que j’eusse voulu défendre tous ces biens ? Si votre ambition veut donner des fers à tous, est-ce donc une raison pour que tous les acceptent ? Au reste, une prompte soumission n’eût illustré ni votre victoire, ni moi-même. Tuez-moi, ma mort reste illustre ! Laissez-moi la vie, votre clémence est « immortelle. »

Si l’empereur Claude ne se connaissait guère en fait d’héroïsme, en revanche, il se connaissait en éloquence. Il pardonna à ce héros qui parlait si bien, il lui rendit ses enfants et sa femme, mais sans lui rendre la liberté. Au reste, privés même de leur roi, les Silures n’en continuèrent pas moins la guerre, et Suétonius Paulinus, le rival de Corbulon, fut envoyé dans la Bretagne pour dompter les rebelles.

L’île de Mona était alors le refuge de tous ceux qui fuyaient la Bretagne pour échapper au joug de l’étranger, lieu d’asile, position excellente, dont Paulinus résolut de se rendre maître. Là, en effet, les Bretons fugitifs transportaient leurs dieux, leurs croyances, leurs libertés. La cavalerie romaine reçut l’ordre de traverser le détroit à la nage, tandis que l’infanterie le franchissait sur des bateaux plats. Lutte admirable ! rude épouvante ! En approchant de l’île sacrée, les Romains aperçurent l’armée ennemie qui offrait aux regards comme une forêt armée ; c’était une multitude d’hommes-furieux, et dans cette foule ameutée, convaincue, se tenaient, hurlantes, des femmes en longs habits de deuil, échevelées, furieuses, et portant à la main des torches enflammées. Tout autour de cette masse, les druides, les mains levées au ciel, vomissaient d’horribles imprécations.

C’était effrayant à voir, terrible à aborder, sauvage à entendre. À l’aspect de cette résistance de la voix, des armes, de la superstition, de la croyance. L’armée romaine se trouble et s’épouvante ; les soldats s’arrêtent, éperdus. Ils regardent, ils interrogent l’espace, ils pâlissent ; leurs mains défaillantes laissent tomber l’arme prête à frapper… Le courage leur revint à la voix de leurs chefs ! Eh quoi ! reculer devant des femmes, devant des prêtres, eux, les descendants des Scipion, des Camille et des Brutus ! Obéissant à la voix de leurs chefs, les Romains marchèrent en avant, et précipitèrent les druides dans les flammes qu’ils avaient eux-mêmes allumées.

Ce fut à peu près vers la même époque qu’une nouvelle et terrible insurrection éclata dans l’île de Bretagne. La femme du roi des Icéniens avait été battue de verges ; ses filles, sous les yeux de leur mère, avaient été déshonorées par des soldats romains. À la nouvelle de ces atroces exécutions ; voici qu’une grande partie des insulaires courent aux armes et se ruent dans la vengeance. La colonie de Calomadunum, dont les soldats exerçaient sur les indigènes d’horribles brigandages, se trouve attaquée la première. Vieillards, femmes, enfants, tous sont passés au fil de l’épée. De cette ruine sanglante, vingt mille Bretons marchent sur Londinium et sur Vérulam. Vainement Cérialis veut leur barrer le chemin, il est écrasé ; les deux villes sont emportées d’assaut ; tous les habitants sont égorgés sur la place. Cette fois, sans l’énergie de Suétonius, les Romains étaient chassés à tout jamais de la Bretagne indignée. Cet habile général, par un effort de valeur incroyable, avait percé, au travers des ennemis, jusqu’à Londinium, dont il voulait faire le centre de ses opérations ; mais, considérant la faiblesse de son armée, il prit le parti de sacrifier une ville pour sauver la province. Avec dix mille hommes, il courut se poster à l’entrée d’une gorge étroite dont les derrières étaient fermés par un bois. Là, il attendit l’ennemi de pied ferme. La bataille fut longue et vaillamment disputée ; mais enfin tous les efforts du courage et du patriotisme breton vinrent se briser contre l’admirable discipline des légions.

Après tant de défaites, la Bretagne refusait encore de se soumettre. Il ne fallut rien moins que le génie d’Agricola, pour établir définitivement la domination romaine dans cette indomptable contrée.

