La Chanson d’Ève/Ô mer splendide

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Société du Mercure de France (p. 120-121).

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Ô mer splendide de clarté qui chantes
Autour du paradis,
Du Levant pâle au fulgurant Midi,
Du Nord de nacre au Couchant qui résonne
De sons de pourpre ;

Mer dont l’immense baiser radieux,
Dès le jour qui se lève,
Est sur mes lèvres,
Et dont le rire est dans mes yeux ;

Ô mer, dont les houles
Dans les vagues des airs s’achèvent et roulent
Et chantent à travers
Les arbres et les fleurs ;


Ô mer, toute de vagues ailée,
Me voici, comme toi, frémissante et nue
Pâle, et soulevée
De la terre, à la voix inconnue
D’une blanche Beauté,
D’une Force qui passe,
Pure et sereine, dans l’espace.

Ô mer, me voici comme
Ton éternel frisson même,
Et ton âme ;
J’aspire ton murmure, je t’odore et te sens,
Ton souffle est dans mon souffle, et tes flots dans mon sang.