La Carrière amoureuse/Mlle Jeanne Marais

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Mlle JEANNE MARAIS


Je pense que la caractéristique de l’actuelle production littéraire est la précocité des auteurs. En ceci, nos « consœurs » nous laissent loin derrière elles, nous autres représentants du sexe qui était autrefois tenu pour fort. Mlle Jeanne Marais est, elle-même, parmi les femmes, une manière de prodige. Née le 12 février 1890 — à Paris — n’a-t-elle pas publié, dès 1911, son premier roman, la Carrière amoureuse que nous donnons ici, « livre gentiment cynique », ainsi que l’écrivait M. G. Pawiowski, et qui est si caractéristique de la manière de son auteur.

Suivirent, en 1912, Nicole courtisane ; en 1913, la Maison Pascal, dont le sujet est… audacieux, et les Trois nuits de Don Juan en 1913, le Huitième péché et enfin Amitié allemande, parue moins de deux mois avant la guerre, où est étudié le caractère tudesque et où en est démontré la fausseté. Ainsi à vingt-quatre ans, Mlle Jeanne Marais avait publié six romans. Or ces romans montrent du talent et de l’originalité. Tout récemment est sorti. Pour le Bon Motif (roman.)

Avec ses chauds yeux noirs et ses lourdes torsades brunes qu’elle coiffe en masse sur ses oreilles, Mlle Jeanne Marais a figure d’une héroïne romanesque. Mais ses livres ne sont en rien les fils d’un tel physique. On a dit d’elle qu’ils rappelaient ces œuvres des célèbres conteurs du xviiie siècle : d’un Restif de la Bretonne, d’un Crébillon fils. Et, de fait, ils sont très vifs ; mais leur auteur ne craint pas la chose, elle a le bon goût d’éviter le mot. Elle est hardie, elle n’est pas grossière.

Mlle Jeanne Marais a fait des vers, notamment un acte, l’Heure galante, qui fut joué en 1912, et elle a, durant quatre années, collaboré au Petit Journal.