La louange d’Agricola, par le grand historien qui a été son gendre, est restée dans toutes les mémoires ; l’illustre général n’a pas été au-dessous de cette louange. Il avait le courage qui gagne les victoires, il avait la sagesse qui les conserve. Il savait très-bien que la violence peut tout perdre, et même les causes gagnées ; et comme il vit que le peuple breton ne pouvait pas être seulement dompté par les armes, il résolut d’en venir à bout par la bienveillance et par la justice. Aussitôt, grâce à ce sage conquérant, l’administration civile et militaire est ramenée violemment dans les limites de l’autorité et de la justice ; les concussions et les tyrannies des agents du fisc sont punies avec une sévérité inflexible ; bien plus, à l’exemple d’Auguste lui-même, dont le souvenir dominait même les consciences les plus honnêtes, Agricola, et c’est là ce qui souilla sa victoire tout en l’affermissant, n’hésita pas à appeler à son aide les plaisirs et les infâmes voluptés de Rome. Il comprenait, comme un homme qui veut réussir à tout prix, et qui s’inquiète peu que sa victoire ne dure qu’un jour, que le grand moyen de dompter ces peuples austères, c’était de déshonorer leurs mœurs. Aussitôt — voyez la honte ! et comme les peuples vaincus étaient traités même par ceux qui les devaient protéger et défendre ! — le vice romain vient en aide à la victoire ; Rome se met à corrompre les peuples qu’elle ne peut pas dompter ; le luxe et la mollesse débordent de toutes parts dans ces contrées primitives ; les poésies efféminées, les licences, des temples profanes, les portiques où l’on causait d’art et de poésie, les bains, les théâtres, tout l’attirail des corruptions dont parle Juvénal, envahissent la province souillée.

« Insensés ! s’écrie Tacite, (après avoir loué son héros), qui ne s’apercevaient pas que toutes ces élégances formaient comme une partie de leur servitude ![10] »

Plus encore que tous ces vices, la bataille des monts Grampiens, gagnée sur les Calédoniens de Galgacus, consolida la puissance romaine dans la Bretagne.

Cependant, après le départ d’Agricola, Les tribus du Nord n’avaient pas tardé à franchir les forts dressés entre les deux détroits. En moins d’un demi-siècle, la situation de l’île devint si précaire, que l’empereur Adrien se vit contraint de faire, en personne, une campagne contre les Bretons. Un monument construit par les ordres de ce prince a bravé jusqu’ici les ravages du temps : nous voulons parler du rempart qu’il fit élever, à partir de la baie de Solway, sur la côte occidentale, jusqu’à l’embouchure de la Tyne, sur la côte orientale. Un peu plus tard, Lollius Urbicus, pour résister aux attaques des Ordovices et des Brigantes, fit élever une autre muraille de plus de trente mille pas d’étendue ; à ce rempart il donna le nom de mur d’Antonin,

Si l’obstacle était grand, il ne put guère arrêter les ravages exercés par les tribus indépendantes de la Bretagne. L’empereur Sévère, dont les lieutenants réclamaient à grands cris la présence, fut obligé de traverser le détroit à la tête d’une armée formidable. Il arrive ; battus par lui, les Calédoniens implorent la paix du prince irrité ; Sévère pardonne, et cependant il fait construire, à la place du mur de gazon élevé sous Adrien, une muraille toute en pierré, haute de douze pieds ; et dont les fondations variaient de deux à trois verges[11].

À partir de cette époque jusqu’au règne de Gallien, l’histoire ne fait plus mention de là Bretagne. L’état de trouble et de faiblesse dans lequel se trouvait l’empire à la fin du troisième siècle inspira de nouveaux projets de pillage et de dévastation aux barbares qui, sous le nom de Francs et de Saxons, ne cessaient de ravager le littoral des contrées que baigne l’Océan. Pour s’opposer à ces hordes sauvages que poussait le pressentiment de l’avenir, Dioclétien fit équiper une flotte à Gessoriacum (Boulogne), et de cette flotte il confia le commandement à Carausius, Ménapien de basse origine. Ce Ménapien avait les instincts d’un brigand et l’intelligence d’un prince. Il était à la fois un voleur et un grand capitaine ; pour échapper au châtiment réservé à ses effroyables brigandages, il se fit indépendant de l’empereur, il s’embarqua pour la Bretagne, il embaucha les troupes qui s’y trouvaient, et enfin il se revêtit de la pourpre. Étrange époque, où pour se sauver il fallait se faire empereur.

