La Chambre ancienne (Valère Gille)

La bibliothèque libre.
Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 100).


La Chambre ancienne


 
Ce serait une salle assombrie, où, parmi
Les meubles effacés, rêverait le silence
Aux lointaines clartés de ces jours de vaillance.
Mais tout est mort, tout est fané, tout endormi.

Et les yeux alanguis de songes à demi
Se closent ; ô la triste et douce somnolence !
Et voir mourir les vieux vitraux pleins d’opulence,
Et les glaives où plus un reflet n’a frémi !

Et l’ombre bleue attriste encor les rêveries
Qui traînent dans les plis des lourdes draperies
Où dorment les secrets qui ne peuvent mourir.

Ô la peur de penser qui réveille les âmes
D’un passé glorieux, et ce vague souffrir
D’un ciel agonisant dans des lointains de flammes !