Voilà donc Carausius devenu césar ; et ce qui est plus étrange, c’est que le règne de ce tyran fut heureux et plein de gloire. Les Calédoniens s’enfuyaient devant ses aigles ; ses flottes victorieuses couvraient le détroit, elles commandaient les bouches du Rhin et de la Seine, et portaient la terreur du nom breton jusqu’au détroit de Gibraltar. Dioclétien et son collègue se virent contraints de reconnaître le tyran. Mais dès que les deux empereurs Galérius et Constance se furent associés à l’empire, Constance reçut la mission d’arracher la Bretagne aux mains de l’usurpateur. La prise de Boulogne fut le premier exploit de Constance. Carausius fut tué, mais non pas en bataille rangée ; après sa mort, la Bretagne, qui déjà se croyait libre, retomba sous la loi des Romains.

À cette heure, le père de Constantin le Grand, prince équitable, habile et sage politique, accorde quelque trêve aux misères des peuples vaincus. La Bretagne, un instant calmée, rêve des jours meilleurs. — Hélas ! l’heure de la paix et de la liberté était encore bien loin. À défaut de la tyrannie politique, elle tomba dans la persécution religieuse. Depuis Caradoc, la Bretagne s’entretenait des vérités de l’Évangile. La loi nouvelle, la loi salutaire et sainte, soit qu’elle ait été introduite par le tyran Carausius, au dire des traditions galloises, soit qu’elle ait été enseignée par la femme du proconsul Plautius, Pomponia Gracina, si l’on en croit de plus graves témoignages, pénétrait déjà de toutes parts, avec sa puissance et sa force invincibles, dans l’âme et dans la conscience de ces peuples austères. — Dioclétien et Maximien — vanité de la toute-puissance ! — lancèrent leur édit contre le christianisme naissant. Tout d’un coup la persécution s’étendit, sanglante, acharnée, impuissante, contre la Bretagne chrétienne. Le martyre commençait pour cette contrée heureuse, et, sans le savoir, elle entrait ainsi, à la clarté de l’aurore chrétienne, dans l’affranchissement universel, dans cette délivrance tant rêvée des nations vaincues. Parmi les premiers martyrs de la croyance chrétienne, généreux courages qui donnaient l’exemple aux peuples à venir, la Bretagne cite, avec un orgueil reconnaissant, saint Alban et deux généreux citoyens de Kaerléon, Julius et Aaron. Les bourreaux, lassés, s’avouèrent vaincus par tant de courage ; le christianisme grandit, fécondé par ce noble sang. Longtemps spectateur de ces violences qu’il ne pouvait empêcher, Constance fut enfin proclamé empereur, et aussitôt il laissà en paix ces consciences patientes et convaincues. Délivrés de la persécution, les Bretons payèrent à Constantin la dette de reconnaissance qu’ils avaient contractée envers son noble père ; aussi se trouvèrent-ils dévoués et fidèles, quand il fallut chasser Maxence. Ces Bretons vainqueurs de Maxence, s’il en faut croire Guillaume de Malmesbury, auraient reçu comme récompense de leurs services des terres à cultiver. et à défendre dans la péninsule armoricaine. Mais ce fut surtout vers la fin du quatrième siècle (383) que l’Armorique se remplit d’insulaires. Comme nous l’avons dit, Gratien avait soulevé contre sa faible autorité les légions romaines, indignées de la préférence que le jeune empereur accordait aux barbares. Les troupes qui tenaient garnison dans l’île de Bretagne, se voyant abandonnées à elles-mêmes et regrettant les joies de Rome, ou, mieux encore, la vie abondante et facile de l’Orient, mirent à profit les défections qui entouraient l’empereur, pour revêtir de la pourpre leur général, nommé Maxime. Maxime accepta ce grand titre que lui décernait toute une armée, et du même pas il passa dans la Gaule, à la tête de ses légions et d’une foule de jeunes Bretons accourus sous les drapeaux de ce hardi aventurier, qui promettait de les mener en triomphe jusqu’au palais des Césars. Ces Bretons insulaires étaient intrépides, ambitieux. Le chef ou conan de leur nation qu’ils s’étaient choisi, s’appelait Mériadog. Un historien moderne, d’un esprit très-ingénieux, a tenté de prouver que l’existence de ce conan était une fable, et qu’il était impossible de retrouver la trace de la donation qui fut faite par Maxime, à ce prince imaginaire des terres désertes de l’Armorique ; un autre historien, non moins persuasif, a répondu à ces assertions faites avec art par des preuves heureusement trouvées. Nous n’avons pas le droit de nous mêler à ces débats historiques, nous écrivons pour raconter, et non pas pour prouver : ad narrandum, non ad probandum ; seulement il nous semble que tout bien considéré ; il ne serait guère facile de nier que Maxime, le meurtrier du jeune Gratien, ait en effet établi des Bretons, non-seulement dans la péninsule armoricaine, mais encore de l’autre côté des Pyrénées, où dix-sept églises bretonnes existaient encore au septième siècle autour du monastère de Maxime[12].

Où en était cependant l’île de la Bretagne ?

Privée des bras qui la pouvaient défendre, elle était restée abandonnée à toutes les insultes des barbares. En vain elle appelait à son aide les jeunes Bretons qui avaient suivi Maxime ; en vain eût-elle appelé les Romains, occupés à se disputer ce qui restait de l’empire du monde ; abandonnés à eux-mêmes, ces peuples se firent libres (409), pour avoir au moins leur liberté à défendre contre les barbares. D’abord cette résistance ne fut pas sans quelques succès. Les Pictes, les Scotts, sentirent le courage des Bretons ; mais le moyen de se défendre contre le flot qui monte toujours ? Repoussés ; les Pictes revenaient, et les Scotts, et avec eux les pirates de race germanique. Il fallut qu’à la fin Rome elle-même envoyât des troupes dans l’île de Bretagne, car la Bretagne se sentait impuissante à chasser toutes ces hordes qui l’assiégeaient, et en désespoir de cause, elle appelait l’empire romain à son aide ; en effet, mieux valait être Romain que barbare. Mais lorsque les Romains, après avoir relevé le mur construit naguère par Sévère et renversé par les barbares, furent contraints de quitter pour jamais ces rivages, à la suite d’une dernière victoire remportée sur les Pictes, ils déclarèrent aux Bretons que désormais ils eussent à se défendre et à se protéger eux-mêmes. Rome, occupée à sa propre défense, ne pouvant rien de plus pour ces peuples placés au bout du monde. Ainsi partirent, de la Bretagne insulaire, les derniers soldats de Rome ; ils se sauvèrent comme des soldats que tout décourage et même la victoire, et qui d’ailleurs s’inquiètent peu d’une île perdue, d’un peuple impuissant à se défendre. À peine la dernière voile romaine disparaissait dans le lointain, que soudain, dans cette île abandonnée, reparaissent les montagnards. Cette fois ils sont les maîtres ; la Bretagne ne peut plus se défendre ; tous ses soldats sont morts ou sont allés chercher des destinées nouvelles ; Rome n’est plus là pour chasser les barbares. Entendez cependant les faibles restes de ces populations naguère indomptables, voyez-les tendant aux Romains qui s’enfuient leurs mains suppliantes, et implorant l’appui des légions d’Aétius : « Les barbares nous refoulent vers la mer ; et la mer nous repousse vers les barbares ! Alternative horrible, et le fer qui extermine, plus loin le flot qui engloutit ![13] »

Ces gémissements, — et c’est M. Guizot cet homme au ferme coup d’œil, à qui rien n’échappe dans les mystères de l’histoire[14], qui parle ainsi, — ont été considérés comme un monument de la mollesse des Bretons ; on les a taxés de lâcheté pour avoir imploré l’assistance d’Aétius et demandé comme une grâce la protection d’une légion romaine : ce reproche est injuste, il est cruel. Mais, au contraire, ces Bretons dont on a fait des lâches, soldats négligés par les grands capitaines, et moins habitués à se servir des armes romaines que les autres sujets de Rome, ils ont résisté aux Saxons, et cette résistance difficile, elle a laissé son chapitre et sa trace dans l’histoire. À la même époque, des Espagnols, des Italiens, des Gaulois, l’histoire ne parle guère[15]. Mais allez donc arrêter les flots dans leur course ; faites revenir sur leurs pas ces Romains qui ne songent qu’à retourner du côté des fêtes, des grands débats et du soleil ! Si touchante que fût la plainte des Bretons, cette plainte ne fut pas écoutée. Hélas ! il fallut céder à la force ; le Picte et le Scott chassèrent le propriétaire légitime de sa terre et de sa maison ; on vit alors les maîtres de l’île de Bretagne errer çà et là dans les sombres forêts, se cacher dans les cavernes ou dans les marécages de l’Ouest. Ce fut alors qu’un Wortigern[16], élu dans l’assemblée générale du pays, poussé à bout par tant de misères, résolut — triste remède ! — d’appeler à l’aide de l’île écrasée une troupe de guerriers saxons. Nos Bretons insulaires savaient cependant quel était le Saxon ; ils avaient appris à le connaître dans la mêlée ; ils le savaient féroce, indomptable, avide, enfant d’une race nombreuse qui n’attendait plus qu’un signal pour se ruer sur toute proie à sa convenance, — Au premier appel, les Saxons répondirent ; d’abord ils ne demandaient qu’une récompense convenue, et dès la première bataille contre les Pictes, ils gagnèrent vaillamment la récompense promise ; mais de même que le flot appelle le flot, le Saxon appelle le Saxon ; alors vous eussiez vu, de tous les côtés du Nord et sur tous les rivages de l’île, accourir les Saxons plus nombreux que les Pictes, que les Scots, que tous les barbares maîtres de l’île. À ce moment le danger change ; il faut que les Bretons chassent à main armée leurs terribles défenseurs ; la guerre commence de part et d’autre ; acharnée et favorable d’abord aux Saxons. La lutte était sanglante et féroce : des deux parts. Les débris de nos tours renversées nageaient dans le sang, disent les anciens poëtes ; la chronique saxonne est encore plus énergique : « En ce temps-là, Ælla et Cissa assiégèrent Andérida, et ils firent un tel carnage de ses habitants, que c’est à peine si un seul Breton réussit à s’échapper[17]. Les chefs nationaux déployèrent dans toutes ces guerres de grands talents militaires : Ambrosius, Arthur, Urrien, ne se montrèrent ni moins braves ni moins habiles que jadis Caswallanw ou Caradoc. Courage donc ! Vues à cette distance, ces luttes terribles donnent à cette histoire je ne sais quel intérêt tout-puissant. La férocité de ces rudes jouteurs disparaît pour ne laisser voir que leur courage. Mais le courage ne suffit pas toujours, la force a de grandes chances de succès ; dans ces mêlées de peuple à peuple, celui qui attaque a ce grand avantage sur celui qui se défend, que la nécessité le pousse, et que ses vaisseaux sont brûlés. L’histoire des Bretons insulaires sera l’histoire des Saxons, plus tard. Donc aujourd’hui les Saxons restent les maîtres, les Bretons cèdent la place, la victoire du Saxon fut complète, la fuite des Bretons fut sans retour ; chassés de la plaine, qui est le beau pays, ils furent réduits à chercher un asile dans les montagnes de Cornwall et de la Cambrie. Les Saxons laissèrent les fugitifs dans leurs derniers retranchements, mais ils firent main basse sur tout le reste. Le fer et la flamme se mirent de la partie dans cette occupation d’une terre volée à ses maîtres légitimes. Tout ce qui voulut se défendre fut mis à mort ; qui fut pris, fut vendu comme esclave. Pauvre île et célèbre de la Grande-Bretagne ! par combien d’invasions encore, et par combien de massacres, et par quels conquérants il te fallait passer, avant que d’arriver à remplir le monde de ta gloire, de ton égoïsme et de ta grandeur !

  1. Zozime, l. VI, chap. v, in fine.
  2. Const. in Vit. sancti Germ.
  3. Sid. Apoll. Carm.
  4. Constant, in Vit. sancti Germani, l. II, ch. v.
  5. Cæs. de Bell. Gall., l. V, ch. xii.
  6. Tacite, Agricol. XI.
  7. Ptolém. géog. l. II, ch. iii.
  8. Plin. Hist. nat. IV, ch. xxx ; — Dionys. Perieg. v. 280 et seq.
  9. Tacit. Agric. XIII.
  10. Tacit. Agric. XXI.
  11. Bed. hist. I, xii.
  12. C’est dans la collection des conciles d’Espagne que M. de Courson a retrouvé les preuves de ce fait, qu’il était important de rétablir.
  13. Gildas, De excidio Britanniæ, cap. xvii
  14. Essai sur l’histoire de Fr. p. 2.
  15. L’illustre écrivain ne s’est pas souvenu de l’Armorique.
  16. Wortigern n’est pas un nom propre, mais le titre d’une dignité ; Mor ou Wor, grand ; ighern, ou tiern, chef, roi.
  17. Chronique saxonne, p. 15.